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Bernard Mounier & Tristan Auer

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Avec l’Hôtel de Crillon, Bernard Mounier, directeur général délégué de Bouygues Construction Bâtiment France Europe, et Tristan Auer, architecte d’intérieur éclectique, installent le palace parisien dans le XXIe siècle. Impressions croisées sur un chantier d’exception entre patrimoine et modernité.

Photos : Margaux Demaria pour in interiors

MYTHE

Tristan Auer : Pour me saisir de l’Hôtel de Crillon, j’ai à la fois écouté ce que le bâtiment pouvait dire et rencontré ses résidents pour savoir ce à quoi ils aspiraient. Et, ne surtout pas gâcher leurs souvenirs. Rester humble. L’identité même de ce lieu rare a été la base de mon travail. Cet hôtel incarne le savoir-faire, l’art d’être et l’art de vivre à la française. Cet objet iconique n’avait pas été retouché depuis longtemps. La mission de le faire entrer dans la vie moderne était délicate.

Bernard Mounier : Chaque palace à une histoire singulière et cultive sa différence. Au Ritz, la feuille de route consistait à moderniser les espaces sans les transformer. Les clients ne devaient pas percevoir le changement. L’Hôtel de Crillon a aussi sa façade et ses salons classés donnant sur la place de la Concorde, à la différence qu’ici, la clientèle (re)découvre un lieu nouveau. Notre client souhaitait mêler patrimoine historique et XXIe siècle, et nous a fait une totale confiance pour la restructuration.

« Tous ceux qui ont œuvré à la réussite de l'Hôtel de Crillon partageaient le même sentiment : écrire un nouveau chapitre de son histoire »


— Tristan Auer

INSPIRATIONS

TA : Mes sources d’inspirations restent personnelles… un magma intime. Mais ici, pour autant, on ne rentre pas chez Tristan Auer. J’ai préféré imaginer une histoire sur mesure que chaque client peut se raconter tout au long de la journée. L’hôtellerie est en pleine mutation et les palaces ne peuvent y échapper. Une petite entité comme la mienne est là pour les faire évoluer et introduire le sens du résidentiel, dans la suite du mouvement initié par Philippe Starck il y a vingt ans avec le modèle du boutique-hôtel.

BM : J’ai un profond respect pour Tristan Auer, car il sait faire ce que nous ne savons pas faire. Il ne faut pas se tromper de métier. Bouygues Bâtiment Île-de-France – Rénovation Privée ne revendique pas la capacité créative. Si nous pouvons nous appuyer sur Studio Iéna – notre service dédié à l’architecture d’intérieure, interface avec le maître d’œuvre –, les architectes d’intérieur et designers sont libres de créer sans être assujettis à des contraintes techniques ou temporelles.

CHEF D’ORCHESTRE

TA : Toutes les personnes qui ont œuvré à la réussite de l’Hôtel de Crillon partageaient le même sentiment : écrire un nouveau chapitre de son histoire. Le génie, c’est d’avoir l’envie de faire les choses. Tout au long du chantier, aucune résistance ne m’a été opposée. La rencontre avec Bernard Mounier et ses équipes a eu lieu dès le début du projet. En véritable partenaire, Bouygues Bâtiment Île-de-France – Rénovation Privée m’a apporté sécurité et confort. Et surtout une confiance totale : ils m’ont garanti une réalisation parfaite. Et, pourtant… la tâche se révélait complexe : chaque élément de mobilier et de décoration dessiné pour cet hôtel est unique.

BM : Nous avons été le chef d’orchestre entre les architectes d’intérieur et les quelque 250 artisans. Nous avons coordonné leurs interventions de manière à ce que le chantier se déroule dans les meilleures conditions – et avec pour objectif de tenir les délais. Nous avons été soucieux de laisser le choix et le temps nécessaire à Tristan Auer et aux autres décorateurs d’imaginer le renouveau des lieux. Avec eux, nous avons eu l’exigence du résultat final en dépit d’un temps imparti de 41 mois. Pour ce faire, Bouygues Bâtiment Île-de-France – Rénovation Privée s’est appuyé sur une équipe totalisant 20 ans d’expérience avec, entre autres, les rénovations de l’Hôtel Barrière Le Fouquet’s, de la Piscine Molitor, du Shangri-La Hotel… En parallèle, notre entité dispose d’une force de frappe majeure : la capacité de fédérer les meilleures entreprises, artisans et métiers d’art de la place. Sans eux, rien n’aurait pu se matérialiser. La rénovation de l’Hôtel de Crillon s’apparente à de la haute couture dans laquelle on touche le domaine de l’exceptionnel.

« La rénovation de l'Hôtel de Crillon s'apparente 
à de la haute couture dans laquelle on touche 
le domaine de l'exceptionnel »


— Bernard Mounier

PALACE

TA : Aujourd’hui, un palace est synonyme de tous les possibles. Venir à l’Hôtel de Crillon, c’est pour les touristes avoir sa résidence au cœur de Paris, place de la Concorde, se sentir unique. Mais, c’est aussi prendre un verre au bar des Ambassadeurs à l’entrée où se sustenter à la brasserie d’Aumont ouverts aux Parisiens.

BM : L’hôtel de Crillon mélange de manière subtile différents styles. Il n’a rien de monolithique. Contrairement aux grands hôtels dans le monde, ce palace exalte un savoir-faire français unique et sur mesure, et invite visiteurs et résidents à franchir le seuil d’une grande maison intimiste et chaleureuse.