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Quand la biophilie arrive en ville…

L’attrait inné de l’homme pour la nature porte un nom : la biophilie. Éclairages sur un concept qui a émergé aux États-Unis dans les années 1980 et son impact dans le domaine de l’aménagement.

1984

Titre du roman de science-fiction de George Orwell, bien sûr, mais aussi année où Edward O. Wilson – considéré comme l’un des pères de la notion de biodiversité – avance le concept de biophilie. En forgeant ce terme à partir des racines grecques bio (« la vie ») et phile (« qui aime »), le biologiste américain énonce l’idée de la permanence depuis l’origine de l’homme de son lien avec la nature. Et, en conséquence, de son besoin intrinsèque d’être continuellement connecté à celle-ci. Des études étayent ses propos en révélant que les individus imaginent le plus souvent des caractéristiques non urbaines comme la verdure pour décrire leur ville idéale et, en parallèle, des travaux démontrent que cette connexion permet à l’homme de s’adapter à son environnement en favorisant ses performances cognitives et la diminution du stress. D’où l’émergence du design biophilique.

Design

Si la biophilie tend à réintroduire la nature dans un environnement construit, le design biophilique ne se réduit pas aux seules dimensions végétale et esthétique. Il vise à éveiller les cinq sens de l’humain en recréant les ambiances et les ressentis de la nature avec des éléments naturels vivants et ses formes dérivées. Comment un aménagement intérieur ou extérieur, par l’intermédiaire de formes architecturales, de matériaux, de lumière, de végétaux, de bruits, d’eau… peut-il offrir un écosystème reconnecté à la nature ? Terrapin Bright Green, cabinet américain de consulting engagé dans l’amélioration de l’environnement humain, énumère 14 principes, structurés en trois catégories, à prendre en considération lors de la conception d’espace.

Liens

La première, baptisée « la nature dans l’espace » préconise la présence directe et en évolution de la nature dans un lieu : une vue sur la nature, la présence de murs végétaux, de plantes, de variabilités thermiques, l’éveil des autres sens (bruit de l’eau, d’oiseaux, un plancher en bois pour le toucher…). Les préconisations d’Edward O. Wilson classées dans la catégorie « les analogies naturelles » permettent, quant à elles, d’évoquer la nature à travers des objets, matériaux, couleurs, formes, structures, etc. qui y font référence. Enfin, « la nature de l’espace » tend à reproduire les configurations spatiales observées dans la nature. Des perspectives, des refuges tels que des pièces pour s’isoler ou des coins lecture, mais aussi des vues cachées constituent autant de pistes d’aménagement (voir page suivante).

« La biophilie est une réponse nécessaire pour reconnecter les occupants avec le vivant dans des lieux artificialisés, avance Pierre Darmet, secrétaire fondateur du Conseil international biodiversité et immobilier (Cibi). Au-delà du greenwashing et de l’effet de mode qui seraient dévastateurs, il s’inscrit dans une tendance de fond inéluctable. » Avec la biophilie, nous ne sommes plus dans la science-fiction ni dans le roman d’anticipation.