Haut

Les usages du bureau de demain : flexibilité, réversibilité et bien-être

Illustration : © Jacob Lund / Adobe Stock 

Le travail aujourd’hui revêt de nouvelles formes : plus nomade, plus connecté, plus digital, plus collaboratif, plus d’attention portée à la qualité de vie au travail des salariés (QVT). Cette transformation sociétale détermine l’espace de travail et donc son « enveloppe », l’immeuble de bureau. Ce dernier doit s’adapter dès sa conception, au plus près des besoins et préoccupations des entreprises et de ses occupants pour soutenir leurs mutations et bien-être. Que ce soit pour les propriétaires ou les utilisateurs, les priorités sont en train d’évoluer, les attentes des uns modifiants les réponses des autres.

L’enjeu majeur pour les entreprises aujourd’hui, c’est le besoin de flexibilité. L’évolution rapide des modes de travail impose aux entreprises à ne pas investir trop lourdement dans les aménagements afin de pouvoir en changer plus souvent. En effet, face aux effectifs fluctuants (réduction ou croissance des effectifs, déménagements) et à des organisations en mouvement, les espaces doivent être hybrides, multi-usages et réversibles. En aménagement, cela se traduit par la recherche de solutions facilement modulables et permettant de varier les possibilités de conditions de travail. L’enjeu est alors de définir des caractéristiques d’immeubles qui permettront d’accepter une combinaison d’aménagements différents et qui peuvent non seulement s’adapter à chaque utilisateur mais aussi aux évolutions de chacun des occupants dans une logique d’espaces reconfigurables presque en temps réel. On observe aussi un besoin de plus en plus fort de la part des utilisateurs de disposer de grands espaces communautaires multi-usages et protéiformes : le RIE devient un lieu polyvalent et connecté qui n’est plus seulement réservé au déjeuner et se transforme en un espace de rassemblement pour un événement ou tout simplement en espace de travail, les salles de conférence devenant une agora avec gradins pour faciliter les échanges et les usages.

La flexibilité et la mutabilité des usages des espaces de travail permettent une rapidité de mise en œuvre et une meilleure maîtrise des coûts. Face à une pression accrue sur les valeurs locatives, chaque surface est valorisée en devenant utilisable tout au long de la journée.

Le second enjeu, c’est d’offrir aux utilisateurs des espaces qualitatifs qui vont améliorer la productivité, favoriser la qualité de vie au travail, attirer et retenir les talents.
Par exemple, les espaces verts et espaces extérieurs d’agrément mutent pour devenir des espaces de travail alternatifs (salles de réunion ouvertes sur l’extérieur), des espaces supports du développement de la biodiversité (ruche urbaines, nichoirs, potager urbain, végétalisation des espaces), répondant ainsi aux politiques RSE des entreprises. La proportion d’espaces de cette nature augmente très sensiblement pour devenir une réelle extension des surfaces traditionnelles offertes.

Ainsi, l’avenir de l’immeuble est de proposer des espaces hybrides et performants, de penser l’immeuble au service de l’usager : le « building as a service ». L’économie de partage et de service impacte aussi l’immobilier de bureau : pour les propriétaires, cela consiste à ne plus vendre seulement un ouvrage mais ses usages présents et futurs ; on loue son immeuble et les services associés. À l’image des espaces de coworking qui poussent la logique jusqu’au bout. Ces espaces communs cherchent à multiplier les utilisations possibles en ajoutant à l’offre immobilière une offre de service (restauration, salle de sport, conciergerie, pressing, etc.). Les entreprises ont bien compris que ce pouvait être un fort facteur de rétention et d’attraction des talents et elles n’hésitent pas à rechercher ou intégrer ce type de services dans leurs immobiliers.

Point de vue de Jean-Jacques Moreau, directeur Tenant Knowledge, Colliers International France

© D.R.