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Comment les environnements de travail soutiennent la QVT ?

Photo : L’espace de coworking Wellio gare de Lyon aménagé par Colliers International France. © Colliers International France

 

De plus en plus d’entreprises portent une attention particulière au sujet de la qualité de vie au travail (QVT) et l’abordent à la fois sous l’angle du confort (bruit, luminosité, air, etc.) et sous un angle plus organisationnel (processus, outils, services aux collaborateurs, etc.). L’environnement de travail est indéniablement un levier fort d’amélioration de la QVT, l’espace dans lequel évolue une équipe ayant un effet direct sur sa productivité et sa motivation. Ainsi, il ne s’agit plus d’opposer performance, aménagement et préservation de la santé, mais de mieux articuler ces dimensions au sein de l’immeuble de bureaux. En effet, la démarche d’amélioration de la QVT doit se détacher des visions stéréotypées et standardisées qui existent sur le sujet pour ne pas passer à côté de son objectif : améliorer la qualité de travail de l’usager.

 

Si de plus en plus d’entreprises favorisent les espaces d’échanges et de rencontres dans leurs projets d’aménagements pour répondre à un besoin de cohésion des équipes et de  convivialité, élément indispensable à la QVT, il ne faut cependant pas négliger les « basiques » : lorsqu’ils sont interrogés sur la qualité de leur environnement de travail, les collaborateurs positionnent systématiquement le contrôle de la température, le niveau sonore et la lumière naturelle comme trois éléments fondamentaux à leurs yeux. Bien que souvent invisibles ou peu « design », leur traitement est essentiel. La QVT n’est pas seulement de la « cosmétique » mais bien le résultat d’une compréhension fine des usages. Les saupoudrages superficiels nés de l’influence des start-up ne suffisent pas à fidéliser les salariés et améliorer leur bien-être, n’en déplaise aux amateurs de baby-foot.

 

Autre élément fondamental, l’ergonomie et la posture au travail doivent être appréhendées de façon globale à travers une meilleure adaptation de l’environnement de travail aux usages et au travail des collaborateurs, afin que l’organisation des espaces soutiennent au mieux l’activité des salariés.  L’ergonomie ne se résume pas au choix d’un mobilier confortable mais permet la définition de principes généraux d’aménagement offrant des zones ou des espaces sur mesure, différenciés en fonction des besoins ou des préférences des collaborateurs. C’est à l’environnement de travail de s’adapter aux activités, mais aussi aux rythmes de vie des collaborateurs qui attendent de leurs organisations qu’elles leurs offrent les conditions pour concilier facilement leur vie professionnelle et leur vie privée. Il s’agit de donner à chaque collaborateur les moyens d’agir pour améliorer son travail et, par ricochet, faire progresser les performances de l’entreprise.

 

Et dans un contexte où le travail est de plus en plus nomade – télétravail qui concerne aujourd’hui 29 % des salariés, selon l’enquête Ifop menée en 2018 pour Le Comptoir de la nouvelle entreprise Malakoff Médéric Humanis –, l’enjeu est donc la performance des outils et équipements digitaux qui se doivent d’être à la hauteur des besoins de collaboration à distance. En ce sens, l’Accord national interprofessionnel de la qualité de vie au travail (l’ANI) précise que « les technologies de l’information et de la communication (utilisation de la messagerie électronique, ordinateurs portables, téléphonie mobile et smartphones) font aujourd’hui de plus en plus partie intégrante de l’environnement de travail et sont indispensables au fonctionnement de l’entreprise. Elles doivent se concevoir comme un outil facilitant le travail des salariés ». Repenser les modes et moyens de collaboration, offrir aux collaborateurs des conditions de travail adéquates font parties intégrantes des réflexions et actions à mener au sein des organisations pour améliorer la QVT.

Il est intéressant de noter que la QVT implique de s’intéresser à l’espace physique, aux outils mis à disposition, mais ne renvoie pas uniquement à des mesures isolées visant à améliorer le simple confort du salarié sur son lieu de travail. Il ne peut pas être décorrélé d’autres aspects, tels que l’engagement et les conditions managériales, et correspond à une démarche globale et stratégique, pensée à l’échelle de l’entreprise.

 

En effet, les évolutions des modes de travail et leurs retranscriptions en matière d’aménagements rendent nécessaire l’implication des utilisateurs dans le processus de conception, dans un esprit de coconstruction, pour que le projet ait du sens pour tous. D’après notre étude parue en 2018 intitulée « Flex office, du fantasme à la réalité », l’implication des collaborateurs au projet est un facteur très important pour garantir une meilleure satisfaction globale vis-à-vis de leur (futur) environnement de travail : 79 % se disent satisfaits, contre 46 % lorsque aucune démarche de consultation n’a été initiée. L’environnement de travail peut favoriser l’engagement individuel et collectif lorsque ce dernier est bien pris en compte par le management avec à la clé : assiduité, motivation, productivité, créativité, fierté d’appartenance… De plus en plus d’organisations font le choix de faire de ce type de projet de transformation un véritable projet d’entreprise porté par la direction, mais en tenant compte des besoins, attentes des collaborateurs afin que chacun puisse comprendre et intégrer le sens donné au projet. Le management a un rôle clé en ce sens qu’en qualité de relai de la politique d’entreprise, il informe, organise, accompagne les collaborateurs avant, pendant et après le projet.

 

Chaque structure doit trouver son propre équilibre, mettre en place une démarche QVT adaptée à ses enjeux, à ses besoins et à son rythme et en traitant l’ensemble des facteurs d’améliorations d’une meilleure qualité de vie au travail qui vont de l’ergonomie de l’espace de travail au sens large, aux pratiques managériales en passant par l’équité et l’intégration.

 

Point de vue d’Audrey Abitan, responsable R&D, Sébastien Métayer, consultant, et Frédérique Miriel, directrice du département conseil en environnement de travail et accompagnement au changement, Colliers International France

Audrey Abitan © Colliers International France

Sébastien Métayer © Colliers International France

Frédérique Miriel © Colliers International France