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Dans la vraie vie

Olafur Eliasson (b.1967)

Stardust particle

2014
Stainless steel, translucent mirror-filter glass, wire, motor, spotlight Ø 1760 mm
Tate
Photo : Jens Ziehe, 2017
© 2014 Olafur Eliasson

L’incontournable artiste islando-danois Olafur Eliasson revient aujourd’hui à la Tate Modern avec une trentaine d’installations explorant les rapports entre nature, lumière et technologie. Après la reconnaissance internationale en 2003 de son Soleil ainsi surnommé, sa rétrospective « In real life » retrace à Londres la réalité de son univers.

Le travail sur trois décennies de cet inventeur infatigable fait l’objet d’une exposition – organisée en étroite collaboration avec le Studio Olafur Eliasson – jusqu’en janvier prochain à la Tate Modern avant de rejoindre le Guggenheim Bilbao en février 2020. Alors qu’en 2003 avec « The weather project », les visiteurs s’allongeaient sur le sol du grand hall des turbines pour contempler la monumentale reconstitution d’un coucher de soleil, aujourd’hui ils découvrent la mise en perspective des recherches de cet artiste né en 1967. Issues du Land Art, ses installations se distinguent par la mise en évidence de phénomènes naturels au cœur des bâtiments ou des villes. Jouant sur les effets de lumière, les variations de température, la densité de l’air, ses œuvres sont avant tout des expériences sensorielles : « En tant qu’artiste, je veux voir une exposition aussi par l’intermédiaire de mon corps. En art, on comprend physiquement ce qui arrive, sans passer par les mots. »

 

 Mirages naturels

L’exposition présente les premières recherches d’Olafur Eliasson sur l’espace, le mouvement et les phénomènes naturels – comme Moss Wall (1994), mettant en vedette le lichen originaire de sa patrie, l’Islande – ainsi que des installations autour de la lumière, la couleur, et la participation qui caractérisent son travail aujourd’hui – comme Stardust Particle (2014). D’autres installations, telles que Your Spiral View (2002), Your Incertain Shadow (2010) ou Cold Wind Sphere, jouent entre ombres et reflets sur notre façon de percevoir le monde. Révélant les mécanismes qui les sous-tendent, ses œuvres nous invitent à plonger dans de nouvelles expériences immersives où chacun « se voit soi-même ressentir », principe fondamental de l’artiste.

 

Collaboratif et engagé

Déplorant un « manque de savoir-faire en matière de rapports humains pour se connecter les uns aux autres », Eliasson espère stimuler notre conscience humaine et environnementale. Un engagement qui se traduit à travers sa Little Sun Foundation pour sensibiliser à l’accès à l’éclairage et aider ceux qui n’y ont pas accès soit plus de 1 milliard de personnes. Au cœur de son travail, la lumière devient pour lui un enjeu architectural comme le démontre le « Fjordenhus », récemment achevé au Danemark avec ses quatre silos sculpturaux constitués de 970 000 briques aux nuances différentes. Premier édifice entièrement dessiné par l’artiste, ce nouveau siège pour la société d’investissement Kirk Kapital, a été pour lui l’occasion de « mêler véritablement art et architecture dans un bâtiment organique qui répond aux flux et reflux des marées, au miroitement de la surface du fjord, et aux qualités éphémères de la lumière du jour au fil des heures et de l’année ». 

Bel hommage londonien à cet artiste engagé comme à son équipe pluridisciplinaire de plus de 90 personnes (artisans, architectes, techniciens spécialisés, historiens de l’art…) qui collaborent au sein de son immense atelier laboratoire de Berlin. À ne pas rater.

 

Olafur Eliasson: In real life, 11 juillet 2019-5 janvier 2020, Tate Modern, Londres