Haut

Les Galeries Lafayette, une histoire moderne

Visuel d’illustration : © Matthieu Salvaing

Théophile Bader, fondateur des Galeries Lafayette, projetait en 1927 de construire à l’angle de l’avenue des Champs-Élysées et de la rue La Boétie un lieu hybride à mi-chemin entre le commerce, les services et le divertissement, mais la crise l’a contraint à céder l’emplacement à la First National City Bank. Un siècle plus tard, ses héritiers ont concrétisé sa vision avec les Galeries Lafayette Champs-Élysées, où l’enseigne entend revoir ses codes.

« Nous avons voulu repenser le modèle du grand magasin selon le format du concept store, avance Nicolas Houzé, directeur général des Galeries Lafayette et du BHV Marais. Ce nouveau magasin a été pensé pour être un “laboratoire du commerce” et change en profondeur la relation de notre marque avec ses clients, ses partenaires et ses collaborateurs. » Pour s’assurer de proposer un espace inédit, l’enseigne et sa foncière Citynove ont fait appel à Philippe Chiambaretta pour le bâtiment et des architectes néophytes dans l’univers du commerce, le danois Bjarke Ingels et son cabinet BIG (Bjarke Ingels Group) pour concevoir l’intérieur. Leur mission : projeter le bâtiment de style Art déco dans le commerce du XXIe siècle. 

Dans un dialogue entre le patrimoine et les nouvelles tendances, BIG a intégré à l’atrium, héritage de son passé bancaire fait de marbre et de dorures, un escalier monumental, un tunnel d’entrée immersif, des boîtes de verre suspendues ainsi qu’un escalier podium entièrement vitré. Le shopping s’articule autour de ce noyau, sur des plateaux résolument contemporains. « Le cœur historique crée une identité forte, mais chaque pièce a sa propre organisation et son atmosphère, dans une discussion entre histoire et modernité, mais aussi entre mobilier et architecture », explique Bjarke Ingels. L’architecte a choisi de ne rien ajouter à l’immeuble, mais plutôt d’épurer les espaces en misant avant tout sur le mobilier et l’aménagement pour les mettre en scène. Les chaussures sont par exemple présentées sur une sorte de tapis volant, pensé comme un banc où les clients viendraient s’assoir, alors que les lunettes de soleil sont installées dans une « grotte » née de l’agencement d’environ 1 200 boîtes de fibre de verre. « Au fil de leur déambulation dans le magasin, les visiteurs vont pouvoir découvrir des éléments historiques réinterprétés et déployés de façon contemporaine, conclut l’architecte. Au-delà de leur fonction commerciale, l’urbanisme est désormais une composante essentielle de la mission des Galeries Lafayette, en proposant des espaces très innovants dans lesquels les gens peuvent vivre et se distraire. »

 

© Matthieu Salvaing