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À la rencontre de Frank Zorn et Benjamin Teboul, Deskeo : la flexibilité pour leitmotiv

Deskeo, opérateur de bureaux flexibles avec services, est né en 2016 d’une rencontre entre Frank Zorn, serial-entrepreneur de 40 ans, et Benjamin Teboul, alors âgé de 33 ans, qui avait fait ses premières armes dans l’immobilier.

Benjamin Teboul a suivi une formation en commerce et débuté une carrière en tant que marchand de biens avant de prendre la gérance d’une foncière immobilière. « J’étais principalement là pour prendre du risque sur des actifs vacants. Mon rôle était de les remplir et ensuite de les revendre comme des produits financiers », explique-t-il. Sa dernière opération : transformer deux immeubles de bureaux en hôtels. Poussé par l’envie d’entreprendre, il demande conseil à Frank Zorn quant à l’usage à leur attribuer avant transformation. Les deux hommes se sont rencontrés quelques années plus tôt, au moment où Frank Zorn a voulu implanter en France sa plate-forme de coupons de réduction CityDeal. Ayant alors très peu de visibilité sur la croissance de son entreprise, l’homme d’affaires d’origine berlinoise s’adresse à Benjamin Teboul pour demander conseil. « Je ne voulais pas m’engager sur le long terme. Il m’a proposé plusieurs options afin de répondre à ce besoin de flexibilité que ne propose pas un bail traditionnel », se rappelle-t-il. Une souplesse parfaitement adaptée à l’entreprise qui, en deux ans, passera de 0 à 700 collaborateurs et déménagera trois fois.

Proposer une offre clé en main

Lorsqu’ils se retrouvent en 2016 pour réfléchir ensemble à la valorisation de ces deux immeubles de bureaux vacants, leur première idée est de les louer à un centre de coworking. Mais ils se ravisent : « Pourquoi ne pas le faire nous-même en fonds propres ? » Le défi est lancé : « Ces deux immeubles seront l’occasion de tester le modèle en proposant une offre clé en main. » Deskeo est créé. « Aujourd’hui, avec le digital et la mondialisation, les entreprises évoluent très vite. Il peut arriver que le temps de louer, de s’installer, le nombre de collaborateurs augmente considérablement, ou au contraire, que l’entreprise disparaisse parce que les cycles, en raison de la concurrence, vont beaucoup plus vite », explique Frank Zorn. Les deux cofondateurs, en toute connaissance du marché, cherchent donc à combler un manque auquel ni les propriétaires d’immeubles tertiaires ni le coworking ne répondent.

Comme le coworking, cette société se sert de la flexibilité et du service pour répondre à l’agilité des entreprises. Mais plutôt que d’opérer sous sa marque, elle propose aux structures de 20 à 1 000 collaborateurs des espaces de travail personnalisés, qui reflètent leur organisation, leur culture et leur image de marque. « Au-delà de 15 salariés, les entreprises veulent occuper leurs propres bureaux afin de mettre en avant leurs valeurs, leur identité, leur charte graphique à travers l’aménagement », souligne Frank Zorn.

Depuis 2016, l’offre clé en main de Deskeo s’est précisée : pas de bail, mais des contrats de prestation de services de six mois à six ans. Devenue un acteur majeur du bureau flexible en France avec 75 000 m2 de bureaux et des centaines de clients entre Paris et Lyon, l’entreprise intègre le groupe Knotel en 2019, leader mondial des bureaux flexibles avec un parc immobilier de près de 500 000 m2 dans le monde (États-Unis, Brésil, Royaume-Uni, Japon…). Elle a su séduire différents types d’entreprises en termes de taille, en proposant pour chacune d’elles une offre « à la carte ». Très différentes, les deux dernières réalisations de Deskeo ne dérogent pas à la règle : l’une pour Messika, un joaillier de luxe, avec des bureaux relativement fonctionnels et efficaces, et l’autre pour Alvarez & Marsal, cabinet de conseil en transformation d’entreprises et en restructuration positive, avec des espaces plus conviviaux.

La flexibilité pour préparer l’avenir

La pandémie du coronavirus, depuis, est passée par là. L’expérience massive du télétravail qu’elle a imposée aura un impact durable sur l’immobilier tertiaire, les deux cofondateurs en sont convaincus. Selon eux, l’aménagement des bureaux devra être particulièrement convivial pour que les collaborateurs s’y sentent bien. Les espaces de travail devront apporter une réelle valeur ajoutée par rapport aux espaces résidentiels des télétravailleurs. Sur leur lieu de travail, ces derniers rechercheront davantage un espace d’échanges et d’interactions avec les autres collaborateurs. « Ce sera l’essence même du bureau. Il représentera un levier important pour que les collaborateurs aient envie de se déplacer. »

À la différence des opérateurs de coworking directement impactés par la crise sanitaire de par leurs contrats sans engagement, Deskeo traverse l’épisode Covid-19 la tête haute. « Des centaines d’entreprises nous ont contactés ces dernières semaines pour se renseigner sur nos solutions flexibles afin de préparer l’avenir », confie Frank Zorn. Beaucoup d’entrepreneurs s’interrogent sur les effets combinés de la crise et du télétravail sur leurs espaces de travail à long terme. « Les entreprises sont perdues, elles ne savent plus de quelle surface elles ont besoin pour leurs équipes. Nous avons la connaissance pour les accompagner dans cette réflexion », ajoute Benjamin Teboul. « Une chose est sûre, en période de crise, les dirigeants vont chercher à se protéger en réduisant les durées d’engagement et le montant des investissements. Deux piliers sur lesquels nous avons construit notre offre », conclut-il.