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Anne-Laure visite… Maison&Objet version digitale

La Paris Design Week bat son plein… Toutefois, ce qui aurait dû être le grand RDV biannuel du design, du lifestyle et de la décoration, est pour l’heure un salon digital, le premier du genre. Covid oblige, Maison&Objet s’est adapté et propose, à défaut de la grand-messe de Villepinte, la Digital Fair, une version complètement digitale du 4 au 18 septembre 2020.

Vivre Maison&Objet à travers un écran, voilà qui est certes nécessaire, novateur aussi, mais probablement un peu déstabilisant. Alors que nous réserve cette édition placée sous le thème (Re)Génération ? Comment l’appréhender ? Maison&Objet septembre 2020 ou comment s’inspirer en cliquant.

 

C’est donc seule face à mon écran (versus 80 000 visiteurs) que je m’apprête à parcourir le site Maison&Objet (versus les 115 000 m² d’exposition de Villepinte), ses digital showrooms et ses talks. La visite s’annonce d’emblée plus calme.

En manque de scénographie

On ne va pas se mentir, c’est évidemment le grand regret. Pour moi, Maison&Objet est un salon d’émotions avant tout. Certes, les digital showrooms ont l’avantage d’être pratiques et de donner une vue d’ensemble intéressante, mais ils ne peuvent concurrencer les mises en scène grandioses et/ou immersives de Sempre, par exemple, Maison de vacances, ou encore Ethnicraft.

Toucher, sentir, flâner dans les allées, parler avec un créateur, découvrir un nouveau concept, un nouveau produit sont autant de sensations qui font défaut. Comment, dans ces conditions, dénicher LE produit waouh ? Trouver l’inspiration ? Réponse : via 600 pages de showroom virtuel !

Tapis mural de Sara Pereira Atelier. © DR

De clic en clic, quelques coups de cœur émanent tout de même… Les tapis muraux de Sara Pereira Atelier, l’art de la table du label de design écoresponsable Take Caire, les lignes épurées du mobilier Hübsch ou encore les bougeoirs en albâtre de Maison Zoe.

Pour cette édition spéciale, il aura donc fallu, pour les marques, surprendre davantage avec les produits et les nouveautés proposés qu’avec une scénographie impactâtes. Et pour les visiteurs, s’armer de patience et surtout savoir ce qu’on veut, ce que l’on cherche… dans un contexte très particulier qu’heureusement les conférences sont toujours là pour décrypter !

Plus que jamais se poser des questions

Quinze jours de conférences… la férue des conférences Maison&Objet que je suis s’est régalée ! Habituée à ne passer qu’une journée sur le salon, cette édition m’a laissé le loisir d’« assister » à toutes celles qui m’inspiraient. Agence de tendances, designers, architectes, marques font la qualité de ces interventions qui analysent, décryptent les tendances et ouvrent des perspectives.
« Jeunes éditeurs au service d’un mobilier durable », « Le bureau de demain : un format hybride » ou bien « Anticiper les besoins des consommateurs post-Covid »… m’ont particulièrement interpellée. Des sujets directement liés aux nouvelles attentes en général et à celles des générations Y et X en particulier, cette fameuse cible, aussi engagée qu’augmentée selon Vincent Grégoire, directeur Insight chez Nelly Rodi. À ce sujet, ce dernier apporte un éclairage sur ces générations en rupture, aux paradoxes assumés, qui veulent du « less is more », du bien-être, de l’éthique, du local, du végétal et en même temps de l’ultraconnecté, du gaming, de l’innovation et du communautaire.

Pour faire passer les messages auprès de ce public, le designer Ramy Fischler remet, quant à lui, la design fiction au goût du jour, avec une minisérie de trois épisodes ayant pour vocation d’initier le questionnement sur notre quotidien de demain.

Modernastic, enchantement écologique, rurbans, cancel culture… sont autant de tendances mises en exergue lors de ces interventions et illustrées sur la Digital Fair par des teintes et matériaux plus organiques, des lignes toujours plus épurées, des textiles plus bruts.
En somme, aller puiser dans la nature inspiration et matières premières et les transformer de façon la plus respectueuse et artisanale possible semble tenir la corde.

 

Alors, Maison&Objet septembre 2020, mieux ou moins bien ? Différent je dirais. Moins « instagrammable » (15 400), moins spectaculaire, moins fatigante aussi, mais tout aussi inspirante et génératrice de projections. Avec le Covid, cette édition bouscule un peu plus encore les faits établis.

Sans comparer, il convient de prendre l’expérience pour ce qu’elle est… Une invitation à la réflexion, tout à fait en adéquation avec ce que nous impose la période.

© MOM

© MOM

Photo d’ouverture :  © Anne-Laure Alazard