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En mode « slow »

Prendre le temps, revenir à l’essentiel et privilégier la qualité plus que la quantité. Les principes majeurs du mouvement slow ont une résonance particulière ces derniers temps. Ralentir le rythme pour réduire le stress d’un mode de vie « moderne » et rapide trouve aujourd’hui écho chez certains convaincus et, depuis peu, chez d’autres, contraints et forcés par la situation actuelle.

Depuis quelques mois, le « slow » s’invite de plus en plus souvent à notre table, au bureau, à la maison et même dans nos projets de voyage. D’un mouvement est né un lifestyle et d’un lifestyle une offre de produits et services adaptée. Le « Less is more » est plus que jamais d’actualité. Moins de mobilier, moins de couleur, moins d’impact… pour plus d’espaces, plus de rencontres, plus d’efficacité et plus de bien-être. Le « slow » prône un désencombrement des espaces pour une charge mentale allégée et une prise de conscience de notre environnement et de notre empreinte. Comment cela se traduit-il concrètement ?

Le slow travel, centré sur l’humain, reconnecté à la nature, focalisé sur l’environnement.

 

Si cela est souvent considéré comme un luxe, « prendre le temps » est devenu un lifestyle. Le touriste « slow » privilégie la qualité de l’expérience à la quantité d’activités dont il profitera en un temps défini. Ce qui l’intéresse : Découvrir réellement une destination en s’immergeant dans sa culture, sa population, sa gastronomie, son histoire. Ainsi, voyager ne se résume pas juste à voir, mais davantage à connaître.

Parallèlement, s’il souhaite découvrir autrement, il aspire également à plus de sérénité et de bien-être. Contempler voire s’ennuyer, s’imprégner de ce et de ceux qui l’entourent, revenir à des activités plus simples et prendre soin de lui.

 

 

On voit se développer une offre slow d’hébergements qui proposent un rythme plus lent. En marge de l’offre de l’industrie de tourisme actuelle, ces établissements sortent des sentiers battus, même en milieu urbain. L’hôtel Hoy à Paris, par exemple, fait la promesse d’un lieu de vie autour du bien-être et propose entre autres des retraites axées sur le yoga. Cabanes rustiques ou glamping, l’hôtellerie de plein air connaît quant à elle une forte expansion répondant à une demande croissante. En Indre-et-Loire, les Loire Valley Lodges suggèrent une reconnexion à sa nature profonde avec des cabanes aussi perchées que luxueuses et des expériences aussi atypiques qu’apaisantes comme un vol en montgolfière ou des bains de forêt. Ce besoin de reconnexion avec la nature et soi-même s’étend aux activités. Spas et activités propices au lâcher-prise, telles la marche, la méditation ou le jeûne connaissent également un essor.

 

 

Ces touristes d’un nouveau genre prêtent de surcroît une attention particulière à l’empreinte environnementale que leurs loisirs occasionnent et entendent de plus en plus aller moins loin, mais plus près de la nature pour se retrouver.

 

Le slow office, désencombrement et rencontres

Au bureau, les adeptes du « slow » se montrent également en quête d’un environnement plus serein et plus sain. Circulation plus fluide, bâtiment plus vertueux, mobilier écoresponsable, le bureau doit pourvoir en outre favoriser les échanges entre collaborateurs et le développement de leur créativité. On ne cherche pas à faire plus, mais mieux, en se concentrant sur l’essentiel, notamment en valorisant les interactions. Cette évolution trouve d’ores et déjà une réponse chez les aménageurs et éditeurs de mobilier de bureau. Vitra, Haworth, Humanscale, pour ne citer qu’eux, proposent des collections répondant à ces besoins et s’engagent dans l’utilisation de matériaux toujours plus respectueux de l’environnement.

 

 

Quand il s’agit de recréer un environnement de travail chez soi, la démarche est identique. Garder l’utile, désencombrer, réorganiser et ranger. On fait « place nette » pour se concentrer sur l’essentiel.

Par ailleurs, le slow office est une invitation à la végétalisation des espaces. Source de productivité et de bien-être, mur végétal, potager d’entreprise, location de plantes ou cloison végétalisée se multiplient et intègrent progressivement l’espace de travail. Ce besoin général de biophilie amène à repenser les lieux de travail et les acteurs à s’engager davantage pour accompagner cette transition.

 

 

Le slow design, entre minimalisme et artisanat

Évidemment, ce nouveau mode de vie ne s’arrête pas aux portes du bureau, à plus forte raison ces derniers mois. On redécouvre son habitat, on l’aménage, on a envie de s’y sentir bien.

La course à l’accumulation n’est plus actuelle. Alors, on trie une fois de plus et on donne pour acheter mieux et se tourner vers des pièces de qualité, issues d’une fabrication éthique et responsable. Nombreux sont ceux qui adoptent cette démarche et souhaitent un design épuré, parfois même monacal.

 

 

Dans cette approche écoresponsable, l’upcycling et le marché de l’occasion s’inscrivent naturellement. Des marques comme Dizy ou le mouvement des Uper’s en ont fait leur fer de lance et s’attachent à redonner une seconde vie et donc une valeur marchande aux chutes ou produits mis au rebut. Table, assise, mobilier ou luminaire, ils proposent ainsi des solutions d’ameublement respectueuses des personnes et de l’environnement et néanmoins très esthétiques.

 

 

Par ailleurs, on ne peut évoquer le slow design sans parler d’artisanat. Le retour aux savoir-faire traditionnels et aux formes imparfaites va dans le sens d’une quête d’authenticité et de consommation locale. Laine, céramique, bois, les matières se veulent plus brutes et naturelles, les teintes plus sourdes et « organiques ». Modes de fabrication, provenance des matériaux et engagements environnementaux des marques sont des éléments déclencheurs de l’acte d’achat du consommacteur « slow ».

 

Minimalisme et slow living vont définitivement de pair. Couper avec un mode de vie éreintant et ce monde qui va trop vite constitue pour certains un moyen de promouvoir le bien-être des individus, de la société et de l’environnement. Pour l’heure, la situation actuelle donne une autre dimension au temps laissant l’opportunité à chacun de se le réapproprier.

Photos : 1, 2, 3, 4, 5, 6 : © Anne-Emmanuelle Thion ; 7 : © vitra ; 8, 9, 10 : © Brunner ; 11, 12 : © Dizy ; 13 : © DR