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Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal : Pritzker Prize 2021

Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal viennent d’être désignés lauréats du Pritzker Prize 2021, la plus haute distinction en matière d’architecture. Les architectes français sont de fervents défenseurs d’une architecture dévolue au bien-être du plus grand nombre dans des espaces généreux et écologiques réalisés avec des budgets modestes. « Leur travail, qui répond aux urgences climatiques et écologiques de notre temps autant qu’à ses urgences sociales, en particulier dans le domaine du logement urbain, redonne de la vigueur aux espoirs et aux rêves modernistes d’amélioration de la vie du plus grand nombre », a indiqué le jury dans un communiqué. Et d’ajouter : « Ils y parviennent grâce à un sens aigu de l’espace et des matériaux qui engendre une architecture aussi solide dans ses formes que dans ses convictions, aussi transparente dans son esthétique que dans son éthique. »

« Une bonne architecture est ouverte – ouverte à la vie, ouverte pour renforcer la liberté de chacun, où chacun peut faire ce qu’il a besoin de faire », déclare Anne Lacaton. « Elle ne doit pas être démonstrative ou imposante, mais elle doit être quelque chose de familier, d’utile et de beau, capable de soutenir tranquillement la vie qui s’y déroulera. » Pour y parvenir, les architectes Lacaton et Vassal privilégient la transformation et l’amélioration de logements existants en donnant la priorité à l’enrichissement de la vie humaine à travers le prisme de la générosité et de la liberté d’usage. Ce faisant, ils sont capables d’apporter à l’individu des bénéfices sociaux, écologiques et sociaux. Ainsi, par exemple, les architectes augmentent l’espace habitable de manière exponentielle et peu coûteuse, grâce à des jardins d’hiver et des balcons qui permettent aux habitants d’économiser l’énergie et d’accéder à la nature en toutes saisons.

 

La maison Latapie (Floirac, France, 1993) a été leur première application des technologies de serre pour installer un jardin d’hiver qui a permis d’agrandir la résidence des habitants malgré un budget modeste. Les panneaux rétractables et transparents en polycarbonate orientés à l’est, situés à l’arrière de la maison, permettent à la lumière naturelle d’éclairer l’ensemble de l’habitation, d’agrandir sa surface et de réguler la température intérieure.

Maison Lapatie. photo : courtesy of Philippe Ruault

À plus grande échelle, Lacaton et Vassal, aux côtés de Frédéric Druot, ont transformé la tour Bois le Prêtre (Paris 17e, 2011), construite au début des années 1960 et composée de 17 étages et de 96 logements. Les architectes ont augmenté la surface intérieure de chaque unité en supprimant la façade en béton d’origine et en ajoutant des extensions chauffées, jardins d’hiver et balcons bioclimatiques. Les salons, autrefois confinés au balcon, s’étendent désormais sur les nouvelles terrasses comme des espaces flexibles, avec de grandes fenêtres qui offrent une vue imprenable sur la ville. Les architectes ont ainsi réimaginé non seulement l’esthétique du logement social, mais aussi l’intention et les possibilités de ces communautés au sein de la ville.

 

Les précédents lauréats français du Pritzker Prize sont Jean Nouvel en 2008 et Christian de Portzamparc en 1994.

 

Tour Bois le Prêtre, logement social (avec Frédéric Druot). Photo : courtesy of Philippe Ruault

 

Photo en une : courtesy of Laurent Chalet