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(Aéro)gares ou l’attractivité des lieux de mobilité

Tel a été le thème développé par le Groupe ADP autour d’une table ronde le 15 avril dernier. Frappées de plein fouet par la pandémie, ces villes en soi, à usage toutefois quasi unique, sont désertées depuis plusieurs mois. Entre contraintes sécuritaires et sanitaires, à quoi ces immenses lieux qui attirent autant qu’ils repoussent, vont-ils ressembler demain ?

Aujourd’hui, réhabilitations et nouveaux projets sont l’occasion de faire évoluer en profondeur ces lieux de mobilité dans leur impact, leur usage et leur architecture. En effet, l’aéroport n’est plus un simple lieu où l’on prend l’avion, mais a vocation à devenir un hub dont il convient de repenser tant l’accès que les usages.

Intégrer l’aéroport dans le territoire

ADP a réuni ce 15 avril Jean-Christophe Mifsud, président de Rubix, Rafaël Ricote Gonzalez, responsable du département architecture d’ADP, Nathalie Roseau, directrice de recherche, et Romain Boursier, architecte urbaniste. De l’avis de tous, l’échelle retenue n’est plus l’aérogare seule, mais bien le territoire où elle se situe. La recherche d’un rapport optimisé à la ville et donc à l’usager se trouve désormais au cœur des projets.

Vaste, immense, ce monde en soi doit impérativement demain être relié, interconnecté, intégré au territoire et pour cela, le premier pas est d’en fluidifier l’accès. Désenclaver et envisager le lieu comme une continuité de la ville est un avis partagé par les participants. Viendra-t-on à vélo ou à pied à l’aéroport demain ? Pourquoi pas, mais pour l’heure, le concept régulièrement évoqué est celui du « porte à porte ». Plus proche, plus rapide, plus simple aussi.
Passer d’un espace à l’autre en toute fluidité sous-entend également la création d’un langage commun pour induire la continuité via des repères et non la rupture. Par ailleurs, diversifier les usages renforcerait l’attractivité et permettrait de compter, parmi les usagers, des voyageurs comme des riverains venus chercher un service ou un moment à l’instar des terrasses d’Orly dans les années 1960.
Finalement, gérer les impacts des différentes nuisances, dont les bruits, émissions et trafic, induites par les aérogares est également inévitable pour s’inscrire au sein de la ville.

Rendre l’environnement sensoriel

Comment ainsi rendre plus attractifs ces vastes lieux mono-usage quasi désertés depuis le début de la pandémie ? En diversifiant leur offre de services, en proposant de nouveaux usages et en procurant davantage de bien-être à leurs utilisateurs. Pour que les usagers adhèrent aux nouveaux lieux, urbanistes, architectes et équipementiers doivent intégrer dans leurs réflexions cette triple dimension.

Concevoir le lieu de mobilité comme un environnement sensoriel répond ainsi à plusieurs des problématiques. Souvent synonyme d’évasion, les aérogares peuvent parfois engendrer stress et angoisses. En ce sens, la dimension psychologique n’est pas à négliger. Ainsi, sanctuariser l’espace public semble une évidence pour évoluer en toute fluidité dans un lieu sain et rassurant. Une signalétique plus efficace pour se déplacer dans ces grands ensembles et ainsi gagner en fluidité de circulation est une première réponse. Réduire les nuisances notamment olfactives et auditives en est une autre. Rubix innove dans ce domaine en instaurant une indice de confort pour l’utilisateur. Son nez électronique permet, par exemple, de déceler très en amont ces nuisances pour les mesurer et intervenir plus rapidement. Par ailleurs, pour les usagers, particulièrement pour ceux en transit, respecter la chronobiologie via l’optimisation des sources de lumière naturelle ou artificielle et pilotée procure un confort indiscutable. Finalement, plus que de confort, c’est ici de gestion holistique de l’usage dont il est question.

Attractivité, robustesse des équipements, flexibilité des installations, parcours voyageurs fluide, évolutif et qualitatif… Ces paramètres façonnent aujourd’hui les espaces tout en respectant une différenciation qui fait souvent l’image d’une aérogare telle son offre gastronomique, ses prestations, son architecture, parfois même son identité olfactive.

Si les spécificités locales sont importantes à conserver, tous tirent les enseignements de la crise à travers des dispositifs d’hygiène plus performants et des bâtiments pensés pour s’adapter plus rapidement aux contraintes sanitaires, mais aussi de sécurité. Dans les années à venir, le parcours voyageur, certes plus complexe qu’avant, devra devenir plus efficace et agréable. Les bâtiments, faits pour leurs usages, devront pouvoir s’adapter à d’autres et aller même au-delà.

Photos : © J.Oppenheim ; © Groupe ADP