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La Samaritaine, une renaissance (très) attendue

Le grand magasin La Samaritaine, à Paris, vient d’ouvrir grandes ses portes après 16 années de fermeture. Chapeautée par le groupe LVMH, propriétaire des lieux, sa rénovation a été confiée à l’agence japonaise de renommée internationale Sanaa. Retour sur une renaissance (très) attendue.

 

Le fil conducteur du projet de la Samaritaine est le respect du patrimoine. Plus exactement, à en croire ses acteurs, l’inscription du bâti dans son histoire riche de plus d’un siècle… et dans son temps. Le grand magasin a en effet été fondé à la fin du XIXe siècle par Ernest Cognacq et son épouse Marie-Louise Jaÿ qui ont fait appel aux architectes Frantz Jourdain et Henri Sauvage. Le couple invente un archétype, un magasin monde où l’on trouve tout ! Dans les années 2000, le bâtiment à bout de souffle est fermé. Le groupe LVMH décide alors de confier à Sanaa, agence d’architecture japonaise, le soin de lui redonner vie. Pritzker Prize en 2010, les architectes suivent les pas de leurs prédécesseurs dont le maître mot est la créativité.

 

Un programme mixte

Placé sous des contraintes fortes en termes de sécurité et de patrimoine, le projet a fait l’objet d’une modification du PLU pour pouvoir accueillir de la mixité –  « elle était une nécessité et une volonté », selon les mots de Jean-Jacques Guiony, PDG de la Samaritaine. Le programme compte ainsi 25 000 m2 de commerces, 15 000 m2 de bureaux, 7 000 m2 de logements sociaux, une crèche de 80 berceaux et l’hôtel le Cheval blanc qui compte 72 chambres et suites.

 

Un geste architectural délicat…

La vision des architectes est simple : rénover ce qui peut l’être (le bâtiment en proue sur la Seine de Sauvage de style Art déco, et celui de Jourdain, à l’arrière, de style Art nouveau), détruire ce qui ne peut l’être et faire entrer le complexe dans le XXIe siècle par un projet architectural délicat, empreint de précision et de simplicité. La façade de la rue de Rivoli, une peau ondulante en verre, écho au rythme des dômes vitrés qui ponctuent l’intérieur, transforme l’environnement urbain en fusionnant l’historique et le contemporain. « Notre geste architectural est un pont entre les parties neuves et les parties rénovées », soulignent Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, fondateurs de l’agence japonaise.

 

 

… et respectueux

Construit entre 1903 et 1907 par Frantz Jourdain, le magasin 2 était quant à lui protégé au titre des Monuments historiques. Sa rénovation a été confiée à l’architecte du patrimoine Jean-François Lagneau, dont l’intervention a consisté à conserver et rénover dans les règles de l’art les éléments patrimoniaux. Les façades ont ainsi revêtu leur aspect d’origine avec des décors en lave émaillée ocre-jaune. À l’intérieur, les peintures – et notamment la frise des Paons –, staffs, ferronneries, escaliers et la verrière de la grande halle ont retrouvé leur superbe.

 

 

Un intérieur sublimé

Pour sublimer l’intérieur, LVMH a fait appel à Hubert de Malherbe ainsi qu’à l’agence américano-canadienne Yabu Pushelberg. Le duo George Yabu/Glenn Pushelberg a designé tous les étages du bâtiment Pont-Neuf hormis celui dédié à la beauté, en cherchant à mettre en valeur la structure Eiffel et sa luminosité tout en apportant un style raffiné. « Avoir l’occasion de restaurer un monument aussi incroyable et le transformer en quelque chose de spécial, moderne et nouveau tout en respectant ce qu’il était… qu’y a-t-il de mieux ? Nous avons vraiment voulu créer une expérience culturelle moderne, conçue d’abord pour les Parisiens », confient les designers.

Photo : © Matthieu Salvaing

Photo : © Matthieu Salvaing

 

Une nouvelle destination

Pour Éléonore De Boysson, présidente de DFS Europe et Middle East, acteur mondial de la vente de luxe, avec 600 marques représentées, une large offre de restauration et un parcours intérieur ponctué d’œuvres d’art, la Samaritaine « n’est pas simplement une expérience de commerce, mais une nouvelle façon de consommer ». « Le plus petit des grands magasins parisiens devient le plus grand des concept-stores », affirme-t-elle même. Son souhait ? Faire de la Samaritaine un lieu qui se vit comme une destination de promenade pour les Parisiens et les touristes. Une promesse d’il y a plus d’un siècle qui semble renouvelée…

 

Photos : © Jared Chulski, sauf mention contraire

 

Vidéo réalisée par Inès Beaugé