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 « La Beauté d’une ville »  au Pavillon de l’Arsenal

Photo à la Une : © Matthieu Torres et Juliette Alexandre

Jusqu’au 26 septembre 2021

La tour Eiffel, le Centre Pompidou, la Pyramide du Louvre, en bousculant l’esthétique parisienne, ont défrayé la chronique. De nombreux projets ont ainsi alimenté un débat ancien de plus de trois siècles sur ce qui fait la beauté de Paris. Mais comment définir la beauté de la Ville lumière ? Voilà la question qu’explorent architectes, artistes, philosophes, sociologues, historiens, politologues, etc., à travers l’exposition « La beauté d’une ville » qui se tient actuellement au Pavillon de l’Arsenal, à Paris. 

Le visiteur est invité à parcourir la capitale depuis le XVIIIe siècle, un pied dans l’histoire et l’autre engagé sur les chemins de la transition écologique. Certains, parmi ces derniers, comme la place donnée aux piétons et aux cyclistes, ou encore les terrasses sur la chaussée, sont vivement controversés. Le beau dépasserait-il la dimension esthétique de l’harmonie des formes ? Car qu’est-ce que le beau si l’humain, et plus largement le vivant, n’en sont pas le centre ? Le débat fait actualité. Paris est sous les projecteurs…

pavillon-arsenal.com

© Matthieu Torres et Juliette Alexandre

Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal

BIG : Pourquoi cette exposition sur l’esthétique urbaine de Paris aujourd’hui ?

Alexandre Labasse : La réflexion a été initiée à un moment où la Ville de Paris, et notamment Emmanuel Grégoire, premier adjoint en charge de l’urbanisme et de l’architecture, engage la réalisation d’un manifeste de l’esthétique parisienne, publié à l’automne, et la révision du plan local d’urbanisme (PLU), mais aussi à un moment où plusieurs Parisiens critiquent les transformations de la ville, que ce soit les terrasses ou les voies cyclables aménagées durant la pandémie. La question de l’esthétique urbaine se pose toujours avec les grandes transformations de société ; c’est à nouveau le cas aujourd’hui. Comme le montre l’exposition, les révolutions techniques, sociétales ou industrielles ont provoqué un changement d’esthétique qui lui-même déclenche les controverses. Au Pavillon de l’Arsenal, nous voulions contribuer à ce débat pour permettre à chacun de participer à la fabrication de la ville de demain. Pour ce faire, nous avons interrogé une cinquantaine de chercheurs, architectes, spécialistes… pour savoir ce qui définit aujourd’hui l’esthétique parisienne. Car s’il est facile de dénoncer ce qui est laid, il est beaucoup plus difficile de définir ce qui fait la beauté d’une ville… 

BIG : Les enjeux climatiques changent-ils la donne en la matière ?

AL : C’est une révolution complète ! Quelle esthétique lui donner ? Que ce soit en matière d’architecture ou d’urbanisme, nous ne l’avons probablement pas encore trouvée. Mais la question est là et s’impose : quelles esthétiques pour les nouvelles mobilités ? Comment adapter la ville pour accueillir le vivant  ? Quels matériaux pour les architectures plus vertueuses ? Comment intégrer les externalités qui nous font vivre ? Quelle morphologie pour la ville post-carbone ?

BIG : Dans la préface du catalogue qui accompagne l’exposition, Anne Hidalgo écrit : « La beauté d’aujourd’hui est aussi souvent l’audace d’hier. » Quelle serait, selon vous, l’audace d’aujourd’hui ?

AL : Sans aucun doute, la plus grande audace réside dans la possibilité offerte en 2020 aux restaurateurs de pouvoir aménager des terrasses sur l’espace viaire ou les zones de stationnement. Ce mouvement soulève une question : comment inventer aujourd’hui une façon d’aménager la ville de façon participative ? Avec les architectes du collectif Encore heureux, nous avons réalisé un reportage photo et référencé à cette occasion plus de 800 terrasses. Un chiffre qui prouve l’engouement et ouvre le débat d’un point de vue esthétique. Si l’on peut s’interroger sur les formes à donner à ces terrasses, les règles à trouver pour leur mise en œuvre, il faut voir le potentiel qu’elles offrent de permettre aux citoyens de participer à l’espace publics. Car, comme l’énonçait déjà Voltaire en 1749 : « À qui appartient-il d’embellir la ville, sinon aux habitants qui jouissent dans son sein de tout ce que l’opulence et les plaisirs peuvent prodiguer aux hommes ? » 


Article issu du numéro 177 de Business Immo Global.

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