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Portrait de Miguel Chevalier © Miguel Chevalier

Art digital et architecture commerciale

Mouvantes et hypnotiques, les œuvres d’art numérique s’invitent au cœur d’espaces commerciaux bénéficiant d’une visibilité inégalée pour interpeler un large public. Parcours avec un pionnier du genre, l’artiste Miguel Chevalier, à travers trois de ses installations.

Sur les pistes de la requalification urbaine, mais aussi de l’expérience et du digital, les espaces commerciaux se réinventent. En quête de nouveaux motifs de visite, ils font appel à l’art numérique pour gagner un supplément d’âme. « Orbites 2019 » est une installation éphémère réunissant « deux œuvres en résonance avec l’architecture de l’atrium de Beaugrenelle », explique Miguel Chevalier. Une sculpture-installation monumentale de 14 m de hauteur suspendue sous la verrière des architectes Valode & Pistre s’associait à une œuvre numérique interactive « La Table des convivialités » au niveau -1 de l’atrium. En référence aux ellipses architecturales du centre, neuf anneaux en cascade de 1,50 m à 3 m de diamètre en aluminium équipés de Leds s’animaient de différentes chorégraphies lumineuses. Tournant légèrement avec l’air ambiant, ils figurent pour l’artiste « une sorte de mobile géant en perpétuel mouvement comme des anneaux de jonglage arrêtés en plein vol ».

« Pixels Wave Light 2017 », au niveau -2 du Forum des Halles, fait onduler des vagues lumineuses sur plus d’une trentaine de mètres de longueur, métaphore des flux de personnes circulant sous la canopée de l’architecte Patrick Berger. Douze tableaux se succèdent toutes les 15 minutes, formant des chorégraphies générées en temps réel grâce à un programme informatique conçu spécialement pour cette œuvre pérenne. La lumière des 50 000 Leds se diffuse à travers des panneaux de Dacryl translucides incrustés de milliers de loupes déformantes. « De près, elles créent des moirages, des distorsions et des compressions. Les formes ondulent dans cet immense kaléidoscope qui métamorphose la galerie du Forum en un passage dynamique et contemporain », commente Miguel Chevalier.« Paradis artificiels 2021 » propose un parcours au cœur d’une nature réinventée au sein du Cineum, nouveau temple du 7e art dont l’énigmatique forme dessinée par l’architecte Rudy Ricciotti s’intègre dans le renouveau du quartier de la Bocca, à Cannes. Le multiplexe abrite 12 salles de cinéma ainsi qu’un espace d’exposition de 500 m2 consacré pour son inauguration au travail de Miguel Chevalier qui précise : « Trans-Natures, Extra-Natural, Fractal Flowers, sont différentes générations de fleurs et jardins virtuels se déclinant sous forme d’œuvres numériques qui questionnent les enjeux de la manipulation génétique : nul ne peut prédire ce que produiront ces fleurs libres de se croiser et de se reproduire à l’infini… ». À expérimenter jusqu’à fin janvier 2022.

Photo : Portrait de Miguel Chevalier. © Miguel Chevalier