Haut

BnF Richelieu, le patrimoine révélé  

Plus importante réunion de bibliothèques d’art, d’histoire de l’art et de l’écrit en Europe, la BnF Richelieu ouvre au public après 15 années du chantier. C’est la première fois dans son histoire que le bâtiment a été analysé et pris en charge dans sa globalité par une seule et même maîtrise d’œuvre. 

 

Par Kaoru Urata 

 

Se sentir soulagé après avoir livré cet énorme vaisseau de 69 036 m (shon) riche d’un programme si complexe ? Depuis 2007, l’atelier Bruno Gaudin & Virginie Brégal Architectes, maîtres d’œuvre, ont parcouru ce long chemin en rencontrant des obstacles et traversant des hésitations, soutenus par la maîtrise d’ouvrage, OPPIC (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture) afin de répondre aux enjeux contemporains : qualité d’accueil public, ouverture sur la ville, partage et échange avec les jeunes générations.  

 

Au fil des siècles, du 16e jusqu’à nos jours, les architectes François Mansart, Robert de Cotte, Jules Robert de Cotte, Henri Labrouste, Jean Louis Pascal, Alfred Henri Recoura, Michel Roux-Spitz et André Chatelin auront participé à la construction progressive, aux transformations incessantes, aux multiples démolitions et densifications que l’édifice qui se caractérise par une richesse patrimoniale des espaces s’est offert. Mais la stratification des époques a été un sujet délicat pour le nouveau projet. D’où le questionnement des architectes : restaurer et/ou rénover, adapter et/ou transformer ?  

 

La création de nouvelles distributions horizontales et verticales marque le changement fondamental dans l’organisation du bâtiment, qui doit assurer à long terme, les déplacements des usagers et l’accès aisé aux collections. Également, la nécessité de la réorganisation générale de ce qui est appelé le Quadrilatère (salle Ovale, Cours d’honneur, salle Labrouste, magasin central) selon un système accessible, lisible et cohérent. Après une longue réflexion qui a fait l’objet d’un grand débat, l’escalier d’honneur a été remplacé par la création d’un nouveau en ossature métallique, habillé en aluminium et suspendu dans le vide. Ses 45 marches espacées permettent à la lumière de traverser et révéler les membrures allégées. L’objectif était de donner de la visibilité à la salle Ovale depuis le hall Vivienne nouvellement créé et accessible par le jardin Hortus Papyrifera – projet désigné lauréat du 1 % artistique, et conçu par le groupement associant « Tout se transforme » dirigé par Antoine Quenardel, paysagiste-concepteur et Gilles Clément, artiste-paysagiste.  

 

La pièce maîtresse Ovale, la seule en libre accès, a bénéficié d’une restauration et d’un réaménagement complet. Pour cette occasion, la chaise Orria en chêne conçue par Patrick Jouin, prototypée par l’ARC et produite par Alki va équiper les 160 postes de travail. L’agence 8’18’’, l’éclairagiste, a repensé la lumière artificielle en lien avec les lustres miroirs suspendus ou les oculi réglés selon différents scénarios d’éclairage. La rénovation de la salle Labrouste a été confiée, quant à elle, à l’architecte en chef des monuments historiques Jean-François Lagneau. 

 

Les vrais poumons de la bibliothèque sont la partie invisible où se trouvent les archives : Le magasin central historique dessiné par Labrouste est devenu la salle de lecture en retrouvant la lumière zénithale à travers le plafond réflecteur. 

 

Ce lieu à haute valeur patrimoniale fait peau neuve à travers le savant tissage entre architecture contemporaine, technique et histoire grâce à un savoir-faire à la française réactualisé par le projet. 

 

Photos : © Takuji Shimmura