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Quel impact aura la crise sur nos espaces de travail et nos méthodes de construction ?

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La récente crise sanitaire a accéléré la nécessaire mutation du secteur en matière d’espace de travail, mais également dans les méthodes de construction.

Si l’essor du télétravail et la recherche d’économies conduisent certaines entreprises à différer leurs projets de prises à bail afin de recalibrer leur cahier des charges, l’enjeu est aujourd’hui de réenchanter l’espace de travail, voire de repenser la mission même de l’espace bureau qui devient hub professionnel en étant le lieu privilégié du lien social, de la consolidation de la culture d’entreprise, de la créativité collective, tout en proposant des espaces confidentiels, tant pour favoriser la concentration que pour permettre des négociations de contrats. Pour cela, il doit être à la fois désirable – par la qualité architecturale, le confort et l’ambiance intérieure, la présence de la nature, la mise à disposition d’outils de travail performants –, sain – par un traitement adéquat de l’air et de l’eau, l’utilisation de matériaux autonettoyants et dépolluants (photosynthèse, photocatalyse, c’est-à-dire la dégradation de polluants sur une surface sous l’action de rayons lumineux), une qualité acoustique adaptée et l’utilisation de plantes dépolluantes –, modulable – en permettant, par l’usage de cloisons faciles à déplacer, l’adaptation des espaces aux usages souhaités en temps réel, notamment pour faciliter le travail en mode projet qui nécessite des espaces de tailles différentes selon la nature des projets et les stades de collaboration –, serviciel – proposant restauration de qualité, salle de sport, locaux deux-roues sécurisés, conciergerie… – et enfin frugal, tant dans le choix des équipements que dans celui des matériaux, la rareté des ressources naturelles, mais aussi des ressources financières des entreprises obligeant à réduire les consommations des immeubles. La connectique doit se généraliser pour monitorer les immeubles : mesurer les consommations de toutes natures, optimiser l’utilisation des différents locaux, détecter les fuites ou défaillances d’équipement, voire les anticiper (maintenance prédictive).

Plus que jamais, le niveau de label RSE des immeubles sera un prérequis tant pour les utilisateurs que pour les investisseurs, dont les contraintes contradictoires (composer avec l’optimisation des ratios de densité des espaces versus les nouvelles normes sanitaires, tout en ayant le souci de présenter un bilan carbone positif) devraient s’équilibrer. De nouveaux types d’espaces de travail sécurisés en pieds d’immeubles vont apparaître et le coworking – dont le secteur va vers une consolidation certaine – conservera une place dans le paysage tertiaire pour répondre au besoin de proximité lieu de travail/domicile.

Enfin, le développement de la méthode de construction hors site devrait s’accélérer tant elle permet de réduire les délais de construction, les nuisances de bruit, de poussière et de trafic, de limiter la production de déchets, tout en s’adaptant plus facilement aux nouvelles contraintes sanitaires des compagnons.


Caroline Fortier – © DR

Diplômes de l’École spéciale des travaux publics (ESTP), de l’Institut d’études économiques et juridiques appliquées à la construction et à l’habitat, de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Insead, Institut européen d’administration des affaires, en poche, Caroline Fortier démarre sa carrière en 1991 à la Caisse des dépôts et consignations. Elle y occupe durant 15 ans différents postes, dont celui de directrice régionale Basse-Normandie. En 2006, elle monte les échelons en intégrant le groupe Financière Duval en tant que directrice générale adjointe Groupe et directrice générale Pôle Activités immobilières et Golfs. En 2016, elle investit le poste de directrice générale déléguée du groupe Rabot Dutilleul. Deux ans plus tard, en 2018, elle est promue directrice générale du groupe Sogeprom, filiale de promotion immobilière de la Société générale, présente depuis plus de 45 ans sur l’ensemble du territoire français et des marchés de l’immobilier : logements, hôtels, résidences services, bureaux, parcs d’activités tertiaires, commerces, projets urbains mixtes.