Hypérion, le bois prend de la hauteur
À Bordeaux, Hypérion, la plus haute tour de France, à ce jour, érigée en bois (50 m), accueille ses premiers habitants. Avec pour maître d’œuvre l’agence Viguier architecture urbanisme paysage et pour maître d’ouvrage Eiffage Immobilier, le bâtiment qui abrite 100 logements est né sous une bonne étoile.
Initié en 2015 par voie de concours international, le projet s’inscrit dans le cadre du développement de Bordeaux Euratlantique. Le mot d’ordre de l’établissement public d’aménagement à l’adresse du secteur privé : imaginer un édifice en bois d’une hauteur jamais réalisée jusque-là en France. « Ce projet porté par l’agence qui a gagné le concours a accéléré notre savoir-faire en matière de construction bois », souligne Jean-Paul Viguier.
Très innovant, le système constructif mis en œuvre par l’agence d’architecture associe d’une part, un socle en béton sur trois niveaux ainsi qu’un noyau également en béton, et d’autre part, une structure en bois de douglas composée de poutres en lamellé collé, de planchers en panneaux de lamellé croisé et de 304 murs à ossature bois. En partie préfabriqués, les éléments de bois, dont ceux des façades, ont été assemblés sur le chantier en seulement cinq mois. Outre le fait qu’ils ont permis l’activation de la filière bois dans la région, ils ont limité les nuisances sur le chantier – « démontrant ainsi que le bois est un matériau de centre-ville », selon les termes de Jean-Paul Viguier.
En façade, des balcons en porte-à-faux rompent le rythme apporté par les éléments modulaires de bois et la verticalité de la tour. Ils ont été conçus en acier pour répondre aux normes incendie. « À l’agence, nous construisons un corps d’expérience autour de ce matériau. Il pose de nombreuses questions comme celle, par exemple, de son vieillissement en façade ou d’une plus grande simplicité pour exprimer davantage son vocabulaire », indique Christophe Charon, architecte associé chez Viguier architecture urbanisme paysage.
À l’intérieur, les appartements présentent tous une hauteur de 2,60 m. Un choix assumé par les architectes : « Aujourd’hui les constructions sont très petites. En ajoutant de la hauteur, de la lumière et un espace extérieur, on apporte de l’espace », déroule Christophe Charon. Et de conclure autour de l’expérimentation de la construction bois : « Avec ce projet, notre volonté a été d’apporter une écriture architecturale riche. Notre vision évolue en fonction de nos connaissances techniques et en fonction aussi de ce que le public veut recevoir. »
Photos : © Alban Gilbert
