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L’aimable Morland Mixité Capitale

Après avoir porté à bout de bras Morland Mixité Capitale, à Paris, Emerige remet les clés du plus grand projet « Réinventer Paris » à Nuveen Real Estate. Retour sur un projet hors norme né d’un bâtiment peu considéré des Parisiens et rendu « aimable ».

 

« Rendre l’immeuble plus aimable et surtout ouvert au public. » Telle est l’ambition de Laurent Dumas, président du conseil de surveillance d’Emerige qui a porté à bout de bras l’opération Morland Mixité Capitale lauréate en 2016 de « Réinventer Paris ». Une ambition qu’il a partagée avec l’architecte britannique David Chipperfield, réputé pour sa capacité à insérer des projets très contemporains dans des bâtiments anciens : « Nous avons réutilisé un immeuble peu considéré par les habitants du quartier. Le résultat montre que cette vision est pertinente. »

L’immeuble en question, construit par Albert Laprade entre 1957 et 1967, abritait l’ancienne Cité administrative de la ville de Paris. Le geste architectural a consisté à reconquérir les deux espaces extérieurs formés par le plan en H de l’existant. Côté Seine, une construction neuve est surélevée grâce à une série de voûtes qui permettent de percevoir la traversée de l’immeuble. Côté boulevard Morland, un autre bâtiment neuf se pose sur des voûtes également se déployant à l’arrière pour reconstituer un cloître. Avec leurs lignes arrondies, celles-ci contrastent avec la trame rectiligne du bâti existant de manière à l’« adoucir » et inviter le passant à entrer à l’intérieur de l’îlot. Des jardins conçus par le paysagiste Michel Desvigne y déploient quelque 200 arbres. « Notre stratégie a été de repositionner le bâtiment dans son quartier », appuie l’architecte. Outre le parti architectural, ce projet d’environ 44 000 m2 de surface de plancher vise, avec la multiplicité d’usages qu’il intègre, à créer un morceau de ville à part entière. En plus des logements (en accession, sociaux et intermédiaires), un hôtel cinq étoiles, une auberge de jeunesse, le programme comprend une crèche, une piscine, un spa et un fitness, un marché couvert, une galerie d’art, des bureaux, des commerces, une conciergerie, une ferme urbaine en toiture, etc. qui animent le lieu tout au long de la journée.

L’art occupe une place rare dans ce projet notamment avec l’intervention de l’artiste islandais danois Ólafur Elíasson et le Studio Other Spaces aux 15e et 16e étages avec l’installation Seeing City, des dispositifs optiques « qui suscitent de nouvelles perspectives sur la ville », indique l’artiste. De plus, acteur engagé en faveur de la création contemporaine, Emerige a fait de l’hôtel SO/Paris un immense terrain de jeu pour des artistes de la scène française et de la galerie d’art qu’il conserve, l’Atlas, un lieu destiné aux galeries et artistes internationaux peu représentés en France. « Présent partout dans l’immeuble, l’art est destiné à ce que les usagers se l’approprient », anticipe Laurent Dumas. Et de résumer un projet complexe mené de mains de maîtres : « Nous sommes fiers d’ouvrir à tous un bâtiment à l’architecture ambitieuse, répondant aux enjeux de notre époque en nous appuyant sur une architecture du XXe siècle. »

 

 

Photos : à la Une : © Studio OtherSpaces © Jérémie Léon ; autres photos : © Jérémie Léon

Vidéo réalisée par Christelle Pitagora