Haut

Les Franciscaines : Moatti & Rivière conjugue l’histoire au futur

© L’autre Image © Adagp, Paris, 2021

Dans un ancien lieu de culte érigé au XIXe siècle par des religieuses et acquis par la Ville de Deauville en 2012, l’agence Moatti & Rivière place la technologie au service du culturel. Avec Les Franciscaines, l’ensemble patrimonial de 6 400 m2 se décloître au travers d’espaces muséaux où se chevauchent l’historique et le contemporain.

« Cet équipement se situe entre tradition et modernité, entre architecture d’origine et audace de la rénovation, entre patrimoine et création, entre volonté d’ouvrir les collections artistiques et documentaires, et désacralisation de la haute culture, avance l’architecte Alain Moatti. Le projet des Franciscaines est un centre culturel d’un nouveau type, hybride, convivial, éclectique et numérique. » Pour le visiteur, la première rencontre avec cette envie de modernité se fera dès son arrivée devant un portail haut de 15 m, où deux grands panneaux monolithiques et un écran numérique Led l’accueilleront. Il pénétrera immédiatement une grande galerie, véritable faille de 10 m de haut pratiquée dans l’ensemble, équipée d’outil scénographique et animée de dispositifs numériques. « L’imbrication du digital et du multimédia avec l’architecture s’exprime de la façon la plus forte dans la grande galerie ceinturant l’ancien cloître, estime Fabio Bezzecchi, architecte associé et directeur de projets chez Moatti & Rivière. Elle sera un lieu de mise en commun où le visiteur pourra partager son expérience au sein des Franciscaines avec les autres visiteurs par le biais du digital avec des écrans tactiles et 11 projecteurs diffusant des images issues de leur exploration. »

Désormais ouvert à tous, le cloître devient un espace public recouvert d’un grand lustre de 400 m² composé de 18 000 tubes de polycarbonate transparents. Inspiré des tableaux d’André Hambourg, à qui une exposition sera consacrée dans le musée, ce « grand nuage » a été pensé par Alain Moatti pour « capter le temps et l’énergie des lumières saisonnales, imprimer des rythmes, des éclats et des perspectives, refléter les incandescences lumineuses, l’irisation des matins et la vibration silencieuse de l’air ». Autour de lui s’articuleront des salles thématiques – mémoire de Deauville, musique/cinéma/spectacle, cheval, art de vivre et jeunesse – où des « rubans de la connaissance », gigantesques étagères ondulées, baliseront le parcours. La chapelle du couvent, dont les vitraux ont été conservés, a pour sa part été transformée en un auditorium-salle de spectacles pouvant recevoir 250 personnes assises ou 1 300 debout. Finalement, des espaces extérieurs, un jardin protégé et un parvis ouvriront sur la ville l’édifice jadis refermé sur lui-même. Le tout compose ce qu’Alain Moatti a imaginé comme « un lieu fécond, qui à la fois révèle l’Histoire et met au monde un nouveau présent : la mémoire du futur ». Cet espace préfigure ainsi la philosophie que l’agence souhaite dérouler sur ses projets tertiaires, conclut l’architecte : « Le projet s’inscrit dans une vision plus large que j’ai appelée l’“amplificateur relationnel”. Celle d’espaces d’immobilier d’entreprise partagés, toujours flexibles et renouvelables, mais auxquels est ajoutée aussi une présence du numérique qui permet une convivialité de tout le lieu. »


Article issu du n°14 d’in interiors. Pour le découvrir dans son intégralité, cliquez ici.