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Palais Manik Bagh, oeuvre d’un « Moderne Maharajah »

Le Musée des Arts Décoratifs met en lumière le Maharajah d’Indore et son palais avant-gardiste au travers de l’exposition « Moderne Maharajah, un mécène des années 30 »,  jusqu’au 12 janvier 2020. Construit en 1930, l’édifice réunit à l’époque tout ce qui se fait de plus moderne en matière d’architecture et d’aménagement intérieur, un bouleversement dans l’Inde des années 30.

Initié à la culture européenne lors de ses études à Oxford, le Maharajah d’Indore, héritier de la dynastie Holkar, incarne une synthèse parfaite entre l’Orient et l’Occident. Fasciné par les courants d’avant-garde du Vieux Continent, il décide, avec son épouse, de construire sa résidence privée dans cet état d’esprit, un projet qui cristallise leur vision progressiste commune.

Manik Bagh, une ode à la modernité

En 1929, ils chargent officiellement l’architecte berlinois Eckart Muthesius, connu pour ses convictions avant-gardistes, de la construction d’un palais qu’il souhaite moderne, en rupture totale avec l’habitat indien d’alors.

Pour le couple, il dessine Manik Bagh, un édifice à l’architecture rectiligne, aux lignes épurées. Forme en U, fenêtres en longueur et toits plats, les perspectives sont représentatives des mouvements modernes européens des années 20 et intègrent des équipements modernes telle la climatisation.

Manik Bagh sera ainsi érigé à Indore, dans l’état du Madhya Pradesh. Le projet définitif connaîtra quelques modifications pour répondre aux spécificités de cette région sujette aux moussons mais restera, dans l’esprit, très contemporain.

Dans ce projet, le mécène des années 30 s’entoure également du docteur Hardy, son précepteur, de Jacques Doucet et Henri-Pierre Roché, 3 figures emblématiques de l’avant-garde européen qui le conseilleront dans l’aménagement de son palais et ses acquisitions.


Le meilleur des designers européens

Si Muthesius gère l’architecture du palais, il intervient également dans l’ameublement de ce dernier. Loin des ornements indiens traditionnels, il dessinera du mobilier et des agencements intégrés et utilisera pour cela des essences de bois, du verre ou du métal.

Outre ce dernier, une vingtaine de créateurs qui marqueront par la suite l’histoire du design, prendront part au projet et livreront un intérieur épuré aux lignes géométriques.

Dans la nef du musée, l’exposition dévoile quelques 500 pièces iconiques telle la chaise basculante de Le Corbusier qui ont hissé le palais au rang de demeure mythique. Ruhlman, quant à lui, interviendra pour le cabinet du travail du Maharajah qu’il réalisera quasi uniquement en ébène de Macassar. Gray, Sognot et Alix, Perriand, Jeanneret ou encore l’orfèvre Puyforcat contribueront également à faire de Manik Bagh, une résidence hors du commun.

Confiée au Studio BGC – Giovanna Comana et Iva Berton Gajsak -, la scénographie de l’exposition nous plonge dans l’effervescence de la scène artistique de l’époque. Les reconstitutions, presque à l’identique, nous projettent dans cette Inde des années 30.

Tout en dressant le portrait de ce Maharajah visionnaire et son palais résolument contemporain, le MAD nous offre, de Man Ray à Bernard Boutet de Monvel, de Brancusi à Le Corbusier, le meilleur de cette faste période du design.

 

Photos : @adagp