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Paris 10e : François Brugel réhabilite un bâtiment industriel en logements sociaux

Au 45-49  quai de Valmy, à Paris 10e, de l’habitat est né dans un ancien immeuble d’origine industrielle. Ce projet, porté par la RIVP et réalisé par l’agence François Brugel Architectes Associés (FBAA), consiste en un bâtiment mixte. Il comporte 74 logements sociaux (dont des intermédiaires), du T1 au T4 avec un duplex, ainsi que deux locaux commerciaux totalisant environ 900 m2.

 

Un peu d’histoire  

Les logiques de transformation de l’immeuble dévoilent un parcours parsemé d’héritages uniques. À partir de janvier 1860, Paris alors délimité par le mur des Fermiers généraux, annexe en totalité ou partie ses communes limitrophes. Dans le même mouvement, l’État libère les quatre cinquièmes de l’emprise de l’administration des douanes et les restitue au secteur privé. La nouvelle organisation du sol s’appuie d’une part sur le canal et d’autre part sur des critères de rationalité et de densité. Un entrepôt est né. Nous sommes en présence d’un bâtiment haut de trois étages. L’intervention réalisée en 1925 ne modifiera que la hauteur du bâtiment : plus de deux étages au compteur.

Les deux architectes de cette surélévation, convaincus de l’avenir du béton armé, l’introduisent dans leur projet. Ils reproduisent avec le langage du béton ce qui a été exécuté en métal au niveau du bâtiment d’origine. Ils maintiennent l’expression de la brique en façade. En résulte une construction hybride à laquelle les architectes de FBAA vont s’associer. « Nous souhaitons installer une troisième couche d’histoire sans gommer les strates précédentes par le chapelet de contraintes habituelles : la thermique, l’acoustique, la sécurité incendie… », précise l’architecte François Brugel.

 

Pour faire logement  

Le propre d’un entrepôt vertical réside dans l’économie structurelle à la faveur de volumes distribués en plateaux. Sur 3 919 m2, des logements de toutes formes et tailles viennent se greffer aux couloirs qui les desservent de part et d’autre. Les angles et les combles du bâtiment génèrent des logements singuliers. Les volumes construits à l’intérieur composent à la fois un meuble, un coin cuisine, un espace bibliothèque ou rangement, une pièce ou un dessus de salle de bains. Les logements des deux derniers niveaux embrassent et investissent la totalité du cintre du comble. Ces T2 inversés, de 49 m2, avec la chambre en bas, rendent possible l’idée d’un logement traversant en partie haute qui met alors en relation le canal d’un côté et les vues vers le 10e arrondissement de l’autre. Les architectes ont révélé les verrières de 1925, cachées. Une belle surprise qui donne au duplex sa forme de logement-atelier.  

Laura Vassilev, sous-directrice de la construction à la RIVP, ajoute : « Il était question d’un long travail de discussion sur ce que nous allions conserver ou non. Même si les logements sont assez similaires, nous avons découverts les verrières, les combles et il fallait les intégrer à l’aménagement. Après trois ans, les locataires entrent la semaine prochaine. » Dans une ville où le logement est plus que recherché, ce bâtiment s’actualise pour se fondre dans un quartier toujours plus habile aux changements.  

 

 

Photos : © Jared Chulski