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Quand l’architecture fait la courte échelle à l’urbanisme

Photo à la Une : © GCI – Augusto da Silva

Ne cherchez plus le Berkeley, cet immeuble de bureaux aux façades en béton architectonique construit en 1976 à Courbevoie dans un lieu « improbable », coincé entre les superstructures de la voie ferrée et du boulevard circulaire. Lourdement restructuré et agrandi pour GCI par STUDIOS Architecture, il s’est métamorphosé en Latitude, un exemple de requalification urbaine.

Par Lionel Blaisse 

En 2007, Générale Continentale Investissements (GCI) rachète  le Berkeley, un ensemble immobilier de 19 700 m² développés sur neuf niveaux et quatre sous-sols de parking. S’inscrivant dans le plan d’aménagement de La Défense, le projet de tour Ava – 34 étages, 142 m de haut, 60 000 m² – confié à Manuelle Gautrand obtient son permis de construire l’année suivante, mais un recours, conjugué à la crise financière des subprimes, empêchera définitivement la mise en œuvre.  

Le marché du tertiaire ayant évolué entretemps, GCI va alors élaborer avec le cabinet franco-américain STUDIOS Architecture un tout autre programme avec l’ambition d’offrir aux salariés bien plus que des espaces de travail… des espaces à vivre connectés au reste de la ville ! Challenge de taille et d’échelle(s) sur ce carrefour dépourvu d’urbanité en contrebas de la dalle hérissée de tours et scarifié d’infrastructures de transports enclavant au nord un quartier pavillonnaire.

Une tour horizontale

Latitude va s’imposer par son architecture comme un nouveau repère urbain. « Elle répond aux lignes droites par des courbes, à la froideur et à la minéralité par la clarté et la transparence de jeux de lumière qui se vivent en extérieur comme à l’intérieur, à la séparation tranchée des immeubles avec leur quartier par l’intégration urbaine », stipule Éric Gratacap, associé senior de STUDIOS. Pour ce faire, sans surélévation, une extension de 2 500 m² prolonge l’existant sur 30 m vers le carrefour dont une partie s’immisce sous la rampe du circulaire pour substituer aux deux niveaux de parking (à l’arrière de la culée) un hub ouvert et connecté à un vrai parvis sur lequel un spectaculaire auvent en quasi-lévitation magnifie désormais l’entrée à l’édifice. Grâce à d’importantes restructurations, le lobby se mue en une « avenue » intérieure sous double hauteur desservant cinq pôles de restauration différents, remplaçant avec convivialité l’inévitable restaurant inter-entreprise et, côté carrefour, un établissement recevant du public agrémenté en proue d’un inattendu pocket park.

Derrière leurs façades à la structure optimisée, largement vitrées et parées côté circulaire d’iconiques ondes organiques en matériau composite, les huit étages peuvent dorénavant accueillir chacun jusqu’à 242 postes sur 2 230 m² (au lieu de 1 730 m²) avec 2,70 m sous plafond (+0,15 m). Résultant de l’étroite complicité entre GCI, STUDIOS Architecture et Bouygues Bâtiment Île-de-France, Latitude a su, par ses qualités de construction et d’usage, séduire dès août 2020 son futur locataire unique, Sopra Steria. L’opération vient d’obtenir le label WiredScore Platinum.  

Photo 1 : © SHH Limited
Photos 3 à 4 : © GCI

Le parking sous le boulevard circulaire a été requalifié en un socle en double et triple hauteur culminant à près de 11 m et desservant cinq pôles de restauration différents pouvant servir jusqu’à 850 repas par jour : l’Atrium Bar, l’Artisanal Grab & Go, une brasserie, un coffee shop ainsi qu’un food hall.


Article issu du numéro 181 de Business Immo Global.

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