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Une maison dans une favela brésilienne obtient un prix international d’architecture

Kdu dos Anjos, 32 ans, artiste et fondateur d’un centre culturel dans sa favela en périphérie de Belo Horizonte, au Brésil, est l’heureux propriétaire de cette maison pas comme les autres. Désignée « maison de l’année » par le site ArchDaily la semaine dernière, cette demeure de 66 m² a été imaginée par l’agence d’architecture brésilienne Coletivo Levante sur un terrain angulaire d’environ 70 m², que Kdu dos Anjos avait acquis en 2017. Le directeur du centre culturel aime l’appeler la Casa no Pomar do Cafezal, « ma cabane ».

Pour ce faire, deux modules structurels de 3 × 3 m, sur deux niveaux, flanqués d’un « pull-out » adossé en bordure de terrain ont été installés. Quant au modèle de la maison, aucun contraste n’est perceptible au milieu de l’amalgame des constructions apparentes en briques de céramique de l’Aglomerado da Serra. L’une des principales différences avec les autres maisons des favelas : l’utilisation de briques horizontales couchées et superposées avec un léger décalage, et non de parpaings posés debout, ce qui permet une plus grande solidité et une meilleure isolation : « Nous avons conservé le répertoire constructif si typique des Mutirões, en ce qui concerne la structure et les fermetures des briques apparentes, et nous nous sommes préoccupés d’observer attentivement les questions liées à l’écoulement des eaux de pluie et à leur absorption sur le sol ; de minimiser l’intervention sur le sol ; d’offrir une ventilation et un éclairage naturels généreux, en plus du contrôle de la température avec des éléments légers comme les pièces de bois d’eucalyptus et la végétation. Et, bien sûr, tirer le meilleur parti de la vue, qui est extraordinaire et ne peut être vue depuis l’asphalte », expliquent les architectes du projet.

Casa no Pomar do Cafezal est le deuxième projet réalisé par le collectif Levante, une union d’architectes, d’étudiants et d’ingénieurs, dirigée par Fernando Maculan et Joana Magalhães pour développer des projets, faire venir des fournisseurs et soutenir l’architecture en périphérie. « Le projet de maison a reçu une mention honorable au 21e prix d’architecture de l’IAB MG et représente un “modèle” constructif qui utilise des matériaux périphériques, avec une implantation adéquate et une attention à l’éclairage et à la ventilation, ce qui donne lieu à un espace de grande qualité environnementale », ajoutent les architectes.

 « Quand j’étais petit, je vivais dans un habitat précaire, mal isolé. J’ai même été piqué par un scorpion, ma sœur aussi. C’est une grande victoire pour moi de gagner un prix d’architecture alors que j’ai souffert de problèmes architecturaux dans la maison où j’ai grandi », conclut Kdu dos Anjos.

La construction a duré huit mois, pour un coût total de 150 000 réais (environ 27 000 €).

 

Photos : © Leonardo Finotti