Les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, lauréats du Pritzker Prize 2021, ont prononcé une conférence exceptionnelle à Paris le 7 mars dernier, à l’invitation de l’école de Chaillot, à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Une école qui délivre des formations post-diplôme sur un domaine s’étendant des monuments et centres historiques jusqu’au patrimoine ordinaire. Matière première de l’agence et probablement de la création de demain.

« Faire avec ce qui existe. Faire plus avec moins », introduit Jean-Philippe Vassal. Faire plus avec peu dans le respect de l’existant et de ceux qui habitent les lieux, telle est l’habitude de pensée de l’agence Lacaton & Vassal depuis sa création en 1987. Et l’architecte de développer : l’existant, c’est le vivant. Ajouter plutôt que démolir. Réparer aussi. Pour preuve, un concours d’écoquartier de Saint-Nazaire (perdu) montre des bâtiments construits au-dessus des arbres pour redonner la place à la forêt dont les habitants auraient eu la responsabilité.  

« Faire avec le climat existant. » Un climat du quotidien, profiter qu’en hiver le soleil chauffe et qu’il faut s’en protéger en été. La maison Latapie, à Floirac, apparaît tel un laboratoire de cette conviction. Une serre tempère l’air entre l’intérieur et l’extérieur, une solution qui ajoute en espace. « Un logement, c’est comme un pour un habit : on ne garde pas un gros manteau toute l’année », souffle Jean-Philippe Vassal. 

« Faire avec la valeur d’un lieu », comme la rénovation du palais de Tokyo à Paris qui a été l’objet d’un travail d’acupuncture avec des « milliers de petites interventions pour essayer de rendre les espaces les plus libres possibles ». Comme le Fonds régional d’art contemporain de Dunkerque, où les architectes, plutôt que de toucher au hangar existant chargé d’histoire, ont préféré lui accoler un « frère jumeau » pour « créer une relation supplémentaire ». 

« Faire avec le logement existant. » Un engagement de l’agence depuis plus de 20 ans. « L’amélioration et la transformation se font par l’intérieur, par l’habité », poursuit Anne Lacaton. Ouvrir les façades, créer des balcons pour donner au logement « les mêmes facilités qu’une villa ». Un travail par l’intérieur qui est tout aussi radical qu’une construction neuve, mais où la transformation de l’existant prévaut sur la destruction. Une démarche qui devrait faire école… 

Photo : © Business Immo Global

Article issu du numéro 184 de Business Immo Global.

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