Des Rising Talent Awards japonais pour l’édition 2022
Direction, le Japon. Déjà mise en lumière en septembre 2011, la jeune création japonaise a été à nouveau à l’honneur durant l’édition printemps 2022 du salon Maison&Objet Paris, dans le cadre des Rising Talent Awards. Safi, organisateur du salon Maison&Objet, et Ateliers d’Art de France, ont œuvré ensemble à la création d’une nouvelle catégorie – Rising Talent Awards Craft. Ces sept talents que totalise cette édition dessinent un nouvel horizon dans le paysage du design.
À la découverte des six designers lauréats
En explorant de nouvelles façons de dialoguer avec les textiles, Yuri Himuro incite chaque utilisateur à créer ses propres motifs, en découpant directement dans la matière. C’est ainsi qu’est né le projet Snip Snap, conçu et développé à partir de tissus à double structure.
Un papier saurait-t-il danser, jouer d’un instrument de musique ou voler ? Haruka Misawa attribue des fonctions à cette matière. À travers le projet « Doshi » – qui signifie papier en mouvement – la designer lui attribue une volonté en utilisant la personnification par son art. « C’est parce que j’ai grandi au contact du shoji (la paroi en papier) et de l’origami, tous deux intrinsèquement liés à la culture japonaise, que cela m’a conduit à sentir la délicatesse de la peau du papier », explique Haruka Misawa.
Intriguée par la peau, cette matière humaine qui sert d’interface avec l’environnement, Satomi Minoshima l’interroge sous un angle sociétal et poétique tout en lui apportant des informations tactiles que le regard seul ne saurait capter. Le projet Skin Tote est une série de contenants exprimant la beauté et la diversité de la couleur de la peau. Elle précise que « la couleur de la peau affecte les milieux sociaux et culturels ainsi que la façon dont les individus sont traités dans notre société ». Elle ajoute « Je suis désormais ravie que mon travail soit reconnu à l’échelle internationale ».
La rouille est synonyme de dommages, de préjudices, de destruction. Pourtant, Yuma Kano a été séduit par sa beauté ainsi que la diversité de ses motifs. Le projet Rust Harvest intègre des éléments naturels tels que la lumière, la pluie, la terre et l’eau de mer afin que la rouille apparaisse sur les plaques de métal. Seule cette rouille est alors décollée, produisant une nouvelle matière une fois additionnée à une résine acrylique spécialement mise au point.
« Depuis mon enfance, je fabrique des appâts de pêche sculptant du balsa. L’artisanat a toujours été ancré en moi », se souvient Baku Sakashita qui a rejoint les métiers de la création après une carrière en médecine. Suki est un travail d’éclairage associant un papier extrêmement fin – Tengujoshi – à une tige délicate en acier inoxydable. Le mot japonais suki signifie à la fois la transparence, la fabrication du papier, la fente et le raffinement. Baku Sakashita déstructure l’éclairage traditionnel en créant un espace entre la source lumineuse LED et les composants en papier au travers desquels filtre la lumière. En fabriquant à la main, il sublime la technique mizubari traditionnellement employée pour l’application du papier sur le shoji (la paroi en papier).
Kodai Iwamoto s’intéresse à la frontière entre perfection et erreur afin de maîtriser et valoriser cet interstice dans son travail. Bentstool est né d’une fabrication low-tech. Les tubes métalliques sont aplatis et cintrés, la déformation de leurs diamètres – à première vue incongrue – assure les fixations du tabouret. Comme par magie, le tube en PVC prend la forme d’un vase via la technique traditionnelle du verre soufflé.
Le Rising Talent Award Craft
Pour la désignation du Rising Talent Award Craft, Aude Tahon, présidente d’Ateliers d’Art de France s’est associée avec le Bureau du design, de la mode et des métiers d’art de la ville de Paris, pour récompenser le céramiste Toru Kurokawa. Ses œuvres abordent les thématiques de l’univers et de la physique, et comptent parmi les collections de musées à travers le monde. « Les pièces sculpturales du japonais Toru Kurokawa sont impressionnantes. Son travail de recherche lui a permis de faire danser ses pièces, de les contorsionner, sans perdre l’équilibre, sans jamais s’écrouler. Il s’appuie sur les qualités physiques et plastiques de la céramique en repoussant ainsi les limites du matériau avec des jeux de volumes et d’équilibre entre le vide et le plein », précise Aude Tahon.