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Quand le design s’inspire du vivant

Photo à la Une : plateau de Loess, village Gao Xing Zhuang, Chine. Territoire entièrement régénéré entre 1995 et 2009 sous la direction de John D. Liu – © Kosima Weber Liu, EEMP

Le design ne cesse de se réinventer pour imaginer de « nouvelles réciprocités » en tous genres. Des sols urbains aux terres agricoles, les designers s’intéressent désormais aux processus de régénération.

Après la production de « beaux objets qui ont du sens » à une échelle plus ou moins industrielle, le design se concentre aujourd’hui sur l’organisation sociale du quotidien par le biais de notre relation à l’environnement. Pour agir sur le réchauffement climatique, des expérimentations urbaines afin de rafraîchir la ville ou la coloniser par le vivant se mettent en place, comme le démontre l’accélérateur de projets innovants FAIRE, lancé par le Pavillon de l’Arsenal et la Ville de Paris. À Bordeaux, l’exposition « Paysans designers, un art du vivant » jusqu’à mi-janvier 2022 au Madd (Musée des arts décoratifs et du design) porte sur ce que les Anglo-Saxons, qui emploient toujours le mot « design » avec précision, dénomment « farming design ». Clin d’œil au projet « Agronica » d’Andrea Branzi (1995) qui proposait alors une fusion de l’agricole et de l’urbain, offrant les conditions structurelles pour s’adapter rapidement aux usages et aux saisons.

Design et agriculture

Une nouvelle génération « de paysans qui cherchent à nous nourrir tout en régénérant les sols et les écosystèmes plutôt qu’en les exploitant » est au cœur de l’exposition, comme l’explique la commissaire et directrice du Madd-Bordeaux Constance Rubini. « Tout comme le fait un designer, ces paysans expérimentent des processus de production. Ils s’inspirent de connaissances anciennes, qu’ils associent à des technologies contemporaines afin de mettre en place de nouvelles pratiques respectueuses de l’environnement. Ces pratiques permettent de se projeter également dans un mode de vie, souvent collectif, et de redonner du sens à un métier dont ils souhaitent désormais maîtriser, si possible, la totalité de la chaîne, du champ à l’assiette. »

Pour aménager ses terres et favoriser des liens vertueux pour le sol et ses cultures, le « paysan designer » prend en compte bien des éléments : terre, topographie, écoulement des pluies, ensoleillement, vents, cycles biologiques de la faune et de la flore… Après les portraits d’une dizaine d’agricultures singulières, la visite se poursuit hors les murs dans les fermes et les vignobles associés à l’exposition. Du design dans les champs au service d’une terre fertile avec le paysage comme visage de l’agriculture.

Bûcherons devant le sequoia millénaire « Mark Twain », Californie, 1892 - © Charles C. Curtis - Library of Congress
Château Coutet, Saint-Émilion, mars 2020 - © madd-bordeaux
Cultures maraîchères, Malabo (île de Bioko), Guinée équatoriale, 2016 - © Jan Ziegler

Article issu du numéro 178 de Business Immo Global.

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