Haut

Au Pavillon de l’Arsenal, « Soutenir » expose les relations entre la ville et le soin

Les liens fragiles entre ville et santé s’exposent au pavillon de l’Arsenal jusqu’au 28 août 2022 avec « Soutenir. Ville, architecture et soin ». Sous la codirection de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury et du collectif d’architectes SCAU.

La crise sanitaire a définitivement inscrit un champ de questionnement pour la ville de demain : accès aux lieux de soin et place de la médecine ; évolution des établissements de santé et prise en charge de toutes les pathologies ; vieillissement de la population et accessibilité des équipements ou logements ; place des sépultures et leurs accès …  

L’exposition « Soutenir » interroge l’histoire du soin avec pour ouverture L’Hôtel-Dieu de Paris. Suit une série de portraits de lieux et de territoires habités ou non, observés sous le prisme du « care », au travers de différentes disciplines médicales, urbaines, philosophiques, artistiques… Sept salles et un rez-de-chaussée présentent des photos d’archives, des œuvres d’art, des engagements et surtout des questionnements… Alors même que la ville a une approche « hypernormée des corps », comme le précise Cynthia Fleury, quelle sera la place pour le soin demain ?  

 

Un parcours organisé autour de sept thèmes  

Depuis la centralité urbaine des premiers hospices jusqu’aux épisodes de mise à la périphérie de léproseries, asiles…), l’acte du soin et ses acteurs ont été progressivement écartés de la cité. Cette distanciation spatiale et sociale s’inscrit dans le parcours d’une bonne santé et de la maladie. L’eau, l’air et la lumière structurent l’aménagement urbain. La ville devient alors un organe à soigner et l’architecture une discipline médicale. L’évolution de l’hôpital et de son architecture reflète celle du soin lui-même par ses différentes formes. Marie Tesson, chercheuse rattachée à l’agence d’architecture SCAU travaillant sur la place des femmes dans l’éthique du care, précise « Il y a une vraie distance entre la pensée de l’architecte et les usages de lieux de soin et de vie, qui restent encore à étudier ».  

L’histoire du soin dans la ville doit aussi être envisagée sous l’angle de la distinction, poreuse, entre ce qui relève du privé et du public. Les morts ont longtemps eu un espace attribué au cœur des villes, puis un mouvement de mise à la périphérie similaire à celui engagé pour les malades s’est produit, jusqu’à bâtir hors du territoire urbain d’autres lieux pour les morts. Il est devenu impératif de reconsidérer notre relation urbaine à la mort, notamment en cette période de crise sanitaire. « L’architecture permet de penser le traumatisme et l’architecture ne peut pas être du négationnisme. Il faut traquer les traces dans un souci de justice réparatrice », indique Cynthia Fleury. Au-delà des centres hospitaliers.

Mais la ville est malade et rend malade, comme l’indique Éric de Thoisy, architecte et directeur de la recherche à l’agence SCAU. « La ville peut produire des pathologies mentales » et il est primordial que le soin soit pris comme une maintenance, une réparation. Dans chaque pièce est « cartographié ce qui n’est pas censé être cartographiable », insiste Éric de Thoisy. Mathieu Cabannes, architecte associé à l’agence SCAU, complète : « Après deux ans de travail, nous voulions montrer la continuité du travail des différents acteurs (architectes, chercheurs…) pour nous donner à tous une direction commune avec comme branches d’études le soin des personnes, des infrastructures et des rapports à l’hygiène du monde ».  

 

« Soutenir. Ville, architecture et soin » (entrée libre)

Pavillon de l’Arsenal

21 boulevard Morland, 75004 Paris

Jusqu’au 28 août 2022

 

Photo : © Salem Mostefaoui