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« Béton de plâtre » au Pavillon de l’Arsenal : et si le plâtre remplaçait le béton ?  

Le ciment est responsable de près de 30,3 % des émissions de CO2 du secteur du bâtiment. Pour pallier ce problème, les architectes de l’agence Ciguë étudient le potentiel du plâtre, un matériau longtemps utilisé dans les constructions parisiennes avant l’arrivée du béton au XXe siècle. L’exposition « Béton de plâtre » au Pavillon de l’Arsenal qui se tient à Paris jusqu’au 6 février prochain, retrace deux années de recherches autour des assemblages possibles dans le but de fabriquer des chapes plus écologiques. 

 

Tout commence par un concours…

En 2020, le Pavillon de l’Arsenal avec la Ville de Paris et le soutien de la Caisse des dépôts, MINI et EDF lancent un appel à projet : FAIRE, un accélérateur de projets architecturaux et urbains innovants. L’agence Ciguë gagne alors un accompagnement financier pour produire une recherche qui consiste à remplacer les chapes en béton de ciment par des sols en chape de plâtre. 

Leur étude entend aussi démontrer les qualités du plâtre comme liant capable de remplacer les agrégats naturels, sable et graviers dont les réserves s’épuisent, par des gravats du bâtiment : briques, tuiles ou béton concassés.

 

… puis des recherches approfondies…

Avec l’appui de l’usine de transformation de gypse en plâtre Vieujot, de chercheurs du laboratoire Granulats et Procédés d’élaboration des matériaux au sein du département Matériaux et Structures de l’université Gustave Eiffel, et du bureau d’études Le Sommer, une série de tests a été réalisée. Les chercheurs voulaient savoir si le mixte de matériaux était suffisamment résistant à la compression, au poinçonnement et à l’abrasion afin de produire un matériau capable de remplacer la chape de béton de ciment. 

Et il s’avère que les bétons de plâtre à base de réemploi de briques et tuiles mélangées présentent une très bonne résistance alors que ceux contenant des agrégats en béton recyclé s’effritent plus facilement. Ces derniers pourraient cependant être mobilisés pour leur capacité de masse et d’isolation acoustique.

 

… qui aboutissent à un projet de construction

Connu notamment pour sa participation au projet de la Samaritaine à Paris, Ciguë s’est aujourd’hui lancé dans un projet d’une tout autre ampleur. En effet, ces recherches s’inscrivent dans un processus d’expérimentation plus long qui va aboutir à la construction d’un bâtiment à usage mixte atelier-logement à Montreuil puis à l’analyse in situ de la pérennité de ce nouveau matériau à base de plâtre.

À partir de la déconstruction du site, l’agence va récupérer l’ensemble des matériaux et  les réutiliser dans la construction de leur nouvelle agence. Le futur bâtiment sera en structure bois, et le nouveau principe de béton de plâtre sera utilisé pour la chape. Ils vont également travailler avec des designers, pour fabriquer des objets de décoration à partir des matériaux récupérés sur le chantier. À suivre…

Photo : © in interiors