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Carte blanche à… SRA Architectes

La grande hauteur, la réhabilitation lourde, les projets complexes développés sur des années ou encore les partenariats avec des agences internationales de renom ne semblent plus avoir de secrets pour SRA Architectes. Portrait d’une agence… experte.

Continuité. Voilà peut-être le mot qualifiant le mieux l’agence SRA qui a 32 ans d’existence et est issue elle-même de l’agence Saubot Jullien fondée en 1964. Continuité dans la transmission de père (Roger Saubot) en fille (Clémence Saubot, architecte associée de SRA [Saubot, Rouit et Associés]), de père (Jean Rouit, pour SRA) en fils (Baptiste Rouit, en passe de devenir associé de SRA et fondateur du Lab). Continuité dans les partenariats avec des agences souvent internationales pour faire le lien afin qu’émergent de grands projets, une des spécificités de SRA et de son agence mère.

La Défense leur doit une dizaine de tours, dont Fiat avec les Américains Skidmore, Owings and Merrill, ELF avec les Canadiens WZMH Architects, pour ne prendre que quelques exemples. Guyancourt leur doit Challenger, le siège de Bouygues Construction conçu par l’Américain Kevin Roche. Paris, l’opéra Bastille du Canadien Carlos Ott. Plus récemment, la capitale a vu revivre la Samaritaine avec l’agence Japonaise Sanaa, l’immeuble du 60 Champs-Élysées qui abrite les Galeries Lafayette réalisées par l’agence danoise BIG, l’îlot Gaîté avec les Néerlandais MVRDV ou encore le siège du Monde avec l’agence norvégienne Snøhetta. « Jusque-là, SRA a collaboré avec huit Pritzker Prices, si on compte David Chipperfield avec qui nous avons seulement déposé un permis de construire », expose Clémence Saubot. « Une des spécificités de SRA est d’être capable de mobiliser des équipes assez importantes pour de tels projets d’envergure. » Continuité de temps, enfin, avec des projets longs comme ceux déjà évoqués, mais aussi la réhabilitation de la tour First (2003-2011, La Défense), les phases 3 et 4 de la réhabilitation de la Maison de la radio et de la musique, à Paris (2013-2022), par exemple.

Traduction

SRA a la réputation d’accompagner au mieux des architectes étrangers, souligne Baptiste Rouit. Et de continuer : « Notre métier est un peu celui d’un traducteur, du japonais au français si l’on prend pour exemple la Samaritaine. » Avec ce projet, l’agence a dû adapter une écriture nippone, travailler différemment. Elle développe les projets a minima à 50/50, de l’esquisse à la livraison, cosigne les permis de construire même si elle n’est pas mandataire. « Nous essayons de faire en sorte de respecter cette implication avec des phases plus ou moins appuyées, enchaîne Clémence Saubot. Quelque part, nous sommes là où les autres architectes ne sont pas. Nous essayons de combler tous les vides. »

Approche

Outre le pôle Association qui constitue le cœur historique de l’agence, SRA s’articule autour de trois autres pôles : Architecture, Lab et Moex (maîtrise d’œuvre d’exécution). L’approche de SRA consiste à accompagner au mieux le projet et ses intervenants, de la conception à la réalisation. SRA a développé le pôle Moex car l’agence a pour habitude de réaliser ses projets. « En étant associé au projet dans sa phase de réalisation, nous sommes à même de savoir comment arbitrer, puisque nous le connaissons sur le bout des doigts, développe Baptiste Rouit. Une maîtrise d’œuvre externe va plutôt regarder les chiffres et faire des choix qui auront moins de sens. »

Expertise

L’expertise de la hauteur et de la complexité avec les projets de tours à La Défense réalisées par Saubot Jullien, un savoir-faire relayé par les générations suivantes, s’est déplacée de la construction neuve à la réhabilitation, un marché vers lequel s’est orienté La Défense depuis une vingtaine d’années. Par exemple, l’agence a été mandatée en partenariat avec Kohn Pedersen Fox pour réhabiliter Window, un immeuble qui s’appuie sur le toit du centre commercial Les Quatre Temps, réalisé en 1982 par Saubot Jullien. Ou encore la rénovation de Challenger, qui abrite le siège de Bouygues Construction évoqué plus haut. En 2008, le groupe demande sa rénovation énergétique complète pour en faire un bâtiment à énergie positive. « C’était un travail d’orfèvre, se souvient Clémence Saubot. Nous avons changé les façades pour créer des doubles peaux ventilées, ajouté des panneaux photovoltaïques. Aujourd’hui, toutefois, l’approche serait plus passive. »

Recherche

La réhabilitation des tours à La Défense pose la question de la mixité. Un sujet qui s’inscrit pleinement dans les axes de recherche menée chez SRA. Créé en 2019, un Lab lui est dédié. « Avec le Lab, notre objectif vise le long terme, résume Baptiste Rouit, chargé de son développement. Nous essayons de définir des pistes de recherches pour pouvoir créer par la suite un véritable pôle Recherche & Développement qui puisse alimenter nos projets. » 

Pour revenir à la mixité des tours, celle-ci est née d’une question : que faire des tours construites dans les années 1980 ? SRA, dans le cadre d’ateliers organisés par Paris La Défense, en a fait un « business case » en se demandant comment intégrer la mixité dans une tour. À cette question plusieurs réponses, selon Baptiste Rouit. Créer un socle mixte tout en connectant la tour à son environnement, une solution qui interroge sur l’accessibilité, le parking à vélo, l’accès des différents usagers… Travailler la profondeur des plateaux dans les étages courants en ouvrant par exemple des trémies de manière à relier des niveaux. Créer des doubles hauteurs côté façade aux étages nobles. Mais tout cela pose les questions de la surface perdue, de la sécurité incendie, de l’invasivité en matière de structure… La question du logement se résout d’un point de vue du plan, mais soulève celle du prix de sortie des appartements… La question des rooftops soulève celle des accès par ascenseurs. « Peut-être que l’on pourra mieux gérer les rooftops s’ils restent accessibles à tous les usagers », évoque Baptiste Rouit. 

Pour l’architecte et futur associé, la mixité permet de pallier la suroffre et la monofonctionnalité. Elle devient une nécessité et correspond à une demande de l’aménageur de La Défense. « Nous défendons l’idée que, d’un point de vue architectural et technique, la mixité fonctionne dans les immeubles de grande hauteur (IGH). Elle impose un surcoût dû à la réglementation, ce qui ne permettait pas de s’en sortir avec un budget raisonnable jusqu’à présent », analyse l’architecte. « Mais aujourd’hui, les données financières changent et des projets de ce type sont à envisager dans les années à venir. »  

© SRA Architectes

Article issu du Business Immo Global 195.

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