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Du bois brûlé pour Black à Clichy

Implanté à Clichy, à quelques minutes du Tribunal de grande instance, le projet de l’immeuble Black se déploie sur un campus urbain de 2 ha qui fait une très grande place à la nature. Imaginé par l’agence Emmanuel Combarel Dominique Marrec Architectes, porté par Redman et Axa IM Alts, le projet qui totalise 47 000 m2 se développe horizontalement avec une façade de 100 m de longueur permettant de créer un lien entre le bâtiment et l’espace public. Avec une livraison prévue fin 2023, il a fait l’objet d’un repositionnement environnemental de la part de ses acteurs qui ont revu en cours de route leurs ambitions en se fixant pour objectif le label BBCA (bâtiment bas carbone). « Pour ce faire, nous avons cherché toutes les sources d’économie de carbone possibles, dont la façade, mais avec une contrainte d’image : nous voulions un bâtiment noir, comme à l’origine du projet », se souvient Matthias Navarro, fondateur et CEO de Redman. Celle-ci était en effet prévue à l’issue du concours en 2014 en Alucobond, un panneau composite d’aluminium choisi de teinte noire. La réflexion s’est alors portée sur le bois brûlé (ou bois stabilisé) dont la technique de mise en œuvre, le « Yakisugi » originaire du Japon, est encore peu usitée en Europe.

Issu d’une tradition japonaise datant du XVIIIe siècle, le « Yakisugi », littéralement « planche de cèdre brûlé » consiste en la carbonisation de planches de « sugi » (cèdre) utilisées alors pour les revêtements de façade, les clôtures et les terrasses pour leurs vertus de résistance et esthétiques. Abandonnée peu à peu au profit de matériaux plus modernes tels que le plastique ou le ciment, cette technique a regagné en popularité au Japon dans les années 1970. Sa redécouverte aux États-Unis et en Europe remonte aux années 2000. Le Yakisugi commence à apparaître sur les façades de maisons et sur du mobilier. Cette technique peut être appliquée avec d’autres essences comme le cyprès, l’épicéa, le noyer ou le pin radiata comme pour Black.

« La filière n’existe pas en France, nous sommes en train de la mettre en place », développe Germain Aunidas, Head of Development chez AXA IM Alts. Le bois brut provient de Nouvelle-Zélande. Redman a réuni les acteurs de sa transformation, de l’importateur au poseur en passant par le brûleur et l’assembleur. » Et Matthias Navarro de préciser : « La réduction du poids carbone du produit global, y compris son transport, est sans commune mesure avec une façade qui aurait été revêtue d’aluminium. »

Le traitement du bois par brûlage a de nombreux avantages : une meilleure tenue dans le temps (les Japonais assurent que ce matériau peut durer 100 ans ; il est garanti 50 ans pour Black), ne s’altère pas sous les rayons du soleil, résiste à la moisissure et aux insectes. De plus, ce matériau est vivant. Il présente des craquelures et des aspérités qui vont dialoguer avec son environnement. Voire l’enrichir.

« Black va être le plus grand immeuble en Europe en bois brûlé avec la technique Yakisugi » conclut Germain Aunidas. Une démarche dont nous n’avons pas trouvé d’équivalent dans le monde. »

Photo : © L’Autre Image