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[Exposition] : « Espaces ferroviaires, trois quartiers post-carbone » qui vont faire la ville

En partenariat avec Espaces ferroviaires, le Pavillon de l’Arsenal, à Paris, présente l’exposition « Espaces ferroviaires, trois quartiers post-carbone » jusqu’au 20 août 2023. L’occasion de revenir sur trois opérations de requalification de friches ferroviaires dans la capitale qui se veulent pionnières à plusieurs titres. Explications. 

 

« Il est des expositions où il semble essentiel de montrer la ville en train de se faire avec des espaces pionniers », dit en préambule Marion Waller, directrice générale du Pavillon de l’Arsenal pour présenter « Espaces ferroviaires, trois quartiers post-carbone » qui se tient jusqu’au 20 août 2023. Aujourd’hui, avec l’optimisation de l’activité ferroviaire, de vastes emprises foncières se libèrent au sein de la capitale. Trois d’entre elles en particulier font l’objet de projets architecturaux et paysagers présentés ici et se veulent pionnières en termes d’écologie urbaine, de transformation du patrimoine, de renaturation et de création de sols vivants, de préservation des ressources, mais aussi de qualité architecturale et de richesse des espaces à vocation sociale et culturelle. « Créer la générosité des espaces publics, une urbanité aimable, une densité acceptable et revaloriser le patrimoine, tels sont les enjeux de ces projets », souligne Fadia Karam, directrice générale d’Espaces ferroviaires. 

 

Le Jardin des Mécanos (Paris 18e) 

Le Jardin des Mécanos, dans le 18e arrondissement de Paris, opération portée en partenariat avec le groupement Emerige-Ogic, ICF Habitat, Paris Habitat et la Ville de Paris, s’étend sur 3,7 ha de surfaces reconverties. « Pour son aménagement, nous avons convoqué l’ADN du site en développant trois pôles : la construction bois, une approche bioclimatique et une forme urbaine qui intègre le patrimoine », indique Christian Biecher, le maître d’œuvre. 

Des éléments de patrimoine remarquables, tels que des ateliers d’entretien des locomotives, sont préservés : grands volumes, sheds et ponts roulants viendront témoigner de l’histoire du site et qualifier son identité urbaine. Le programme bâti se compose pour moitié de logements et pour moitié d’usages collectifs regroupés en trois îlots implantés de part et d’autre d’un jardin central de 1,5 ha et reliés au tissu urbain par une voie centrale. Conçu par l’agence de paysage SLA, l’espace public sera bordé en rez-de-chaussée d’immeubles transparents qui abritent des commerces et des activités. 

Une approche bioclimatique détermine la forme urbaine qui favorise, entre autres, la ventilation naturelle des logements et la circulation de l’air par les espaces extérieurs afin d’éviter les îlots de chaleurs. « Avec ce projet, les espaces rejetés deviennent des lieux de polarité, complète Fadia Karam. Il permet d’inverser les regards sur des lieux rares dans la ville. » 

Le Jardin des Mécanos, Paris 18e. © Luxigon

Les Messageries (Paris 12e) 

D’une surface de 6 ha, le site des Messageries (Paris 12e) est très contraint, car il s’étend sur une bande de 800 m de long et de 15 m de large qui s’inscrit dans un tissu urbain poreux. La stratégie élaborée par l’agence Rogers Stirk Harbour & Partners, le maître d’œuvre, a pour objectif premier de créer une transition douce entre le réseau ferroviaire et la ville actuellement séparés par une forte déclivité ; L’agence travaille à recoudre le tissu urbain dans trois dimensions en prenant en compte les dénivelés et les continuités piétonnes. Un vaste espace public largement végétalisé vient donc connecter ce nouveau quartier au maillage urbain existant dans une série de pentes douces et accessibles à tous. Comme l’ajoute le paysagiste du projet, Michel Desvigne, « les continuités écologiques que nous allons créer, même si elles sont petites, sont considérables ». Sans parler d’une perméabilité retrouvée du site qui permettra de limiter les impacts des fortes chaleurs et des orages. 

Par ailleurs, la grande densité prévue sur ce site sera compensée par la composition architecturale qui a pour ambition d’en faire un lieu particulier pour le qualifier. « On a cherché a dédensifier et à apporter de la porosité », continue l’agence Franck Boutté Consultants, bureau d’études ingénierie environnementale qui est partie prenante du projet. « Parmi les autres leviers, l’accent a été mis sur l’engagement des acteurs et citoyens dans la transition écologique de ce projet en programmant autrement. » 

Les Messageries, Paris 12e. © Luxigon

 

Hébert (Paris 18e) 

S’étendant sur 5,2 ha, cette ancienne plate-forme de stockage engage sa mue pour s’ouvrir à la ville. Portée par l’agence Laq (architecture et urbanisme) et Osty et Associés (paysage), l’opération vise à poursuivre les tracés interrompus par les voies ferroviaires pour se greffer au quartier environnant. L’ambition également est de promouvoir un quartier vivant qui s’appuie sur une programmation mixte avec pour ambition l’arrivée à terme de 3 500 emplois et 1 500 nouveaux habitants. 

L’opération fédère les différents programmes autour d’un square central végétalisé et ramifié d’allées et venelles pour créer un îlot de fraîcheur de 1 ha. « Pour concevoir cet espace public, nous nous sommes accrochés au paysage parisien, mais aussi ferroviaire », complète Jacqueline Osty. 

Côté architecture, il s’est agi de « malaxer la densité », indique Claire Schorter de l’agence Laq. Les formes bâties font écho aux tissus voisins, variés et hétérogènes. Elles osent les contrastes de maisons superposées autour de passages « à la parisienne » et de bâtiments hauts offrant des vues lointaines sur l’horizon ferré. 

 

Quartier Hébert, Paris 18e. © François Marcuz

 

Au total, ce sont 15 ha de fonciers requalifiés, 900 arbres plantés, 1 800 logements qui seront construits pour accueillir 4 000 habitants. À travers ces trois opérations, « notre démarche réinterroge le modèle de transformation de la ville sur elle-même, à toutes les échelles et dans tous les usages, développe Fadia Karam. Au travers du recyclage des fonciers artificialisés en quartiers vertueux (ce qui n’est pas antinomique avec économique), elle vise à produire une nouvelle génération de ville, accessible à tous ». Livraisons prévues entre 2026 et 2029. 

 

 

« Espaces ferroviaires, trois quartiers post-carbone »

Pavillon de l’Arsenal, 21, boulevard Morland, 75004 Paris

Jusqu’au 20 août 2023

Photo en une : le Jardin des Mécanos. © Luxigon