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« Il y a toujours en moi cette dualité entre la recherche et le projet à produire à un instant T »

Photo à la Une : © Naço Architectures

L’agence Naço Architectures a la trentaine. Un anniversaire fêté discrètement par l’architecte argentin Marcelo Joulia avec un livre1 et une exposition2 . L’occasion pour son fondateur de revenir en arrière. Entretien. 

Business Immo Global : Naço Architectures fête sa trentaine. Pouvez-vous en dire davantage ?  

Marcelo Joulia : Fondée en 1990, l’agence Naço Architectures a 30 ans depuis peu. Dans mon esprit, je suis passé de « vieille agence » à « une agence qui a duré », qui dure encore. Durer, ça veut dire que nous avons construit et construisons encore, que nous avons de nouveaux clients. À cette occasion, nous éditons un livre pour lequel les graphistes ont réalisé un travail d’archéologie à travers les archives de l’agence. Ils ont regardé en arrière – ce que je ne fais jamais, car je suis trop occupé à aller en avant – pour faire cet Ovni en papier argenté publié par Ibernon, un petit éditeur implanté à la cité radieuse de Marseille. Ce livre n’est pas un arrêt sur image, même s’il revient sur la production de l’agence qui mêle architecture, architecture d’intérieur, design et graphisme : immeubles, hôtels, restaurants, mais aussi tee-shirts, vélos et autres bateaux…

BIG : Pourquoi cette vision à 360° ?

MJ : L’agence s’est installée boulevard Diderot, dans le 12e arrondissement de Paris, où se trouvaient à l’époque les artisans. C’est ce qui me plaisait. Je voulais créer des objets, des scénographies, de l’architecture intérieure. Je n’avais pas les contacts pour faire de l’architecture, et participer à des concours pour quelqu’un qui n’était pas Français restait très compliqué. Il fallait donc que je trouve une autre voie pour devenir maître d’œuvre tout en cherchant à étancher cette soif de faire qui est ancrée en moi. L’agence a donc commencé avec le design, l’architecture d’intérieur et la communication… comme tout le monde maintenant. Aujourd’hui, j’ai à mon actif beaucoup de projets d’architecture. Certains clients ont compris ma capacité à mener des projets dans un esprit d’ouverture comme, par exemple, en prenant en compte l’évolution des usages, notamment dans la restauration et l’hôtellerie. 

BIG : Quels sont vos principaux faits d’armes ? 

MJ : Certains projets qui n’existent pas, comme un monument aux disparus d’Argentine… La maison Julian, une restructuration en bois cintré avec un arbre qui pousse au milieu. Un pavillon près d’Arles en cours d’achèvement, mon futur atelier de création, une utopie qui se construit. Une dernière folie moderniste d’après l’architecte François Leclercq, avec du béton très technique et de larges baies coulissantes en verre. Au niveau du design, c’est la radio Bianca M qui fait aujourd’hui partie de la collection permanente du Centre Pompidou, un objet qui crée du lien entre l’homme et la machine. J’avais aussi imaginé une télévision portative pour Sagem… Il y a toujours en moi cette dualité entre la recherche et le projet à produire à un instant T. Les clients qui me connaissent savent que je peux aller loin. Ils s’adressent à moi pour cela.

BIG : Avez-vous toujours cette soif de demain ? 

MJ :  Avec le temps, elle a évolué. La culture emmagasinée permet d’aller plus vite, même en étant moins agile avec le temps. J’ai cette envie de demain plus qu’avant, parce que mon demain de demain est plus court que celui d’hier. Ainsi, les choses vont plus vite avec toujours la même condition : l’envie de faire. 

1 Marcelo Joulia – Naço Intuition,  Éditions Imbernon, Marseille, 2022.

2 « Naço, 30 ans de création », du 25 novembre 2022 au 5 janvier 2023, RBC, 40 rue Violet, 75015 Paris.


Article issu du Business Immo Global 190.

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