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Le Mixed-Use, une valeur qui consolide l’attractivité du lieu

Le 15 novembre dernier, l’agence Saguez & Partners a organisé au Shack, à Paris, une deuxième conférence autour du Mixed-Use, un sujet qui s’inscrit aujourd’hui pleinement dans la réflexion des acteurs immobiliers, mais aussi penseurs de la ville. Une conférence éclairante et inspirante. Décryptage.

 

Olivier Saguez, le fondateur de Saguez & Partners a ouvert la séance en rappelant que le mot « Mixed-Use » véhicule avant tout la question de l’usage et que le bâtiment doit s’adapter à la vie de ses usagers et non l’inverse. Si la tour de Babel, la Cité radieuse de Marseille, le Familistère de Godin restent des utopies (construites), la mixité d’usage aujourd’hui correspond à une attente très forte, car « elle permet d’aller plus vite, de réaliser des économies de temps et de surface ». Pour Virginie Parisot, DGA Stratégie associée chez Saguez & Partner, le Covid a représenté « une grande bifurcation » et fait émerger la nécessité de créer du lien. Ce que confirme le sociologue Stéphane Hugon. Selon lui, le Mixed-Use soulève deux questions : celle du lien et celle du sens. Le lien doit trouver à travers les lieux une sanctuarisation et le sens tient en une question : « Quelle est la promesse relationnelle de ce lieu ? » « L’espace est là aujourd’hui pour retrouver du collectif, favoriser les expériences relationnelles », soutient-il. Il y a donc urgence à repenser les projets en y regroupant des usages mixtes.

Telle est la première leçon de la crise du Covid, la deuxième étant de prendre en compte impérativement les enjeux climatiques à l’échelle des immeubles et de la ville : « Il faut réduire les impacts environnementaux de nos modes de vie », déroule Loïc Chesne, directeur de projet de l’agence environnementale Franck Boutté Consultants. Un point qui converge avec la mixité d’usages, car mutualiser les biens et les services a pour vertu de réduire bien sûr les coûts d’exploitation, mais aussi de favoriser la neutralité carbone. À plus long terme, « il faut considérer la régénération de la ville sur elle-même et accueillir des successions d’usages pour une ville résiliente », continue Loïc Chesne. Pour lui, la mixité programmatique crée des synergies entre les composantes urbaines. Il faut donc penser la ville avec ces interactions, d’autant plus que l’attractivité des programmes et la sobriété énergétique permettent de consolider le volet économique.

« La diminution des mètres carrés et les modèles hybrides multipliant les usages transforment le marché », ajoute Armel Ract-Madoux, Partner Financial Advisory chez Deloitte. Le Mixed-Use s’inscrit dans la logique de la charte d’Aalborg édictée en 1994, une anti-charte d’Athènes prônant la densité et la mixité des fonctions urbaines pour rendre la ville plus durable. « Il semble impossible de ne pas réfléchir à l’évaluation ou à la rentabilité, même si ces projets sont des moutons à cinq pattes qui demandent à être étudiés dans le détail », continue-t-il.

Loïc Chesne rappelle que le Mixed-Use intègre trois valeurs : financière, d’usage et d’impact. Car pour lui, prendre en compte l’environnement crée une valeur environnementale : « Elle doit devenir une valeur prioritaire, car elle génère de la qualité d’usage qui consolide l’attractivité du lieu. » CQFD.

 

Photo : © Saguez & Partners