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Les « légèretés manifestes » de François Azambourg au musée des Arts décoratifs de Paris

Jusqu’au 2 juillet 2023, le musée des Arts décoratifs, à Paris, consacre à François Azambourg une exposition intitulée « Légèretés manifestes » qui permet de découvrir le monde insoupçonné de l’une des grandes figures du design français. François Azambourg travaille sur le peu et la sobriété, est en prise avec les enjeux écologiques, prône les « petites solutions ». La scénographie de l’exposition, construite avec une économie de moyens en upcyclant des matériaux in situ – les tables sont en fait des panneaux de bois utilisés pour protéger les sols, des vitrines ont été transformées en boîtes à lumière pour présenter en ombres chinoises les « refusés de l’exposition » –, en est la parfaite illustration.

Près de 200 pièces – mobilier, vases, luminaires, mobiles – issues du studio du designer, des fonds du musée des Arts décoratifs, du Centre Pompidou, de maisons d’édition, etc. y sont présentées au sein d’un parcours thématique qui illustre l’essence même du travail du designer depuis ses débuts jusqu’à la création industrielle en passant par ses nombreuses expérimentations.

 

Explorations

L’exposition présente pour commencer les premières créations de François Azambourg qui dévoilent son attirance pour les avions (il voulait être pilote), les oiseaux, la musique, le monde du vivant et de la technique. Pour lui, le design est à la croisée de plusieurs chemins. La question du matériau vient très vite dans son travail, comme le montre la suite de l’exposition à travers ses expérimentations et explorations de techniques inédites pour produire des structures légères et triangulées comme la chaise « Very Nice » (2003), en balsa qui ne pèse pas plus de 700 g. « J’ai une marotte, je soupèse tout, souligne François Azambourg. Ce qui est léger m’est sympathique. » Il a la légèreté, « condition sine qua non pour que les oiseaux volent », pour référence.

Il investigue également du côté de ce qu’il nomme un « sandwich souple », soit une mousse molle prise en étau entre deux éléments de bois ou de cuir. « Une souplesse venue de l’aviation que l’on peut adapter à l’univers domestique », continue le designer. L’exposition présente des prototypes comme des tentatives avortées jusqu’au résultat final, pour « transcrire la vérité de l’atelier avec des thèmes qui reviennent tels des ritournelles. » Les ratés et les loupés comme ces chaises en textile gonflées de mousse polyuréthane témoignent de ses explorations du monde de la matière et de son goût pour développer de nouveaux champs opératoires. Ou comme ces chaises en bois moulé, en métal froissé et plié (fauteuil « Grillage », 2018)…

 

Matières naturelles

La dernière salle révèle l’influence des matières naturelles sur le travail du designer. Que ce soient les constructions d’insectes comme les termitières ou les nids d’abeille à la fois légers et rigides. Mais c’est aussi le veinage du bois qui l’inspire avec par exemple le vase « Douglas ». Soufflé dans un moule en bois de Douglas, le vase en verre prend la marque du veinage de celui-ci, exprimant alors l’empreinte même de la nature environnante.

En 2015, une résidence au Japon lui inspire d’autres explorations du bois, notamment avec les copeaux. Il fabrique ainsi un paravent d’une légèreté absolue avec ce matériau de rebut, ou investigue le bois fendu pour réaliser un fauteuil.

 

« François Azambourg réalise des objets à part dans le monde du design, explique Cloé Pitiot, commissaire de l’exposition et conservatrice au département moderne et contemporain du musée des Arts décoratifs. Il ne produit pas en grandes séries et préfère réfléchir à l’âme des objets pour donner envie de les garder le plus possible. » Son travail s’inscrit à la croisée de l’industrie et de l’artisanat. « Pour moi, François Azambourg est le William Morris du XXIe siècle », souffle-t-elle. Créateur, poète, engagé…

 

« Légèretés manifestes. François Azambourg designer », musée des Arts décoratifs, Paris, jusqu’au 2 juillet 2023.

Photo : Vues de l’exposition — © Les Arts décoratifs / Photo : Christophe Dellière