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Carte blanche à… Raphaël Ménard, Arep

Photo à la Une : © Arep, photographe : Maxime Huriez

De bout en bout des projets et quelle que soit leur échelle, la préoccupation environnementale préside aux choix d’Arep. Éléments d’explications de Raphaël Ménard, président de cette agence d’architecture pluridisciplinaire, filiale de SNCF Gares & Connexions.

Architecture, urbanisme, design, ingénierie, programmation, conseil et management de projet, autant d’expertises que l’agence Arep, filiale à 100 % de SNCF Gares & Connexions, embarque. Cette agence pluridisciplinaire dont les projets emportent les questions d’architecture et de mobilité, avec ses 1 000 collaborateurs, ses ramifications dans le monde entier et un peu plus de 122 M€ de chiffre d’affaires en 2019, se place en tête des agences d’architecture françaises. Fondée en 1997 par Étienne Tricaud et Jean-Marie Duthilleul, elle est présidée depuis fin 2018 par Raphaël Ménard, architecte-ingénieur, enseignant et codirecteur du troisième cycle post-carbone à l’École nationale supérieure d’architecture de la Ville et des Territoires. Son ambition ? Il l’affiche ouvertement : « Qu’Arep devienne une référence en matière d’architecture durable. » Et de préciser : « Le 12 décembre dernier, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a appelé le monde à “déclarer l’état d’urgence climatique”. Nous sommes conscients de nous trouver à un point de bascule environnementale. » Alors pour aborder correctement ce « tournant écologique », l’agence a récemment été réorganisée, avec notamment l’arrivée de Philippe Bihouix, spécialiste des ressources non renouvelables et promoteur de l’innovation par les low-tech, au poste de directeur général. « Nous souhaitons offrir à nos clients toutes les solutions concrètes, sobres, résilientes, quelle que soit l’échelle du projet, pour inventer un futur post-carbone », assure Raphaël Ménard.

Plutôt que de s’appuyer sur des certifications et référentiels extrêmement techniques de type Leed ou Breeam et de déléguer les questions environnementales à des bureaux d’études ou des consultants, Arep a mis au point une démarche de projet, EMC2B, qui s’appuie sur cinq paramètres : énergie, matière, carbone, climat et biodiversité. Cinq objectifs sous-tendent ce programme : se libérer des énergies fossiles et construire un futur renouvelable ; documenter la provenance et le réemploi des matériaux ; porter le bilan carbone du projet ; garantir le confort et la résilience climatique ; participer à la préservation de la biodiversité. En intégrant ces exigences à tous ses projets, l’agence aspire à apporter des solutions créatives et simples, mais également économiques et pérennes.

« Nos projets, nous les concevons comme des engagements visant à doter l’avenir d’infrastructures vertueuses, capables de répondre aux défis environnementaux. Nous souhaitons faire de toute situation un terrain de jeu où créer un territoire entièrement renouvelable », affirme le président d’Arep.

Une gare écodurable à Nîmes

Récemment achevée, la gare écodurable Nîmes Pont-du-Gard témoigne de cet engagement au long cours. Nichée en périphérie de la ville sur un site boisé de 27 ha planté d’espèces méditerranéennes, elle laisse découvrir son volume aux visiteurs à travers les arbres : un parallélépipède à la dimension intemporelle surmonté d’une grande toiture protectrice, clin d’œil au Carré d’art de Nîmes réalisé par sir Norman Foster en écho lui-même à l’antique Maison carrée. D’une surface de 2 093 m², l’ombrière qui coiffe le bâtiment est soutenue par des poteaux en bois hauts de 9 m. Sous le climat méditerranéen du site, elle protège les voyageurs des rayons du soleil et filtre la lumière. Les façades entièrement vitrées qui créent une continuité visuelle sur le paysage environnant sont également protégées au sud-ouest et au nord-ouest par de grands « voilages » verticaux de bambous. Un bâtiment annexe de services qui présente des parois de béton composé d’agrégats locaux vient se glisser sous la toiture et protège du mistral. « Cette gare se veut emblématique de nos ambitions écologiques, souligne Raphaël Ménard. Nous avons composé avec l’écosystème existant du site pour en faire une gare-jardin. » Confort, paysage, biodiversité, tels sont les maîtres mots de ce lieu de transit.

L’écoconception a guidé le projet pour favoriser le confort thermique avec notamment une ventilation naturelle et des pare-vent, la gestion de l’eau grâce à des noues, l’utilisation de matériaux locaux et le respect de la biodiversité à travers la protection de la faune et de la flore du site. Par ailleurs, les ombrières du parking paysager intègrent 7 700 m² de panneaux solaires. L’électricité excédentaire qu’ils produisent est injectée dans le réseau local, la gare participant alors à l’amélioration du mix énergétique territorial.

« Cette gare embarque de nombreuses solutions visant à la transition énergétique », ajoute-t-il. Avec une question à la clé relative au climat : comment le projet va-t-il se comporter quand, dans quelques années, il fera plus chaud ? « On peut envisager une gare comme un refuge climatique parce qu’il fait 35°C dehors et qu’elle constitue un espace public accueillant en matière thermique grâce à une conception écodurable », conclut le président d’Arep. Havre de paix climatique et sensoriel, c’est en tout cas la promesse de la gare de Nîmes-Pont-du-Gard.

Gare de Nîmes-Pont-du-Gard, le hall et son espace d’attente avec du mobilier signé également Arep - © Arep, photographe : Didier Boy de La Tour

Carte blanche issue du n°14 d’in interiors. Pour le découvrir dans son intégralité, cliquez ici.