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« Jeter du mobilier va devenir un acte extrêmement culpabilisant »

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L’édition 2022 du salon EquipHotel a été l’occasion pour in interiors de décrypter les tendances en matière de mobilier dans le secteur de l’hôtellerie très bousculé par la pandémie du Covid. Max Flageollet, directeur de Ligne Roset Contract, a fait le point.

 

Propos recueillis par Emmanuelle Graffin

 

in interiors : Quelles sont les tendances actuelles de l’hôtellerie ?

Max Flageollet : Le Covid a bouleversé le milieu de l’hôtellerie et l’a obligé à se remettre en question. Nous n’avons plus aucune certitude, les avis changent à peu près tous les trois mois… Il suffit de prendre pour exemple la place des espaces de travail. Un vrai sujet. Il n’y a pas longtemps, certains affirmaient que le bureau dans les chambres allait disparaître, parce que les gens préféraient travailler dans les espaces communs. Même Novotel, repéré pour ses bureaux dans les chambres, ne proposait pas dans ses nouveaux concepts avant-Covid de vrais bureaux dans les chambres. Une table basse faisait office de bureau, la chaise disparaissait. Or récemment, j’ai été sollicité par des directeurs d’hôtels pour y installer de vrais bureaux. Les gens se sont rendu compte que travailler nécessitait une certaine confidentialité et du confort. C’est ce que recherchent les cadres de 40-50 ans et même les jeunes aujourd’hui. Nous sommes donc en train de revenir à un bureau dans les chambres qui était en train de disparaître. Les choses vont très vite.

 

ii : D’autres tendances émergent-elles post-Covid ?

MF : La deuxième tendance forte concerne la prise en compte de la RSE. Elle va beaucoup plus vite que ce que je pensais. Les résistances restaient importantes avant le Covid. Elles passent peu à peu et non pas forcément grâce aux architectes d’intérieur qui ont porté les premiers un discours sur le sujet, mais, au final, ne sont pas décisionnaires. Les quelques grands groupes hôteliers, dont Accor, se sont saisis de la question, accélérant le mouvement. Les fournisseurs de mobilier recevront bientôt des questionnaires sur leurs produits avec une grille de notation. Si la note n’est pas bonne, les clients ne concluront pas le marché. Ce n’est donc plus la politique environnementale qui sera jugée, mais chacun des produits. Ils devront être en cohérence avec la politique environnementale du donneur d’ordre.

 

ii : Toujours en lien avec la RSE, quid de la recyclabilité du mobilier ?

MF : Effectivement que fait-on avec un mobilier après son utilisation ? Le jeter va devenir un acte extrêmement culpabilisant. Et pour l’hôtelier et pour nous. Ne plus le reprendre sera compliqué. En la matière, le Covid a beaucoup accéléré les choses. Il a fait réfléchir. La nécessité de passer du green washing à une vraie démarche de recyclage s’est imposée, afin de répondre aux attentes des consommateurs.

 

ii : De manière à illustrer cette tendance, pouvez-vous détailler quelques avancées de Ligne Roset en la matière ?

MF : Pour les particuliers, nous proposons par exemple que chaque canapé ou fauteuil Togo récupéré soit recyclé ou reconditionné.

Pour l’hôtellerie, nous avons entre autres réalisé un concept de chambre pour Novotel avec Ramy Fischler à destination des franchisés. Le mobilier consiste en des structures revêtues d’un tissu de manière à ce que l’hôtelier puisse le changer tout en les conservant. Ces meubles ont une durée de vie beaucoup plus importante.

 

Photo : Le stand Ligne Roset à EquipHotel. © Aude Lemaitre