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Le bois pisé : une technique ancestrale revisitée par T3 Architecture

La technique du pisé remonte au Moyen Âge ainsi qu’au XIXe siècle dans différentes régions françaises, en particulier en Rhône-Alpes. La méthode consiste à déposer dans des banches, de la terre en lit d’une vingtaine de centimètres et damée à la main ou à l’aide d’un fouloir pneumatique. La cohésion est ainsi uniquement assurée par le compactage des différentes granulométries de la terre : « Ni eau ni liants ne sont ajoutés. Il s’agit uniquement d’un compactage de terre sur 20 cm. Cette technique n’est pas réalisable avec toutes les terres, mais beaucoup le permettent », explique Christophe Pinero, architecte et cofondateur du cabinet T3 Architecture.

Mais alors, quelle est la différence entre le pisé et le bois pisé ? Afin de réduire l’épaisseur et le poids des murs (environ 45 à 50 cm de large pour un mur conventionnel), T3 Architecture a développé une technique de remplissage en pisé dans une ossature bois. En effet, convaincue que le bois pisé est particulièrement adapté à la construction en climat méditerranéen, l’agence T3 Architecture, située à Marseille, en a fait sa marque de fabrique pour les constructions visant des économies énergétiques : « Le bois pisé est un très bon régulateur d’hydrométrie de l’air. Il a la capacité de stocker l’eau, puis de la restituer par évaporation afin de rafraîchir l’air, notamment sur des sites proches de la mer. En raison de sa masse, un mur en pisé augmente l’inertie d’un bâtiment ce qui permet de lisser les variations de température et de différer les pics (déphasage) », ajoute l’architecte.

Cette technique a plusieurs atouts. Tout d’abord, elle permet de réaliser des murs plus rapidement et de faciliter le calcul des structures qui peut être réalisé par un bureau de structure bois traditionnel, et de ce fait, le coût des fondations. De plus, utiliser la terre du site permet d’éviter toutes les problématiques du transport et de compléter les structures bois, elles-mêmes responsables.

En vue du réchauffement climatique et des nouvelles réglementations énergétiques, les méthodes de construction traditionnelles et biosourcées telles que le pisé connaissent un regain d’intérêt auprès des particuliers. En effet, Christophe Pinero qui a toujours été proche des matériaux naturels et a commencé à vouloir développer de nouveau cette technique il y a 15 ans, voit depuis seulement quelques années des autoconstructeurs s’y intéresser : « À l’époque, l’idée prenait difficilement, les mœurs n’étaient pas aussi liées à l’écologie qu’aujourd’hui. Désormais, nous remarquons que l’intérêt est plus important, même si cette technique reste un secteur de niche, car nous avons du mal à convaincre les ingénieurs ou bureaux d’études que le pisé n’est pas porteur », explique Christophe Pinero, « Et c’est parce que je ne trouvais pas d’acteurs locaux pour faire un mur en pisé que je me suis tourné vers les charpentiers. Il y a très peu d’entreprises qui le font, et quand ils le font, c’est pour de gros projets, ils ne se déplacent pas pour faire un mur dans une maison », conclut l’architecte. 

L’agence T3 Architecture ne se décourage pas pour autant, continu a faire des essais et crois toujours en l’avenir de cette technique qui selon elle n’en est qu’au début de son développement.

Photos : © T3 Architecture