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« La Semaine pour la QVT montre qu’il est possible de mobiliser dans les entreprises pour trouver de meilleures façons de fonctionner collectivement »

Pour la 17e année, le réseau Anact-Aract organise la Semaine pour la qualité de vie au travail (SQVT) entre le 15 et le 19 juin. L’occasion cette année de tirer les premières leçons de la crise de la Covid-19 sur les conditions et les modes de travail. Anne Guibert, responsable Mission communication et coordination éditoriale de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), nous détaille les thématiques de cette édition.

Anne Guibert, responsable Mission communication et coordination éditoriale de l’Anact – © DR

in interiors : Vous tenez cette année la 17e édition de la Semaine pour la QVT. Quel est le rôle de cet événement ?

Anne Guibert : Cela fait 17 ans que le réseau Anact-Aract organise cet événement, ou plutôt cette série d’événements, tant au niveau national que régional. Le but est de valoriser des pratiques d’entreprise, de territoires et de secteurs d’activités en faveur de la qualité de vie au travail (QVT). Notre objectif est de promouvoir la conception de démarches collectives au sein des entreprises permettant d’améliorer la façon de travailler. La Semaine pour la QVT donne à voir qu’il est possible de mobiliser l’ensemble des parties prenantes pour trouver de meilleures façons de fonctionner collectivement.

ii : En France aujourd’hui, quelle est la situation en matière de QVT ?

AG : Il existe plusieurs conceptions de la QVT. Dans notre approche, cette dernière ne se réduit pas au sport en entreprise ou à l’amélioration des locaux. La qualité de vie au travail se joue sur la faculté à bien travailler ensemble. Or beaucoup ont une vision réductrice du sujet. Nous avons mené une étude début 2019 à partir de 600 accords d’entreprises signés portant sur la QVT et d’une enquête qualitative de certaines pratiques d’entreprises en faveur du télétravail. Il en ressort que les dimensions sociétales et sociales du travail sont de plus en plus prises en compte – que ce soit le télétravail, les congés de proche aidant, la promotion de l’égalité ou le covoiturage.

En revanche, les thématiques de conditions de travail et de santé au travail, comme la prévention des risques psychosociaux ou l’association des salariés à une mutation impactant leur façon de travailler, sont insuffisamment prises en compte dans les accords de QVT aujourd’hui. Or, c’est pour nous ce qui peut faire la force d’une démarche QVT, et les entreprises ont encore des efforts à faire sur ce point.

ii : Vous avez changé la thématique de cette 17e édition suite à la crise de la Covid-19. Pourquoi avoir fait ce choix ? 

AG : Effectivement, avant la crise de la Covid-19, nous souhaitions organiser une Semaine pour la QVT autour de la question de la participation des salariés à la qualité de vie au travail. L’idée forte étant que la QVT ne peut être une démarche ni descendante, ni uniquement portée par les ressources humaines. Bien que ce thème reste déterminant, il nous a semblé que nous avions beaucoup de choses à partager avec les entreprises qui nous suivent autour de la crise de la Covid-19. Nous avons donc choisi de centrer cette semaine sur les enseignements de la crise en matière d’organisation du travail, de management, de ressources humaines, de prévention et de dialogue social. Ces enseignements et premiers retours d’expérience doivent servir à améliorer la façon de travailler dans les mois qui viennent et au-delà.

ii : À plus long terme, quelles traces, positives comme négatives, la Covid-19 pourrait laisser dans nos organisations du travail ?

AG : Le télétravail, par exemple, va certainement rester une modalité importante dans les mois et les années à venir, de façon ponctuelle ou régulière. Les entreprises vont devoir structurer de vraies démarches en ce sens, ce qui été encore peu le cas. Le sujet était souvent traité au cas par cas. Et il faudra prendre en compte l’avis des salariés pour savoir comment ils ont vécu ce moment et ce qu’ils en retirent comme expérience.

ii : Toujours dans cette logique de créer des espaces de discussion pour favoriser la QVT, vous invitez donc les entreprises à prendre le temps de faire un bilan de cette période avec les salariés ?

AG : Tout à fait. Des situations difficiles ont été vécues, avec des salariés laissés à eux-mêmes, des managers mis en tension et des entreprises qui ont dû revoir entièrement leurs modes de production… Mais des modes de fonctionnement efficaces se sont aussi révélés. Des salariés ont su s’organiser entre eux pour faire du bon travail, des équipes ont continué à travailler sur site pendant le confinement et ont dû apprendre à fonctionner autrement, d’autres ont expérimenté la polyvalence et certains n’avaient jamais télétravaillé auparavant. Des dirigeants ont décidé de travailler de manière plus souple ou de manager plus par la confiance que par le contrôle…

Tout cela doit pousser les managers à se demander : que peut-on apprendre de cette période. Il est important que chaque entreprise fasse le bilan sur ce qui a été efficace et ce qui doit être amélioré. Notre thématique d’origine reste d’actualité. Prendre le temps de faire un retour d’expérience avec l’ensemble des parties prenantes est essentiel pour repartir sur de bonnes bases.

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