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Baromètre Parella 2021, (r)évolution de l’espace de travail ?

Fin novembre, Parella restituait les résultats du Baromètre sur l’évolution des modes et des espaces de travail. Une étude qui dévoile les grandes tendances et les attentes des collaborateurs dans un monde du travail en pleine mutation. Décryptage.

 

Pour la cinquième année, le cabinet de conseil Parella prend le pouls des tendances en matière de lieux et d’usages auprès d’une cible triple de 200 dirigeants, 500 collaborateurs et 350 « nouvelle génération ». Un outil intéressant qui vient alimenter son approche globale de l’immobilier de bureau, de la stratégie à l’aménagement intérieur en passant par les usages.

 

Diversification des lieux de travail

En préambule, le baromètre met en exergue un retour à la normale inenvisageable, considérant l’importance des bouleversements engendrés par la crise, pour 86 % des entreprises interrogées.

Les nouveaux modes de travail apparaissent comme le principal d’entre eux pour 91 % des suffrages, une valeur en constante évolution de surcroît. Viennent ensuite les nouvelles aspirations des travailleurs à 68 %, la crise sanitaire à 34 %, le développement durable au cœur des entreprises à 30 % et finalement, la digitalisation au sens large à 22 %. De quoi bousculer l’entreprise et, par ricochet, l’immobilier de bureau.

 

Ainsi, à la question, « Où imaginez-vous travailler demain ? », 76 % des dirigeants et 77 % des « nouvelle génération » répondent au siège de leur entreprise. Même si ces chiffres confortent la position de ce dernier comme lieu de référence du travail, on constate également une tendance croissante de la diversification des lieux où travailler. En effet, à cette même question, 21 % des dirigeants et 50 % des jeunes considèrent le coworking, 13 % et 48 % également les tiers-lieux, tels les cafés, les lobbys d’hôtels comme lieux de travail… une véritable évolution des tendances puisqu’ils n’étaient que 1 % en 2018 et 2020. Le coliving fait aussi partie des alternatives, dans une moindre mesure toutefois.

Ainsi le bureau apparaît comme un repère, un cadre et symbolise le collectif. Là où le coworking séduit par l’expérience qu’il procure avec des codes empruntés à l’hôtellerie, un design souvent soigné et un écosystème qui s’approche de celui des start-up. Les tiers-lieux, quant à eux, plaisent pour leur ambiance détendue et leur proximité qui permettent autonomie et flexibilité au collaborateur.

Plus qu’un constat, c’est donc une obligation : le bureau doit évoluer. 89 % des entreprises interrogées envisagent une évolution, la mettent en œuvre ou l’on d’ailleurs déjà fait.

Pour ce faire, réduire les mètres carrés est une problématique énoncée par 61 % des dirigeants à laquelle ils répondent à 78 % en déménageant de locaux et à 71 % en réaménageant les locaux occupés. Dans tous les cas, la recherche de flexibilité est centrale, que ce soit dans l’espace de travail à travers le flex office, la modularité des surfaces ou le décloisonnement des plateaux, mais également à travers une souplesse dans les conditions des baux commerciaux. À cet effet, sous-location, durée ferme mais plus courte, « break option » contre indemnité financière, négociation d’échéances complémentaires sont des possibilités soulevées.

 

Des évolutions « collaborateur centric »

S’ils sont nombreux à ne pas envisager de se passer d’une vie au siège, ils ne conçoivent pas non plus d’y venir pour travailler seul devant son écran. Selon Ludovic Legendre, associé chez Parella, « on vient aujourd’hui au bureau pour y trouver des usages différents ». Par ailleurs, l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle, une recherche de flexibilité, la digitalisation des outils, le collaboratif sont des facteurs avancés spontanément par le panel, qui obligent les modes de management à s’adapter à ce nouvel écosystème.

Où souhaite-t-on travailler ? Qu’aimerait-on trouver au bureau ? Comment répond-on aux attentes des collaborateurs en matière de télétravail, de flex office ? Comment apprivoiser ces nouveaux usages et continuer à créer un adhésion au groupe ? Ces nouveaux paradigmes posent bien des questions et bousculent les schémas établis. Des schémas qui se doivent d’évoluer en fonction des spécificités, en continuité et en fluidité.

 

 

Le télétravail constitue de toute évidence la donne qui a accéléré ces attentes, jusqu’alors latentes. Rien que sur le panel, 90,5 % des entreprises ont une politique de télétravail, versus 79 % en 2020 et 59 % en 2018. Mettre en place le télétravail répond désormais davantage à un levier humain qu’économique. En effet, par ordre d’importance pour le panel, le bien-être des collaborateurs, la cohérence avec le mode de management, la culture et l’ADN de l’entreprise ainsi que la vie d’équipe sont considérés avant même la réduction des coûts et des surfaces. Un inversement significatif des déclencheurs dans la mise en place du télétravail en quelques années seulement.

Une tendance que les dirigeants souhaitent accompagner avec souplesse. Parmi eux, 69 % envisagent de participer aux frais des équipes dans le cadre du télétravail et 92 % n’envisagent pas d’imposer le télétravail.

Avec un nombre de jours idéal par semaine de télétravail entre 2 et 2,2, les ajustements sont nécessaires. Encadrement des jours télétravaillés, gestion des pics de présence notamment. La création de rituels tels les revues, les réunions d’équipe ou l’arrivée de nouveaux entrants, l’événementiel et la coordination entre managers apparaissent comme des pistes pour lisser la présence des effectifs et entretenir l’attractivité du siège.

Parallèlement, le développement du flex office apparaît comme l’autre grand changement vers lequel les entreprises s’orientent. Si le télétravail répond à des motivations liées au bien-être des collaborateurs, le flex office répond quant à lui à une meilleure utilisation des surfaces et des espaces, à une baisse des coûts immobiliers et à une agilité renforcée des équipes.

Toutefois, ce dernier ne s’improvise pas. Il convient de considérer les impacts techniques, les coûts ainsi que la flexibilité qu’offre le bail signé en termes de libération des locaux. Une fois cette étude faite, deux variables restent à considérer. D’une part, le taux de foisonnement (ratio postes de travail/collaborateurs) qui s’approche de 0,6 pour le panel interrogé. D’autre part, l’organisation du flex office en elle-même qui revient à se demander comment adapter son modèle à ce nouveau mode de travail. Par équipe ? Par affinité ? Par projet ?

En tout état de cause, si la surface dédiée aux postes de travail individuel tend à réduire, d’autres se créent… coworking, espace de rencontres informelles, salles événementielles. Le siège reste un vecteur d’attractivité pour 72 % des interrogés, 57 % le considèrent également comme un lieu qui favorise la sociabilisation. Selon ce panel, ce hub, lieu de rencontres et de réception de clients, doit réunir des éléments tangibles comme une localisation appropriée, des locaux au design intéressant et un aménagement adapté, et d’autres plus intangibles tels les rituels d’équipe, la culture d’entreprise, le partage d’expérience et la formation. Si le télétravail est aujourd’hui en train de se structurer et de se généraliser lorsque cela est possible, le flex office amorce sa mise en place et pose encore bien des questions.

Pour les dirigeants, l’enjeu est donc de construire des lieux de vie, de communauté et d’événements, et doit trouver un équilibre entre optimisation financière et foncière, bien-être des collaborateurs et vie d’équipe. Dix-huit mois après le début de la crise, plus que l’apparition de nouveaux concepts, c’est une accélération de la transformation qui opère et qui confirme le rôle de vecteur d’attractivité du siège… indéniablement enrichi d’une dimension humaine.

 

Photos : © Parella – Clients RTL et Darty/Fnac