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La ville à hauteur d’enfant

Exit l’absence de nature, l’agressivité de la route, l’urbanisme inadapté aux familles qui poussent certaines d’entre-elles à quitter les métropoles… Place à une nouvelle façon de penser la ville : à hauteur d’enfant. Cette tendance, qui se dégage au sein de la fabrique des villes de demain, tend à transformer les quartiers en lieux de vie accueillants, inclusifs et ludiques. Mais à quoi ressemblerait une ville pensée pour des utilisateurs de 95 cm (soit la taille moyenne d’un enfant de trois ans) ? Que donnerait un quartier aux perspectives et au mobilier urbain repensés pour prendre en compte les plus jeunes comme de vrais usagers de la voie publique ?  

À l’image de Lyon, Barcelone, Rennes et Paris, de plus en plus de grandes métropoles réfléchissent à la place de l’enfant dans la ville et commencent à inclure cette réflexion dans leurs projets urbains. La voie publique, ce territoire résolument hostile, bruyant et pollué… voilà l’image de la ville avec laquelle ils cherchent à en finir. C’est pourquoi de plus en plus de métropoles parient sur la piétonnisation et la végétalisation des espaces communs, pour laisser place à la nature, les rencontres, le jeu… autant d’éléments essentiels au bon développement des plus petits.   

Parc pour enfants à Barcelone. © AdobeStock

 

Si vous flânez dans les rues de Barcelone, par exemple, vous pourrez croiser des espaces piétons avec de nombreuses plantes, des couleurs au sol et des sculptures qui prennent des formes ludiques. Ce travail de transformation, la ville de Lyon l’a aussi commencé en piétonnisant les abords d’une douzaine d’écoles. La capitale des Gaules étudie également le projet, avec plus de 200 autres écoles, afin de continuer sur sa lancée. Tout comme la ville de Gaudí, la métropole lyonnaise veut également végétaliser et débitumer les cours de récréation, afin de lutter notamment contre les îlots de chaleur.    

« (…) Des espaces piétonniers généreux, une arborisation dense, des lieux pour jouer… Ce schéma (de la ville de Lyon de demain) devra incarner la dimension émancipatrice de la ville, en particulier en permettant aux plus petits d’y grandir, en y trouvant des opportunités d’expérimentations, de découvertes et de créativité, qui contribueront à faire de Lyon la ville des enfants », déclarait Grégory Doucet, le maire de Lyon, à l’occasion du Mipim Urban Forum 2020.

©Muriel Chaulet/Ville de Lyon

La piétonnisation autour d’une école à Lyon. © Muriel Chaulet/Ville de Lyon

Lyon n’est pas la seule métropole française à placer l’enfant au cœur de la ville.  À Rennes, la maire socialiste Nathalie Appéré, a créé un poste d’adjointe chargée de la « ville à la taille d’enfant » et a nommé Lucile Koch, qui souhaite mener une politique urbaine volontariste. Parmi ses premiers chantiers, celui de la mobilité douce des familles. Escaliers, rainures destinées aux eaux pluviales, pavés rebondis sont autant d’obstacles aux vélos à roulettes ou aux poussettes. Pour y remédier, Lucile Koch veut notamment installer des rampes et même aller jusqu’à gommer les marches dans les prochains projets urbains.   

En plus d’un urbanisme adapté, la ville à hauteur d’enfant doit également pouvoir faciliter l’accueil des familles dans les lieux publics. C’est pourquoi, à Rennes, cette hospitalité sera notifiée par un logo et un site internet répertoriant les cafés et restaurants disposant de mobilier « enfants compatible », comme des chaises hautes, des rehausseurs, des tables à langer, ou encore des crayons de couleur, pour patienter et laisser parler l’imagination des plus petits.   

Et parce que toutes ces métropoles qui se sont lancées dans l’aventure s’accordent à dire qu’une ville plus accueillante et plus inclusive passe aussi par la végétalisation de l’espace urbainOn voit s’y développer des cours de récréation avec plus de verdure, des espaces de jeux au cœur des centres-villes où l’on respire… De quoi rendre la ville agréable pour les bambins. Mais pas que.  

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