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« Le Work/Home Ecosystem se veut un compromis entre le travail et la maison »

Photo à la Une : Remi Connolly Taylor © DR

Avec le Work/Home Ecosystem, l’agence londonienne REMI·C·T Studio propose de concilier l’équilibre travail/vie privée en aménageant au sein des grands ensembles résidentiels une série de tiers-lieux dont la rentabilité serait rendue possible par le sponsoring. Réflexions entre design et équilibre économique avec sa fondatrice et directrice Remi Connolly-Taylor.

Business Immo Global : Quelle était votre inspiration pour le projet Work/Home Ecosystem ?

Remi Connolly-Taylor : Le Work/Home Ecosystem, notre contribution au prix Davidson, a été conçu pendant la pandémie de Covid-19, lorsque tout le monde travaillait à domicile. Déjà, avant la crise sanitaire, notre premier projet Maryland House, à Londres, portait sur le changement de la hiérarchie entre le travail et la vie à la maison. Par conséquent, nous avons pensé qu’il serait intéressant d’intégrer des lieux de travail en ligne avec les modes de vie des occupants dans des communautés plus larges plutôt que dans une habitation individuelle. Notre studio est basé dans le Queen Elizabeth Olympic Park, où l’on voit émerger de grands projets résidentiels avec des salles de sport, des cafés, des buanderies ou des crèches. Or, nous avons pensé que, en lieu et place, une série d’espaces de travail partagés serait un ajout intéressant. Mais qui va payer pour ces lieux qui devraient normalement faire augmenter les loyers de l’immeuble ? Nous avons imaginé un modèle par lequel il serait possible de faire appel à des entreprises pour développer un écosystème lifestyle complet, par le biais du sponsoring, et ainsi rendre ces lieux financièrement viables.

BIG : Comment cette idée prend-elle forme au sein du Work/Home Ecoystem ?

RCT : Tous nos clients nous demandent d’ajouter à nos projets résidentiels un espace de travail à l’intérieur du logement, mais nous avons réalisé pendant le Covid-19 que tout le monde ne veut pas travailler à domicile. Beaucoup d’entre nous désirent sortir et vivre des expériences différentes, même si nous ne souhaitons pas forcément faire un long trajet vers notre lieu de travail. La clé est donc d’offrir une diversité d’espaces permettant cette flexibilité, à l’intérieur même du bâtiment résidentiel. C’est pourquoi le Work/Home Ecosystem se veut un compromis entre le travail et la maison. Pour notre studio, l’idée n’est pas forcément de créer une solution unique, mais plutôt de proposer des options pour répondre aux différentes façons dont les gens veulent travailler, favoriser leur bien-être et leurs besoin d’interactions sociales.

BIG : Comment cette proposition pourrait-elle être implantée au sein d’un programme immobilier ?

RCT : Un tel concept peut facilement être implanté au sein d’un programme de rénovation d’un bâtiment existant ou développé dans le cadre d’une nouvelle construction. Le plus intéressant serait, selon moi, de l’intégrer au sein d’un grand ensemble résidentiel où une série de ces espaces pourraient être aménagés. La clé serait de s’assurer que, du point de vue de l’ameublement et de l’aménagement, chacun ait son propre langage et ne soit pas disposé de la même manière, en alternant entre des cadres plus formels et d’autres plus détendus. Certains pourraient, par exemple, s’inspirer de l’atmosphère des cafés pour une ambiance plus lounge, alors que d’autres pourraient davantage ressembler à des espaces de bureaux classiques pour permettre une meilleure concentration. Et cette identité propre pourrait être définie par la marque qui sponsorise le lieu. S’il s’agissait de Netflix, pourquoi ne pas avoir davantage d’écrans dans la salle, par exemple ?

BIG : Est-ce à dire que les entreprises partenaires seraient parties prenantes dans le processus de création et de design des espaces ?

RCT : Pour toutes les entreprises, l’ambition est de créer plus qu’un simple produit en proposant un style de vie et en diffusant ensuite cette marque. C’est ce que leur permettrait de participer à la création de ces espaces de travail et de détente, en concevant un environnement et une atmosphère en accord avec l’image de marque qu’elles souhaiteraient véhiculer. Pour ce faire, elles voudront certes afficher leur parrainage aussi clairement que possible, mais en même temps, il sera important de conserver la beauté et l’unité du bâtiment existant. Un cadre de design clair détaillant la façon dont chaque entreprise pourrait s’approprier son espace serait nécessaire.Du point de vue de la conception, on peut beaucoup s’amuser avec ce projet en raison de la diversité des espaces, comme un collage de vie et de travail. Mais s’assurer que ces espaces seront commercialement viables pour tout le monde serait indispensable, car je pense que c’est là que le projet sera le plus testé.

BIG : Quel serait, selon vous, l’intérêt de ce concept pour les promoteurs immobiliers ?

RCT : Pour le promoteur, d’un point de vue commercial, ces tiers-lieux partagés permettraient de ne pas avoir à ajouter autant d’espaces de travail dédiés dans chaque appartement. Je ne pense pas qu’il suffise de dire « quelqu’un pourrait faire entrer un bureau dans sa chambre » pour rencontrer les attentes des occupants. Il existe un marché pour différentes options, et les développeurs sont beaucoup plus ouverts d’esprit après la pandémie. Cela devrait donner à certains de leurs projets un avantage supplémentaire en offrant un espace de travail confortable porté par un modèle commercialement viable.

En partenariat avec Le French Design by VIA


Article issu du numéro 185 de Business Immo Global.

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