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L’immobilier au secours des managers hyper sollicités ?

Photo d’illustration : © s4svisuals / Adobe Stock

Faisant suite à la parution le 6 juin dernier du baromètre Paris Workplace 2019, intitulé « Et si on se parlait ? » et portant sur l’importance des interactions au travail, SFL et l’Ifop ont poussé l’exercice plus loin en interrogeant plus de 1 600 salariés travaillant dans un bureau à Paris et première couronne. Conclusion : les managers souffrent de leur surexposition aux tensions internes et déplorent en même temps une nette dégradation de la qualité des échanges. Et l’immobilier pourrait bien faire partie de la solution.

« L’environnement physique de travail est un réceptacle de culture de travail, mais aussi un fantastique levier à la disposition des entreprises pour générer un travail collectif, une cohésion en équipe et une stimulation intellectuelle, estime Dimitri Boulte, directeur général délégué et directeur des opérations de SFL. Or, cette étude nous démontre que tous les outils qui nous permettent de rester connectés les uns aux autres ne se substituent pas du tout à l’interaction physique. »

Hyper sollicités en interne, les managers sont deux fois plus nombreux à échanger des mails et messages instantanés avec plus de 20 collègues par jour (22 % contre 10 % des non managers), révèle l’étude, avec un impact direct sur la qualité de leurs relations. Ainsi, 40 % des managers qui échangent mails et messages avec plus de 20 personnes par jour déclarent être « souvent » en tension avec leurs collègues, contre 10 % pour ceux qui en envoient 11 à 20 par jour. Aussi, les managers sont deux fois plus nombreux que les autres salariés à avoir « très souvent » du mal à se concentrer (19 % vs 10 %).

Entre le marteau et l’enclume, les managers sont au cœur des conflits, révèlent SFL et l’Ifop. Ils se disent « deux fois plus souvent » en tension avec des collègues (21 % vs 10 % pour les non-managers), mais aussi avec leurs chefs : 24 % des managers déclarent être « souvent » en tension avec leur supérieur hiérarchique vs 11 % pour les autres. Ainsi, 24 % des managers ont « souvent » peur d’être licenciés (vs 9 % pour les autres), une crainte qui représente d’ailleurs leur plus gros facteur de stress au travail : 84 % de ceux qui craignent d’être licenciés se disent « souvent stressés ».

Et l’argent ne suffit pas vraiment à faire leur bonheur, puisque le score de bien-être au travail – auto-évalué sur une échelle de 1 à 10 – évolue à peine en fonction de la rémunération. De 6,6/10 pour les salariés touchant moins de 20 000 € par an, il passe à 6,7/10 à partir de 40 000 €, 6,8 à partir de 60 000 € par an, et n’évolue pas au-delà de 80 000 €.

« Les Franciliens nous disent que leur première motivation pour aller travailler le matin est de vivre du lien social, et le bureau en est l’incarnation, explique Dimitri Boulte. Mais encore faut-il pouvoir construire et aménager des espaces d’une façon à nourrir ce lien, ce qui est souvent sous-estimé par les entreprises. La question est avant tout d’appréhender d’abord l’immobilier de bureau sous l’angle de l’investissement, et non de la charge. »

L’organisation des bureaux peut en effet apporter des solutions afin de faciliter la vie des managers, concluent SFL et l’Ifop.  Ainsi, les tensions au sein des équipes chutent dès que les bureaux s’ouvrent : seuls 17 % des employés se disent « souvent » en tension avec leur supérieur hiérarchique quand ils occupent un bureau fermé (2 à 6 personnes), 12 % quand ils occupent un espace collectif de plus de six personnes, et 8 % quand ils n’ont pas de bureau attitré.

Aussi, alors que les managers s’estiment « en tension » avec leurs collègues deux fois plus souvent que les autres (21 %), le résultat est encore plus accentué pour ceux qui travaillent en bureaux fermés individuels (34 %), et ceux qui ont recours au télétravail au moins une fois par semaine (33 %).

« Les collaborateurs appréhendent aujourd’hui à la fois l’intérêt, mais aussi les limites du télétravail, conclut Dimitri Boulte. Le bureau n’est plus forcément le seul lieu de production du travail, mais on ne peut s’en passer car c’est celui dans lequel les salariés vivront leur culture d’entreprise et retrouveront leurs collègues. Les espaces de travail doivent donc favoriser à la fois la circulation d’information et la cohésion des équipes, mais aussi intégrer des lieux de respiration et de concentration. »