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Sinner, l’impertinent

En juin dernier, l’hôtel Sinner ouvrait ses portes en plein cœur du Marais. Plus qu’un séjour, c’est un style de vie au luxe décalé qui est proposé, une conception « impertinente » de l’hôtellerie pour ce dernier-né du groupe Evok à Paris.

Au 116 rue du Temple, dans le 3e arrondissement, en lieu et place d’un ancien bâtiment de bureaux occupé pendant près de 40 ans par Orange Télécom, a pris place un établissement de luxe à l’identité décalée.

Démolir l’existant, casser les codes

L’architecte Tristan Auer a eu carte blanche pour repenser cet hôtel de 43 chambres et suite qui se déploie sur cinq étages et provoquer la surprise. Lieu de vie, l’établissement cinq étoiles développe également un restaurant orchestré par le chef Adam Bentalha, un bar et un spa Orveda, l’Ablutio.

D’extérieur, rien ne laisse deviner l’univers au parti pris assumé dans lequel on pénètre. Guidé par une ligne de néon rouge, emblème des lieux, le visiteur se dirige ainsi vers le lobby.

C’est accueilli au son des chants grégoriens par du personnel vêtu de soutane que le premier contact avec le concept se fait… Rapidement, les effluves de cuir et de bois fumé nous enivrent…, une identité olfactive présente, mais pas entêtante.

Poutres, velours et bougies omniprésentes…, de ces espaces de vie se dégage une ambiance feutrée et conviviale. Un mur de vitraux éclaire le bar d’une lumière douce et légèrement colorée. Le restaurant, très lumineux, ouvre quant à lui sur un mur végétal extérieur. L’ensemble offre un volume intéressant ouvert sur deux étages, une perspective accentuée par de grands miroirs qui ne sont pas sans rappeler les ouvertures des églises romanes.

Banquettes confortables, grandes tablées et cuisine ouverte… Le luxe se veut ici décalé, mais aussi décomplexé voire joyeux.

Puis pas après pas, les codes monastiques et les références à l’héritage historique du quartier se multiplient.

« Un parcours semé d’insolite et de petits vertiges »

Une attention particulière a été portée aux détails pour créer, si ce n’est l’immersion totale, a minima une atmosphère enveloppante.

Couloirs sombres, portes rouge sang…, le ton est donné. Face à la réception, s’ouvre la crypte, un concept-store aux allures de cabinet de curiosité. Non loin, un confessionnal revu et corrigé en espace de travail. Les chambres se veulent a contrario douces, avec du mobilier de bois chauds, des rideaux de velours aux couleurs dragées. Entre bénitier et littérature suggestive sélectionnée par le libraire Anatole Desachy, l’établissement suggère, le visiteur dispose.

Le spa participe également de cette expérience. À la lueur des bougies, l’Ablutio incite à la confidence et « n’emprunte à l’atmosphère monacale que les effluves d’un parfum d’interdit. »

« Sinner n’est pas un lieu de plus. C’est une savante alchimie où se croisent les destins, les époques, les mystères et une certaine forme de liberté », explique Emmanuel Sauvage, DG d’Evok.

 

Ainsi, l’hôtel Sinner ne laisse pas indifférent et réunit tout ce que la capitale a d’impertinent, d’osé mais aussi de raffiné.

Evok, qui se positionne comme un créateur de lieux de vie et à qui l’on doit le Brach, frappe un fois de plus et offre une expérience mystique et suggestive.

Certains y verront une impertinence, d’autres l’occasion de vivre une séjour inspiré… Dans les deux cas, il fallait oser !

Photos : © Nicolas Receveur,  © Guillaume de Laubier © Anne-Laure Alazard