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Entre terre et ciel

Photo à la Une : © ADP/Paul Andreu – Adagp, Paris 2024

La Cité de l’architecture et du patrimoine consacre une première rétrospective à l’ingénieur et architecte Paul Andreu, qui a collaboré plus de 40 ans avec Aéroports de Paris. Ancrés dans le sol par le béton puis le verre, ses ouvrages n’ont cessé d’interroger le rapport au ciel, à l’envol. (Re)découverte.

L’aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle, un disque opaque de béton brut, c’est lui. Lui, c’est Paul Andreu (1938-2018), à qui la Cité de l’architecture et du patrimoine, en partenariat avec le Groupe ADP, consacre une exposition : « Paul Andreu. L’architecture est un art ». 

Cet ingénieur de formation et architecte a été traversé par la dialectique ingénieur et architecte tout au long de sa carrière au sein de l’entreprise Aéroports de Paris  qui a débuté en 1963 et duré pas moins de 40 ans. Critiquant l’héritage du fonctionnalisme stipulant que la forme doit suivre la fonction, Paul Andreu n’a cessé de revendiquer l’architecture comme création, comme poésie. 

Le support privilégié de cette démarche est pour lui le dessin, comme le démontrent ses carnets présentés telle la colonne vertébrale de son œuvre – et de l’exposition autour de laquelle s’articule un parcours thématique présentant ses créations architecturales. « Des architectes qui ont conçu des aéroports, Paul Andreu est l’un de ceux qui ont cherché à dépasser la lecture fonctionnelle et technique du programme », appuie Stéphanie Quantin-Biancalani, la commissaire de l’exposition. Selon elle, son architecture est d’abord un acte de culture et de création, ancré dans la notion de seuil, de passage et de transformation. « Entre l’ombre et la lumière, entre le cercle et le carré, entre ancrage terrestre et désir aérien, l’œuvre de Paul Andreu est en définitive une histoire sans cesse rejouée de notre rapport à la terre et au ciel », continue la commissaire. 

Inspiré par les réalisations de l’Américain Eero Saarinen et du Brésilien Oscar Niemeyer, puis plus tard du Japonais Tadao Andō, l’architecte ne construira pas moins de 20 aéroports à travers le monde (aérogare 2 de Roissy-Charles-de-Gaulle, Le Caire, Nice, Jakarta, Abu Dhabi, du Kansai dans la baie d’Osaka, Sanya et Shanghai-Pudong en Chine…). En France, il est entre autres l’auteur du projet de nuage pour la Grande Arche, à La Défense. Un projet qui inaugure une nouvelle étape dans sa carrière en collaborant avec l’ingénieur irlandais Peter Rice, qui maîtrise le verre structurel. De surface, la lumière de ses ouvrages qu’il construit dans le monde entier devient matière, travaillée comme une matière instable, celle des nuages. Ne serait-ce pas là tout l’art de l’architecture ? 

 Aérogare 1 de Roissy-Charles-de-Gaulle (1967-1974), vue aérienne.Tirage photographique, s.d. Archives du Groupe ADP. - © ADP/Paul Andreu - Adagp, Paris 2024

« Paul Andreu. L’architecture est un art »
Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris, jusqu’au 2 juin 2024. citedelarchitecture.fr


Article issu du Business Immo Global 203.

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