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Nouveau siège du cabinet August Debouzy

Le cabinet d’avocats d’affaires August Debouzy qui s’est doté d’un pôle dédié à l’industrie immobilière en septembre dernier vient d’investir son nouveau siège social, rue de Téhéran, à Paris 8e. Construit dans les années 1920, l’immeuble de bureaux qu’il occupe désormais a entre autres abrité les sièges de Danone et Dior Parfums. Objet de plusieurs rénovations successives, le bâtiment en a perdu son écriture d’origine de style Art déco à l’intérieur, mais sa façade et les cours intérieures sont restées fidèles au dessin de 1927. Pour réaménager cet immeuble de 7 500 m2, le cabinet d’avocats a fait appel à Studio Razavi, une agence internationale fondée par Alireza Razavi qui a fait ses premières armes dans des cabinets aussi emblématiques qu’Eisenman Architects ou Shigeru Ban Architects.

 

Un brief à contrepied

Le brief que l’architecte donne du projet est à contrepied de ce qui se fait dans le secteur du bureau : « Créer un lieu qui transpose les valeurs d’August Debouzy en s’affranchissant de l’ambiance “comme à la maison” héritée de Google. » « Je n’y crois pas en termes de pérennité », souligne-t-il.

Les exigences du maître d’ouvrage étaient de conjuguer bien-être au travail et productivité, faciliter les échanges entre les collaborateurs, respecter la confidentialité des clients tout en accueillant son public dans un lieu chargé de sens.

La réponse de l’architecte a été de donner au lieu une qualité similaire à l’accueil et à l’attention qu’il peut y avoir dans l’hôtellerie, avec pour référence l’hôtel Okura, à Tokyo, « tout à la fois moderniste, chaleureux et très ancré dans la tradition ». Ses autres références sont le siège de Shlumberger à Houston qui a intégré des œuvres d’art dans ses bureaux et créé, selon lui, un « Corporate Style ». Et le Seagram Building construit par Mies van der Rohe à New York en 1955 qui synthétise, à son sens, l’impact du modernisme dans la construction de bureaux et établi une esthétique dont l’élégance ne prend pas une ride.

 

 

Une identité forte

Dès l’entrée, le ton est donné : le visiteur découvre un samouraï grandeur nature et une chouette antique en pierre, les symboles des fondateurs du cabinet, Gilles August et Olivier Debouzy. Dans le prolongement, le hall d’accueil baigné de lumière est revêtu d’orme d’Amérique et présente un comptoir en marbre cannelé rose pâle. Une grande tapisserie dessinée par l’architecte contribue à cette atmosphère chaleureuse et douce de l’espace.

Les couloirs menant aux ascenseurs, eux aussi revêtus de bois aux murs et d’un tapis, présentent des œuvres d’art qui donnent au lieu une identité forte.

Les sept étages dédiés aux collaborateurs et à la direction, eux aussi ponctués d’œuvres d’art, bénéficient tous de lumière directe et de bureaux fermés – mais vitrés – à la capacité variable qui garantissent la confidentialité. Pour leur aménagement, les collaborateurs (270 au total) ont été invités à choisir entre trois ambiances de bureaux. Chaque étage abrite par ailleurs une cuisine et des espaces informels de réunion ou de détente, et est prolongé de coursives extérieures ou de balcons. Le 8e et dernier étage, contrairement aux autres occupants qui y avaient installé les bureaux de leur direction, est ouvert à tous les collaborateurs : il accueille le « cabinet de curiosité », un espace mêlant livres et œuvres d’art, pour travailler en silence, deux salles de déjeuners, un lieu propice à la réception et de nombreuses terrasses avec vues imprenables sur la tour Eiffel et les toits de Paris.

Le sous-sol abrite un auditorium de 120 places, un restaurant d’entreprise de 85 places, une salle de sport, un garage à vélo et même une salle de cinéma de 18 places opérée par mk2 dédiée aux collaborateurs et à la clientèle. À tous les niveaux, un trait commun : les espaces donnent une impression de calme et offrent une atmosphère tamisée qui sont renforcées par un soin apporté à l’acoustique (jusqu’au bruit que font les poignées de porte…).

 

Avec ce projet, l’architecte a eu pour objectif de créer des espaces dont la durée de vie ne dépendrait d’aucune tendance. Un objectif qui a influencé le choix des matériaux, l’acoustique et le traitement de la lumière. Le lieu se caractérise par un « classicisme nuancé » qui puise dans les réalisations de lieux de travail des années 1960, à l’époque du style international et corporate. Dans une sorte de permanence où le beau se conjugue avec quotidien.

 

Photos : © Simone Bossi