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Jardins « écomestibles »

Photos : © domaine-chaumont 

Le domaine de Chaumont-Sur-Loire fête aujourd’hui les 30 ans de son festival international sur le thème du jardin idéal. Une trentaine de concepteurs, dont cinq invités, ont imaginé pour cette édition 2022 des jardins expérimentaux « beaux, bons et bios ». Parcours des sens entre écologie et fleurs comestibles.

À la fois « esthétiques, nourriciers, écologiques et thérapeutiques », selon la directrice du lieu Chantal Colleu-Dumond, chacun des 25 jardins réalisés dans le cadre du concours international répond à sa manière à la question de l’idéal, sans oublier pour autant que leur création en ces temps de sécheresse pose la question de l’eau.

Oasis, oasis 

Le jardin « Grenade » (photo 1 ci-dessus) des Français Aymeric Dufour, paysagiste, et Thibaut Flavigny, architecte, entend réveiller les consciences.  Ses concepteurs ont remis au goût du jour un ancien système d’irrigation autorégulée permettant une économie de 50 à 70 % par rapport à un arrosage classique. De grandes jarres en terre cuite ou oyas, habituellement souterraines, émergent du sol comme des fleurs géantes déployant leurs pétales pour recueillir l’eau de pluie. Symboliquement rouges, ces objets s’inspirent de la capacité de survie de la grenade pour offrir sur des terres arides l’éclatement de nouvelles oasis. 

Venus du monde entier et d’horizons différents entre biologistes, botanistes, architectes ou designers, les concepteurs cherchent l’innovation dans le respect d’une nature qui, toujours, reprend ses droits. « Le jardin de la réciprocité » (photo 2 ci-dessus) des architectes paysagistes américains Jason Shinoda, Elisa Read Pappaterra et Stephanie Lin, nous rappelle que le lien entre l’homme et la nature est celui d’une dépendance mutuelle. Bassin d’eau et totems miroirs fractionnent les individus qui se fondent dans un jardin composé principalement de plantes médicinales – dont certaines en voie de disparition – entre sureau, ginkgo ou sorbier des oiseleurs. 

Utopies végétales

Après la pandémie, beaucoup de créateurs ont choisi pour thème le partage avec des jardins qui soignent aussi bien le corps que l’esprit, comme celui d’une invitée reconnue internationalement, la paysagiste américaine Kathryn Gustafson. Présélectionnées pour aménager les abords de la tour Eiffel, elle propose à Chaumont le jardin composé d’eau « On se parle », mettant en scène un sofa sculpture pour converser à deux. Autre utopie particulièrement réussie : « Ma maison est un jardin » (3), des quatre jardiniers paysagistes français (Sylvère Fournier, Jérémie Boissière, Cédric Eygrier et Allan Bontoux) mêle habilement intérieur et extérieur pour transposer les pièces de la maison au jardin. 

Pour terminer, une table à géométrie variable réunit plus de 125 variétés de plantes et fleurs comestibles avec « Le banquet » (1), de l’architecte Camille Chevrier et des horticulteurs Florian et Pauline Dominicy. Entièrement plantée, elle se déploie pour se retrouver et apprécier de nouvelles saveurs célébrant les « 30 ans d’utopie verte » de ce festival à parcourir jusqu’au 6 novembre prochain. 


Article issu du numéro 186 de Business Immo Global.

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