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TerraFibra Architectures ou l’architecture de demain

Jusqu’au 27 février 2022, à travers l’exposition « TerraFibra Architectures », le Pavillon de l’Arsenal, à Paris, dévoile les 40 bâtiments finalistes du premier prix mondial des architectures contemporaines en terre crue et fibres végétales.

 

Pisé, terre coulée, torchis, terre-chanvre, charpentes en bambou… Si certaines de ces techniques s’inventent aujourd’hui, d’autres existent depuis des millénaires. Coproduite par le Pavillon de l’Arsenal, amàco et les Grands Ateliers, l’exposition « TerraFibra Architectures » montre à travers un parcours thématique les qualités et les avantages de ces matériaux et techniques. 

 

Pourquoi un retour à de telles techniques de construction ? 

Face au défi climatique, les architectes cherchent des alternatives au béton par l’utilisation de matériaux biosourcés et géosourcés. Ces architectures plus vertueuses utilisent la ressource localement. L’économie circulaire dépend alors de la ressource disponible. Au fil des années, les professionnels observent de réels progrès : « Avec le temps, ces projets sont devenus aussi bons sur le plan énergétique et social que sur le plan esthétique », affirme Maxime Bonnevie, directeur des Grands Ateliers. 

 

Deux salles, deux ambiances… ou presque ! 

L’exposition est organisée pour les fibres selon la plante utilisée (chanvre, paille, roseau, bambou) et pour la terre crue selon les techniques (pisé, terre coulée, bauge, adobe, bloc de terre comprimée, torchis et enduit). L’idée est de souligner la complémentarité de ces matières et non pas de les dissocier. L’exposition propose aux visiteurs des photographies de ces projets, des prototypes à l’échelle 1, des dessins techniques, mais aussi la possibilité de voir et de toucher ces matières naturelles. 

 

Ouverture de l’exposition « TerraFibra Architctures » au Pavillon de l’Arsenal à Paris, le 24 novembre 2021. © Camille Gharbi

 

Ouverture de l’exposition « TerraFibra Architctures » au Pavillon de l’Arsenal à Paris, le 24 novembre 2021. © Camille Gharbi

 

Zoom sur quatre techniques de construction finalistes du Terra Fibra Award 2021

Le Terra Fibra Award 2021 associe le Terra Award 2016, prix mondial des architectures en terre crue et le Fibra Award 2019, prix mondial des architectures en fibres végétales organisé par amàco (Atelier matières à construire). Plus de 300 équipes issues de 62 pays ont répondu à cet appel à candidatures qui s’inscrit dans la dynamique des précédents prix. 

 

Sept techniques de terre crue et quatre alternatives en fibres végétales sont présentées le long de cette exposition. En voici quatre particulièrement édifiantes : 

  • Le torchis – Cette technique développée au Proche-Orient vers la fin du 10e millénaire avant notre ère est à base de terre crue. Elle consiste à garnir de terre une structure porteuse en bois. Ainsi le torchis garnit les supports de planchers (quenouille, languette…) et ceux de parois verticales composées d’éléments simples ou doublés (barreaudage et lattage) ou d’éléments croisés (clayonnage). En enrobant totalement les supports en bois, le torchis les protège de toute pathologie humide. 

 

Torchis : Maison Acaiacà. © Manuel Sá Gui

  • Le pisé – Il s’agit sans doute de la technique en terre crue contemporaine la plus représentée en France et en Europe. Pour cette méthode naturelle, la terre de consistance humide est compactée par couches dans des coffrages à l’aide de pisoirs manuels ou de fouloirs pneumatiques ; une fois damée, la terre est immédiatement décoffrée. Si la technique traditionnelle à progression horizontale utilise des coffrages en bois faits de simples planches renforcées par des chevrons, le pisé contemporain a recours à des systèmes de banches plus complexes. 

 

Pisé : Centre de services communautaire. © oneartharchitecture

  • La paille – La paille est une des fibres végétales les plus abondantes disponibles pour isoler. En effet, il suffirait de prélever seulement 10 % de la paille de blé produite en métropole pour isoler tous les logements neufs construits en une année. La paille en remplissage d’ossature ou de caisson et support d’enduit est décrite en détail par les règles professionnelles. L’ossature et les caissons, bien souvent en bois, sont calepinés sur la dimension d’une botte. Ce matériau est aujourd’hui intégré à 500 nouveaux édifices en France chaque année. 

 

Paille : La Ferme du Rail. © Myr Muratet


Pavillon Arsenal, exposition « TerraFibra Architectures ». © Camille Gharbi

  • Le chanvre –  Principalement utilisé en remplissage d’une ossature ou d’un caisson préfabriqué, le mélange de chanvre avec un liant à base de chaux est réalisé à la bétonnière ou au malaxeur directement sur chantier. Très utile et performant en rénovation, il apporte une correction thermique et participe au confort hygrothermique. 

 

Chanvre : Rénovation thermique d’un immeuble patrimonial. © North by Northwest Architectes

Les aspects économiques, sociaux et écologiques sont totalement remis en question par les acteurs de ces projets. Ils rendent fiable l’utilisation de matériaux naturels à grande échelle, le retour d’un savoir-faire local et prouvent qu’il est possible de bâtir autrement sans pour autant renoncer à l’innovation. Ces constructions sont-elles l’avenir de demain ? Réponse dans quelques années. 

 

Pour aller plus loin, un livre reprenant l’ensemble des thématiques de l’exposition est sorti avec les Éditions du Pavillon de l’Arsenal, et en partenariat avec amàco et les Grands Ateliers dans le cadre de Terra Fibra Award. 

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

Photo à la Une : © Camille Gharbi