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Aménagement des espaces de travail et qualité de vie au travail

Photo : © Kardham

Créer des espaces où l’on se sent bien pour travailler. Voilà la promesse d’un space planner. Pas si simple. La qualité de vie au travail (QVT) est un sujet qui se situe au cœur de multiples dimensions sur lesquelles cet aménageur d’espaces n’a pas toujours la main. Mais repenser l’espace est souvent (toujours ?) l’occasion de repenser la manière dont il peut être support, et pourquoi pas agent de la QVT.

Cependant, la QVT ne se décrète pas. Elle se construit, se produit avec du temps, et sans doute bien plus humainement que matériellement. Il est d’ailleurs très difficile de déterminer le rôle précis que joue l’espace matériel dans la QVT et seuls les usages et les pratiques peuvent apporter, au cas par cas, des éléments de réponse. Si l’espace facilite la vie au travail, alors il devient ressource et participe à la QVT.

Lorsque l’on pense aux liens entre qualité de vie et aménagements d’espaces, on songe d’abord au confort physique qui passe par de nombreuses dimensions. Acoustique, lumière, température, qualité de l’air se placent au premier rang et de nombreuses études soulignent les liens entre ces dimensions et la performance. Ce sont alors des préalables nécessaires au confort fonctionnel, celui qui permet de bien travailler en fonction de ses besoins, faute de quoi peut arriver le stress environnemental au lieu du confort psychologique. Ce dernier a sans aucun doute un lien direct avec la QVT.

Pour un aménageur, ce sont les situations de travail qui constituent le cœur du sujet et, disons-le ici, les demandes des utilisateurs pour améliorer leur quotidien dans le travail sont bien plus axées sur le nombre et la qualité des espaces de réunion, de concentration ou des postes de travail que sur le baby-foot ou la salle de sieste. Lorsque l’aménageur agit sur la situation de travail, il cherche à agir sur la QVT en donnant, à son niveau, des moyens pour à la fois bien faire son travail mais aussi pour être bien au travail.

Mais les nouveaux modes et espaces de travail, malgré les nombreuses promesses que l’on en fait (sans d’ailleurs savoir vraiment les évaluer), ne s’articulent a priori pas toujours avec la QVT : hyperstimulation, perturbations, surcharge cognitive, déterritorialisation, stress sont souvent associés notamment aux bureaux ouverts. C’est pour cela que les nouveaux espaces de travail doivent améliorer l’expérience de l’utilisateur, vécue et perçue, en s’appuyant sur les besoins primaires de l’homme vis-à-vis de son espace : confort, territoire, identité, sens, intimité, attachement, appropriation. Ces incontournables, ces invariants rappellent que qualitas signifie « manière d’être » en faisant primer « être » sur « avoir ».

Penser la QVT signifie donc pour l’aménageur assurer le confort physique, préalable au confort fonctionnel puis à la satisfaction environnementale, celle qui fait de l’espace une vraie ressource et non une contrainte, et ce, à la fois pour bien faire son travail et pour bien être au travail. Ainsi, l’espace de travail devient support et peut même devenir agent de la QVT.

Point de vue de Nicolas Cochard, docteur en sciences humaines et responsable R&D, Kardham
Nicolas Cochard @ D.R.