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Carte blanche à… Studios Architecture

L’antenne parisienne de l’agence internationale Studios Architecture aborde chaque projet en appréhendant les défis actuels et futurs, qu’ils soient écologiques, urbains ou sociaux. Elle apporte son expertise en plaçant l’humain au centre de la réflexion et des échanges. Focus sur un ADN et une méthode.

Lapproche collaborative, voilà l’ADN que Studios porte dans son nom même, « atelier » en français. Cette agence d’architecture a été fondée en 1985 à San Francisco par cinq associés qui se sont alors organisés en collectif, « à l’opposé du “star system” que nous connaissons en France, avec un nom et une signature », développe Sophie Henley Price, associée senior de l’antenne parisienne créée en 1992 et qui compte aujourd’hui 70 collaborateurs de 23 nationalités différentes. Cette approche, l’agence la décline tant en interne qu’avec l’ensemble des parties prenantes d’un projet, et en particulier ses clients. « Le collectif, l’ouverture et la capacité à écouter l’autre nous font dire que les solutions apportées au projet seront plus riches et pertinentes », continue-t-elle. La compréhension des utilisateurs nourrit leur façon de concevoir un bâtiment. Celui-ci, dans la philosophie de Studios, s’il représente une façade, relève tout autant d’un usage.

Outside/inside

Autre spécificité de l’agence internationale : elle travaille le « outside » autant que le « inside », portant une vision holistique du bâti avec la conviction que l’architecture et l’architecture intérieure sont d’importance égale pour créer des espaces qui répondent aux usagers. L’agence a ainsi grandi d’abord aux États-Unis, dans la Silicon Valley, avec les pionniers de la Tech (Apple, Silicon Graphics, Marconi…) qui bouleversaient les façons de vivre et de travailler. En plus de l’architecture des bâtiments eux-mêmes, Studios a fait en sorte que l’espace intérieur devienne une ressource stratégique au service de la créativité et de l’innovation, capable de répondre en termes de flexibilité à leur croissance et d’attirer les talents. Une expertise qui met l’humain au centre de la réflexion de l’agence, avec pour objectif de bâtir des lieux de vie inclusifs.

L’agence s’implante en France afin d’y suivre le développement de ses clients. Elle commence avec des projets utilisateurs. Le Palais Bleu, porte Maillot (2008), pour le groupe Louis Dreyfus, est la première restructuration importante et une des premières rénovations certifiées HQE à Paris… Studios devient aussi l’agence locale de Gehry Partners en France pour mener à bien les projets complexes de la Fondation Louis Vuitton (Paris) et récemment de la Fondation Luma (Arles).

Workplace

Historiquement, l’antenne française reste axée sur les espaces tertiaires, le « workplace », une expertise que l’architecte et consultante Alexandra Villegas a développée à partir d’une interrogation : « Comment est-ce que l’on utilise ce levier que représente l’espace pour aider les entreprises à se transformer ? » Ou autrement dit, comment soutenir l’innovation dans un monde tertiaire bousculé par le digital, la mobilité et les attentes fortes en matière de services ? Comment l’architecture peut-elle incarner les valeurs de l’entreprise ?

Afin de créer des projets qui répondent à ces interrogations, Alexandra Villegas a mis en place une méthodologie top down/bottom up : « Celle-ci consiste à établir une vision à cinq ou dix ans. Observer et analyser comment les gens travaillent. Ensuite, nous cherchons à combler le “gap” entre l’état aujourd’hui et celui que vise la direction dans dix ans. Nous sommes là pour établir cette migration à la fois spatialement et avec un accompagnement au changement afin de faire converger les mentalités vers ce futur. » Des outils tels que des interviewes, journées d’observation, questionnaires, sondages, groupes de travail, etc., permettent d’établir un brief architectural. L’architecte développe ensuite son projet en fonction de sa propre sensibilité et de l’ADN de l’utilisateur. Sophie Henley Price ajoute à ce propos : « Nous trouvons le travail bien fait quand notre patte est invisible. » Pour l’agence, le point commun des projets ne se situe pas dans l’esthétique, mais dans les usages. 

Adobe

Les entreprises de la Tech pour lesquelles Studios travaillent en France – Google, Airbnb, Microsoft, Adobe – « se situent dans le futur, elles innovent en permanence », tient à souligner Alexandra Villegas. L’agence se confronte aux attentes de leurs jeunes collaborateurs : travailler de manière nomade, services (qualité de la restauration, fitness, rooftop, jardin, salle de musique, salle pour l’allaitement…), environnement et bien-être. L’intégration du bâtiment dans l’écosystème du quartier est aussi fondamentale. Autant de critères auxquels répond le siège d’Adobe France, à Paris, récemment inauguré. 

Au cœur du projet qui développe 6  000 m2 et vise à réunir trois entités totalisant 500 collaborateurs, un marqueur identitaire fort : la créativité, une spécificité de ce pionnier de la créativité numérique. Pour fédérer la communauté des « Adobiens » et l’ancrer dans la culture parisienne, des ateliers d’accompagnement au changement ont été mis en place. Un concours de photos a aussi été organisé avec pour thématique la capitale. Les œuvres décorent aujourd’hui les murs des espaces café.

Avec ce projet, Studios a cassé les codes du bureau en basant sa réflexion non pas sur la typologie des espaces de travail, mais sur la typologie « neurologique » des usages. Ont été pris en compte les besoins de calme et de concentration ou, à l’opposé, de travail collectif, la variation de ces besoins dans le temps, la question de l’accès à la lumière, la vue sur le ciel et les espaces extérieurs, l’importance des espaces créateurs de liens. De nombreuses destinations au sein du bâtiment obligent les collaborateurs à bouger et à se rencontrer. En mode coconstructif, chaque étage a été conçu différemment selon les besoins de chaque équipe.

« Le bureau va complètement changer dans ce qu’il doit apporter aux occupants. Il va être beaucoup plus serviciel, ouvert. Avec le télétravail qui se généralise, il devient une destination sociale », analyse Alexandra Villegas. Et Sophie Henley Price de conclure : « La question de l’adhésion à l’entreprise s’impose, et plus largement celle du télétravail. L’espace est un enjeu important. Il ne peut se faire qu’étayé par la conviction de l’utilisateur. » Et l’implication de ce dernier pour faire en sorte qu’aujourd’hui, post-Covid, le bureau soit mieux qu’à la maison.  

© Cyril Marcilhacy
© Cyril Marcilhacy
© Cyril Marcilhacy
© Cyril Marcilhacy
© Cyril Marcilhacy

Article issu du numéro 188 de Business Immo Global.

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