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De Prisunic à Monoprix, 70 ans de tradition design

L’exposition « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française » vient d’ouvrir ses portes au musée des Arts décoratifs (MAD), à Paris. Une mise en lumière qui fait grand bruit. À travers des collaborations médiatisées, mais pas seulement, les deux enseignes s’engagent depuis des décennies pour un quotidien pratique mais aussi esthétique et surtout accessible. Retour sur presque 70 ans de tradition design.

Friedemann Hauss, Affiche publicitaire Été 70 Prisunic, 1970. Papier, sérigraphie. Photo : © MAD, Paris / Christophe Dellière

« Le beau au prix du laid ». C’est avec ce slogan devenu culte que Denise Fayolle, alors directrice du bureau de style Prisunic, insuffle entre 1957 et 1967 une vent de créativité en général et de design en particulier dans l’ADN de l’enseigne de grande distribution. Point de départ d’une politique globale de démocratisation du mobilier, de l’objet et de l’habillement.

 

Un positionnement novateur pour l’époque… toujours autant d’actualité

Disruptif, innovant, singulier… nombreux sont les qualificatifs pour cette enseigne qui occupe une place de choix dans le cœur des villes, mais également dans le quotidien de ses clients, un quotidien qu’elle souhaite leur rendre plus beau. C’est cette philosophie qui n’a, dès lors, cessé de se nourrir d’une communication graphique et colorée aux messages forts et assumés, mais aussi de collaborations avec des designers pointus et souvent reconnus internationalement. À travers ces dernières, Prisunic fait entrer des objets du quotidien revisités dans l’intérieur du grand public. Tabourets, petits mobiliers, art de la table, luminaires et prêt-à-porter de grands designers viennent ainsi embellir le quotidien des consommateurs et ce, à petits prix.

Pour pousser plus loin la démarche, l’enseigne organise en 1970 un concours en partenariat avec Shell et le Centre de création industrielle. L’objectif ? Encourager la création de meubles tout en développant la recherche autour de la mousse de polyuréthane, un matériau résistant permettant une fabrication bon marché, coloré et modulable.

Ionna Vautrin, Vase en céramique, 2021. Photo : © Eugénia Sierko / Monoprix

En 1997, Prisunic fusionne avec Monoprix. Fort de cet héritage, ce dernier réaffirme « le plaisir de vivre à la française » et pérennise l’idée d’un design accessible… Un concept qui retentit bien au-delà des magasins de l’enseigne. En effet, outre marquer les esprits, les collaborations s’enchaînent et se révèlent être de véritables succès… Ainsi depuis presque 70 ans, une soixantaine de collaborations ont vu le jour. Terence Conran, Marc Held, India Mahdavi, Constance Guisset ou encore Ionna Vautrin, mais aussi des graphistes, photographes et illustrateurs parmi les plus créatifs de leur époque, ont ainsi sublimé les objets du quotidien tout en les mettant à la portée du grand public. Avec des matériaux colorés en métal et polyester moulé, les designers réalisent ainsi un mobilier simple, accessible et fonctionnel faisant de certaines créations des pièces iconiques du design des années 1970.

Aujourd’hui, Monoprix donne une autre dimension à ces collaborations. En effet, outre l’esthétique et l’utilité, la façon de faire fait partie intégrante de la démarche. Un engagement de démocratiser, certes, mais de faire mieux aussi. Techniques ancestrales et savoir-faire artisanal sont régulièrement mis en lumière dans ces collections capsules qui font, par ailleurs, appel à l’entreprise sociale de femmes en Inde Créative Handicrafts pour la réalisation d’un nombre croissant de pièces.

 

Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française

À travers cette rétrospective, c’est cette histoire du « design pour tous » que le musée des Arts décoratifs a souhaité mettre en lumière. Jusqu’au 15 mai 2022, le MAD consacre ainsi pour la première fois une exposition à l’univers de la grande distribution et fait revivre une aventure créative et graphique qui a marqué l’histoire du design en France. Exposant les grands succès des collaborations par Prisunic puis Monoprix, l’évènement réunit plus de 500 œuvres, mobilier, objets et affiches publicitaires.

Jacques Tissinier, Tables, tabouret et banc, 1973.
Fabrication Émaillerie Neuhaus. Acier, hêtre émaillé. Photo © MAD, Paris / Jean Tholance © Adagp, Paris, 2021

C’est à l’architecte et designer India Mahdavi qu’a été confiée la scénographie de l’exposition, mix de design et de codes de la grande distribution. Armoires réfrigérées, espaces caisses ou chambre à coucher, salon ou cuisine mettent ainsi en scène, entre autres, les créations de Jacques Tissinier, Vincent Darré, Château Rouge, Hussein Chalayan ou encore Rosapark ou DDB côté affiches publicitaires. Insérés aux collections permanentes, les tableaux replacent les pièces dans un quotidien familier, des années 1970 à nos jours. Sur six étages, le visiteur déambule entre les pièces emblématiques des collections du MAD et les scénographies des deux enseignes, identifiées par l’orange ou le rose des néons qui les éclairent.
En marge de cette exposition, Monoprix a souhaité rééditer certaines créations phare, disponibles à la vente à la boutique éphémère du 5 rue Saint-Merri, dans les magasins de l’enseigne et en ligne… de quoi rester fidèle à la tradition d’un design accessible à tous.

 

Photos : sauf mention contraire : © Christophe Dellière